Parcourezune large sĂ©lection de face mask fruits and vegetables et de protections pour le visage en diffĂ©rents tissus et modĂšles, créée par une communautĂ© de petits entrepreneurs. Vouspourrez imprimer en bas de cet article un calendrier sur une seule page – trĂšs pratique, imprimez-le en format A3 ! – regroupant toutes les saisons. Vous trouverez ci-dessous un calendrier qui regroupe les fruits et les lĂ©gumes classĂ©s par mois, sur une seule page. Imprimez-le au format A3, il sera plus lisible : Legiraumon est 1,2 fois plus riche en carotĂ©noĂŻdes que la carotte. AoĂ»t Avril Abricot pĂ©yi CaĂŻmite ChadĂšque Fruit Ă  pain Mandarine Orange Pamplemousse Prune de cythĂšre Topinambour Abricot pĂ©yi CaĂŻmite ChadĂšque Corossol Mandarine Orange Pamplemousse Prune de cythĂšre Corossol Mandarine Pomme cajou Vay Tiền Nhanh Chỉ Cáș§n Cmnd. Livraison Ă  domicile de lĂ©gumes frais de qualitĂ© Fruits de la terre est en toute saison, le spĂ©cialiste des lĂ©gumes frais de 1er choix. Tous nos lĂ©gumes classiques, lĂ©gumes anciens, aromates, herbes aromatiques et champignons nous sont livrĂ©s chaque semaine auprĂšs de nos partenaires producteurs avec qui nous travaillons en direct. Acheter en ligne vos lĂ©gumes frais et soyer livrĂ© sur lille ou partout en france. 1Comment la Martinique peut-elle valoriser ses produits biologiques sur le marchĂ© local ou Ă  l’exportation ? En fonction de la taille et des caractĂ©ristiques de ces marchĂ©s, quelles sont les orientations de dĂ©veloppement souhaitables pour la production agricole biologique en Martinique ? 2Nous avons examinĂ© au chapitre premier le contexte gĂ©nĂ©ral du marchĂ© des produits biologiques dans lequel les producteurs bio martiniquais doivent se positionner. 3Le marchĂ© local martiniquais est le dĂ©bouchĂ© Ă  la fois le plus proche et aisĂ© Ă  atteindre pour les producteurs. C’est le premier Ă  exploiter dans une perspective de dĂ©veloppement territorial Vendre des produits alimentaires martiniquais de qualitĂ© comme les produits Bio contribue en effet Ă  reconstituer un lien entre agriculture et alimentation sur l’üle, et Ă  valoriser l’image de l’agriculture auprĂšs de ses habitants comme des touristes. 4Les produits de l’agriculture biologique certifiĂ©s AB peuvent y trouver leur place dans les circuits courts ou longs grandes et moyennes surfaces..., et les producteurs peuvent Ă©galement dĂ©velopper d’autres formes de certification, notamment la certification par groupes », soutenue par l’Ifoam voir chapitre premier. 5Ces formes de certification nĂ©cessitent Ă©galement de la rigueur et de la transparence, ainsi qu’un engagement fort des producteurs, mais elles reposent sur des ressorts diffĂ©rents, notamment le lien direct avec les consommateurs pour la certification participative. Sur d’autres bases, elles assurent aussi le consommateur du caractĂšre biologique » du produit, mais ne permettent pas en France d’utiliser le logo AB ou le logo europĂ©en. 6À l’exportation, seuls les produits certifiĂ©s par un organisme certificateur agréé par le pays importateur peuvent trouver des dĂ©bouchĂ©s. Le contexte de croissance soutenue du marchĂ© des produits d’AB certifiĂ©e depuis plus de dix ans, que tous les auteurs s’accordent Ă  considĂ©rer comme stable et dĂ©passant l’effet de mode, est un atout certain. Pour la Martinique, cet atout doit ĂȘtre relativisĂ© pour deux raisons Les coĂ»ts de main-d’Ɠuvre sont plus Ă©levĂ©s en Martinique que dans les pays aux caractĂ©ristiques climatiques comparables produisant les mĂȘmes produits. Le dĂ©veloppement des marchĂ©s dans les pays dĂ©veloppĂ©s connaĂźt des pĂ©riodes de ralentissement, de fluctuations sur certains produits. Ces fluctuations se traduisent par des variations de prix aux producteurs Ă  la baisse voir chapitre premier. Celles-ci sont d’autant plus prĂ©judiciables aux producteurs que leur systĂšme de production agrobiologique n’est pas encore bien Ă©tabli dans les premiĂšres annĂ©es suivant la conversion voir chapitres 4 et 5. 7Le dĂ©veloppement de l’agriculture biologique s’apparente aux diffĂ©rentes dĂ©marches de diversification agricole entreprises ces trente derniĂšres annĂ©es en Martinique. Les enseignements de ces expĂ©riences, capitalisĂ©es par la recherche, peuvent Ă©clairer les voies pour le dĂ©veloppement de la production biologique Ă  l’exportation 8S’agissant des deux grandes productions de la Martinique, nous examinons les opportunitĂ©s de marchĂ© pour la banane Bio Ă  l’exportation et pour le sucre Bio 9Enfin, une analyse de l’image de la Martinique au travers des Ă©tiquettes de produits alimentaires permet d’apprĂ©cier les Ă©lĂ©ments de cohĂ©rence entre cette image dĂ©veloppĂ©e autour du tourisme et le concept de produits biologiques. 10L’ensemble de ces contributions autorise Ă  tirer quelques conclusions sur les possibilitĂ©s de marchĂ© pour les produits biologiques Ă  la Martinique. ReconquĂȘte des marchĂ©s par les produits locaux la place des produits biologiques1 1 RĂ©dacteurs Martine François, Christian Langlais et Bertil Sylvander. 11Pour le producteur, produire de façon biologique ne suffit pas. Pour que la production Bio se dĂ©veloppe, encore faut-il qu’il soit en mesure de commercialiser ses produits Ă  un prix rĂ©munĂ©rateur par rapport Ă  ses conditions de production. 12Le dĂ©veloppement de la production biologique en Martinique doit ĂȘtre conçu en relation avec celui des marchĂ©s pour les produits, et des filiĂšres de commercialisation. 13Pour cela, il est tout d’abord nĂ©cessaire de situer les produits biologiques dans leur univers concurrentiel. Les produits biologiques sont intĂ©grĂ©s dans un univers de produits » rĂ©pondant Ă  des attentes nouvelles des consommateurs, liĂ©es au dĂ©sir d’une alimentation saine, de la protection de l’environnement, de relocalisation ou reterritorialisation » de l’alimentation, et d’équitĂ© sociale. Mais d’autres types de produits, les produits fermiers », produits du pays », produits vendus directement par les agriculteurs, produits d’agriculture raisonnĂ©e, peuvent aussi y rĂ©pondre, au moins en partie. Pour les dĂ©cideurs, rĂ©pondre Ă  ces attentes des consommateurs signifie dĂ©velopper, en synergie, les diffĂ©rentes formes affĂ©rentes d’agriculture, parmi lesquelles l’agriculture biologique. 14En ce qui concerne le secteur des produits biologiques, on examine donc d’abord leur position concurrentielle. Cela permet de dĂ©finir les crĂ©neaux/ cibles de marchĂ© oĂč les produits biologiques sont le plus susceptibles d’avoir un avantage comparatif. 15Le marchĂ© local peut ĂȘtre le premier dĂ©bouchĂ© de la production locale biologique sa taille demeure rĂ©duite, mais il est facilement accessible aux producteurs locaux, y compris aux petits producteurs individuels. 16La question Ă  rĂ©soudre ensuite est relative au potentiel de ce marchĂ© local pour la production biologique martiniquaise. Qui sont les consommateurs ? Comment les produits biologiques se positionnent par rapport Ă  d’autres produits alimentaires substituables ? Quels sont les produits susceptibles d’ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s ? Par quelles filiĂšres de commercialisation ? Avec quelle promotion pour les produits ? 17Dans ce contexte, quelle forme de certification doit donc ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e pour les produits biologiques ? On examinera en particulier deux formes de certification en premier lieu, la certification officielle au sens du rĂšglement europĂ©en, par un organisme certificateur agréé, ouvrant les portes de l’exportation aux produits, et en second lieu la certification participative », forme de certification rigoureuse basĂ©e sur une organisation au niveau du territoire et un contrĂŽle social par les diffĂ©rents acteurs des filiĂšres producteurs, transformateurs, consommateurs. 18Enfin, nous dresserons des perspectives par produit. Nouvelles attentes des consommateurs » la place des produits biologiques 19Les produits biologiques s’intĂšgrent dans un univers de produits alimentaires, rĂ©pondant Ă  de nouvelles attentes » des consommateurs. Pour rĂ©pondre Ă  ces nouvelles attentes », ils peuvent faire appel Ă  plusieurs catĂ©gories de produits de qualitĂ© spĂ©cifique, plus ou moins substituables entre eux. 20En Europe, en France, dans les pays dĂ©veloppĂ©s, dans les capitales des pays en dĂ©veloppement, les tendances lourdes d’évolution de l’alimentation vont vers une industrialisation de l’alimentation, une diminution de la part du revenu consacrĂ© Ă  l’alimentation, une part croissante des achats effectuĂ©s en grande et moyenne surface, et une diminution du temps consacrĂ© Ă  la cuisine et Ă  la prĂ©paration des repas Poulain, 2002a ; Monceau et al., 2002. On constate aussi, sur une partie des consommateurs, dans certaines occasions, pour certains produits, un faisceau de nouvelles attentes » qui peuvent aller Ă  l’encontre de ces tendances lourdes, mais qui concernent des parts de marchĂ© rĂ©duites niches de marchĂ©. 21L’attention croissante portĂ©e Ă  la santĂ© Monceau et al., 2002 ; Lahlou, 1998 ; Poulain, 2002b, Ă  l’environnement, Ă  la gastronomie, peut se traduire en France Ă  la fois par l’achat d’alicaments, de produits santĂ© forme », de produits de terroir, de produits de qualitĂ© supĂ©rieure », de produits biologiques, de produits diĂ©tĂ©tiques. Ces tendances ne concernent pas forcĂ©ment les mĂȘmes consommateurs ni les mĂȘmes segments de marchĂ©, mais certains de ces produits sont partiellement substituables entre eux. 22Plusieurs courants apparaissent aussi, tendant Ă  favoriser un lien entre consommation alimentaire et dĂ©veloppement agricole durable. Tant les idĂ©es relatives Ă  la consommation citoyenne » Alternatives Ă©conomiques, 2003 que les produits du commerce Ă©quitable » se diffusent Ă©galement en Europe et aux États-Unis Price Waterhouse, 2002. Les parts de marchĂ© des produits correspondants sont encore modestes, mais leur croissance se poursuit depuis plusieurs annĂ©es, et dans tous les pays, qu’ils soient dĂ©veloppĂ©s ou en voie de dĂ©veloppement. 23Les produits biologiques sont au confluent de ces nouvelles tendances, car ils rĂ©pondent, au moins en partie, Ă  toutes ces nouvelles attentes ». Il faut voir lĂ  un des facteurs du dĂ©veloppement rapide des marchĂ©s des produits biologiques ces derniĂšres annĂ©es. 1 12 % des Français achĂštent des produits fermiers pendant les vacances contre moins de 5 % au ... 24Cette propension Ă  consommer ces produits peut concerner soit une grande variĂ©tĂ© de catĂ©gories socioprofessionnelles, dans le cadre de repas festifs ou de vacances cas des produits fermiers1 François et al., 1995, ou la consommation de quelques produits, en permanence cas des produits biologiques en France, ou des produits du commerce Ă©quitable, ou encore une consommation rĂ©guliĂšre, pour certaines catĂ©gories de consommateurs. Les parts de marchĂ© de ces produits restent modestes, mĂȘme si leur consommation occasionnelle est trĂšs rĂ©pandue dans la population française. Tableau Attentes des consommateurs Une alimentation saine pour amĂ©liorer ou prĂ©server sa santĂ© 25Tous les sondages et Ă©tudes rĂ©alisĂ©s en France depuis dix ans montrent que le facteur santĂ© » est important pour le consommateur de produits biologiques Le Floch-Wadel et Sylvander, 2000 ; Sylvander, 2000 ; CREDOC, 2001 ; CSA pour Agence Bio 2003. En 2003, 90 % des consommateurs de produits biologiques dĂ©clarent que prĂ©server leur santĂ© » est une raison de consommer des produits biologiques CSA pour Agence Bio, 2003. 26Si les consommateurs recherchent les produits biologiques essentiellement pour leur caractĂšre sain et naturel, il est nĂ©cessaire de rappeler que le cahier des charges europĂ©en de l’agriculture biologique suppose une obligation de moyens, mais non une obligation de rĂ©sultats pour le producteur. Le fait de ne pas utiliser d’engrais chimiques ni de produits phytosanitaires de synthĂšse n’assure pas que les produits en soient exempts, en particulier du fait de pollutions. Il y a donc un dĂ©calage potentiel entre ce que les consommateurs attendent du produit biologique dans cette perspective, et la rĂ©alitĂ© de ce qu’offre le produit. Des recherches sont en cours pour Ă©valuer dans quelle mesure le consommateur est susceptible de comprendre ces nuances. 27Les travaux de recherche portant sur les diffĂ©rences entre produits biologiques et produits de diffĂ©rents systĂšmes d’agriculture conventionnelle sont peu nombreux, et le sujet en lui-mĂȘme comporte une difficultĂ© mĂ©thodologique importante, du fait de la diversitĂ© des systĂšmes de production, en agriculture conventionnelle comme en agriculture biologique. 28L’expertise rĂ©alisĂ©e par l’AFSAA en 2003 conclut d’abord Ă  une faiblesse du nombre des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es et Ă  leur disparitĂ© AFSAA, 2003. 29Les produits d’agriculture biologique peuvent prĂ©senter des avantages nutritionnels teneur en vitamine C pour les pommes de terre, minĂ©raux, vitamines et fibres pour les cĂ©rĂ©ales, fer et magnĂ©sium pour les lĂ©gumes, polyphĂ©nols pour les lĂ©gumes et les vins, diffĂ©rences de profil en acides gras pour les viandes, mais ils demeurent faibles. 30Il en est de mĂȘme en matiĂšre de qualitĂ© sanitaire. Certains produits d’AB prĂ©senteraient un risque thĂ©orique en mycotoxines pommes, contrebalancĂ© par la fraĂźcheur des produits. Les taux de rĂ©sidus en pesticides sont infĂ©rieurs pour les produits d’AB mais certains produits autorisĂ©s en AB produits naturels complexes nĂ©cessitent une homologation, de mĂȘme que certains produits vĂ©tĂ©rinaires autorisĂ©s en AB requiĂšrent une Ă©valuation toxicologique. La teneur des produits en nitrates et le risque d’ESB sont plus faibles pour les produits d’agriculture biologique. 31Si la consommation de produits biologiques se traduit par un lien entre alimentation et santĂ© dĂ» aux caractĂ©ristiques propres des produits, celui-ci est faible selon l’expertise de l’AFSSA car la diffĂ©rence qualitative sur les produits demeure minime au regard de la ration alimentaire. 32Cependant, le fait de consommer des produits biologiques peut s’accompagner chez les consommateurs d’une modification du rĂ©gime et des habitudes alimentaires, qui pourrait avoir une influence sur la santĂ©. Certains rĂ©sultats de recherche tendraient Ă  le montrer, mais les scientifiques ne s’accordent pas sur leur portĂ©e. De son cĂŽtĂ©, l’expertise de l’AFSAA signale l’intĂ©rĂȘt de cette question mais constate que les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques font dĂ©faut pour conclure. Une alimentation liĂ©e au terroir, au territoire, Ă  l’identitĂ© alimentaire 33Dans ses principes voir chapitre premier, l’agriculture biologique recherche une cohĂ©rence entre le micro-territoire de l’exploitation, et plus largement son terroir, et les productions. Cela peut se traduire par l’utilisation de races locales pour les animaux cochon crĂ©ole, mouton martinik, bƓuf
 dans le cas de la Martinique, le dĂ©veloppement de cultures liĂ©es au terroir pour les productions vĂ©gĂ©tales dachine, chou chinois, christophine, etc., voire l’utilisation de variĂ©tĂ©s anciennes. La nĂ©cessitĂ© de cultiver des variĂ©tĂ©s rĂ©sistantes aux maladies amĂšne Ă  utiliser des variĂ©tĂ©s rustiques adaptĂ©es au terroir ; enfin, la diversitĂ© est nĂ©cessaire dans les cultures pour tenir compte des rotations incontournables en agriculture biologique. Dans le cas de la Martinique, cela ne peut manquer d’évoquer la diversitĂ© des cultures en jardin crĂ©ole et leur lien avec le patrimoine culinaire antillais voir chapitre Ces facteurs impliquent une rencontre entre les consommateurs Ă  la recherche de leurs racines alimentaires » et les producteurs en agriculture biologique. 34Toutefois, pour rĂ©pondre Ă  ces mĂȘmes attentes, d’autres catĂ©gories de produits peuvent aussi ĂȘtre prises en compte. 35Ainsi en est-il du produit fermier » qui dĂ©signe un produit Ă©laborĂ© par l’agriculteur sur son exploitation, transformĂ© sous sa responsabilitĂ©, avec des ingrĂ©dients issus de l’exploitation. Aujourd’hui, il n’y a pas de dĂ©finition officielle de cette dĂ©nomination, mĂȘme si elle est prĂ©vue par la loi d’orientation agricole du 9 juillet 1999. Seuls quelques secteurs de production peuvent utiliser le terme fermier » selon des conditions prĂ©cisĂ©es par des lois diffĂ©rentes en fonction des produits Moinet, 2002. 36Dans le secteur des fromages, l’étiquetage peut comporter le terme fermier » si le fromage est fabriquĂ© selon des techniques traditionnelles par un agriculteur ne transformant que le lait de sa production dĂ©cret 88-1206 du 37Dans le secteur des volailles, seules celles qui bĂ©nĂ©ficient d’un label rouge, d’une AOC, d’une certification de conformitĂ© ou de la mention agriculture biologique » peuvent ĂȘtre qualifiĂ©es de fermiĂšres » quand leur Ă©levage respecte des conditions techniques contrĂŽlĂ©es selon le rĂšglement CEE 1906/90 du et 1534/91 du Ces exigences ne s’appliquent pas dans le cadre de la vente directe au consommateur final. 38Le qualificatif fermier n’implique pas obligatoirement une qualitĂ© supĂ©rieure, mĂȘme s’il le laisse supposer. Il n’implique pas davantage un mode de commercialisation. Le produit fermier est souvent vendu par l’agriculteur, mais il peut tout aussi bien ĂȘtre vendu dans un restaurant, par correspondance ou en grande surface. 39Les produits fermiers reprĂ©sentaient en 1989 3,3 % du budget alimentaire des mĂ©nages français Sylvander, 1989, soit un marchĂ© de 13 milliards de francs. En 1994, les mĂȘmes auteurs estiment ce marchĂ© Ă  19 milliards. La croissance de ce marchĂ© est rĂ©elle. Par ailleurs, les Ă©tudes montrent que les Français, comparativement aux autres EuropĂ©ens, sont trĂšs demandeurs de produits fermiers » pendant leurs vacances Sylvander, 1989. La question de la quantification de la part de la vente directe et de la transformation Ă  la ferme a Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e au dernier recensement agricole. 2 DAF communication dans le cadre de l’expertise collĂ©giale. 40En Martinique, 105 exploitations dĂ©clarent transformer les produits de la ferme pour la vente viandes, confitures, liqueurs, etc. Agreste Martinique, 2002. Il est probable que l’ensemble des producteurs ayant recours Ă  ces formes de vente ne les dĂ©clare pas, car certains d’entre eux opĂšrent de façon informelle. En particulier, 30 Ă  40 % des abattages ne seraient pas effectuĂ©s en abattoir2, des structures d’abattage faisant dĂ©faut. En outre, 5073 exploitations en Martinique dĂ©clarent vendre directement des produits agricoles Agreste Martinique, 2002. 41Pour rĂ©pondre Ă  ces attentes, Ă©manant tant des touristes Ă  la recherche de souvenirs savoureux de leurs vacances que de la population de l’üle, la Martinique peut chercher Ă  encourager les producteurs fermiers. 42Dans cet esprit, il faut savoir que les produits d’appellation d’origine contrĂŽlĂ©e dĂ©signent ceux dont les caractĂ©ristiques sont liĂ©es Ă  leur terroir d’origine. 113 000 exploitations agricoles concernĂ©es en France mĂ©tropolitaine trouvent ainsi une meilleure valorisation de leur produit agricole Lagrange et Trognon, 1997. Le secteur des Appellations d’Origine ProtĂ©gĂ©e AOP dans le secteur laitier vaut 2 millions d’euros en 2000, les fromages en AOP commençant Ă  toucher des consommateurs europĂ©ens en dehors de France Europe du Nord. Les autres produits produits vĂ©gĂ©taux comme la lentille du Berry, huile d’olive de Nyons... reprĂ©sentent 0,15 million d’euros. Le secteur leader, pionnier en matiĂšre d’appellations d’origine, est celui des vins et spiritueux. La Martinique est dĂ©jĂ  prĂ©sente sur ce secteur avec la reconnaissance en appellation d’origine du rhum de la Martinique. 43Ces marchĂ©s sont eux aussi en croissance, laquelle peut ĂȘtre attribuĂ©e Ă  la fois Ă  l’engouement croissant des consommateurs pour ce type de produits, mais aussi Ă  l’augmentation du nombre des produits qui demandent et obtiennent leur reconnaissance en appellation d’origine. L’utilisation de ces signes de qualitĂ© peut avoir une influence dĂ©terminante sur le dĂ©veloppement agricole d’une rĂ©gion, particuliĂšrement dans le cas de rĂ©gions agricoles dĂ©favorisĂ©es Ricard, 1994. La reconnaissance de la spĂ©cificitĂ© des produits liĂ©s Ă  leur terroir » est reconnue par la France, dans le cadre de l’Union europĂ©enne rĂšglement 2082/91, et dans celui de l’OMC accords ADPIC. 44La Martinique peut aussi faire en sorte que certains produits porteurs de l’identitĂ© crĂ©ole soient reconnus en appellation d’origine protĂ©gĂ©e. 45De façon plus gĂ©nĂ©rale, la Martinique est riche d’un patrimoine gastronomique et culinaire tout Ă  fait particulier, porteur de l’identitĂ© crĂ©ole CNAC, pour Conseil des arts culinaires, 1997. Tant pour les mĂ©nages antillais qui cherchent une alimentation reflĂ©tant leur terroir que pour les touristes qui sont Ă  la recherche des spĂ©cialitĂ©s typiques du pays », mais aussi pour la population Ă©migrĂ©e, conservant au moins en partie mĂȘme en Ă©migration ses habitudes alimentaires antillaises Garrabuau-Moussaoui et al., 2002, ce patrimoine culinaire peut participer d’une relocalisation de l’alimentation ». 46Le patrimoine gastronomique repose sur une sĂ©rie d’ingrĂ©dients particuliers, dont certains peuvent ĂȘtre produits localement, et font partie des jardins crĂ©oles traditionnels giraumon, christophine, dachine
. Aujourd’hui, ces ingrĂ©dients sont produits localement, mais pas seulement dans les jardins crĂ©oles. Cependant, l’importation d’autres pays c’est le cas de l’igname provenant du Costa Rica ou du Loiret peut Ă©galement rĂ©pondre Ă  cette demande, sauf si un label particulier produit de la Martinique » est dĂ©veloppĂ©. Ces produits rencontrent les attentes qualitatives » des consommateurs locaux soucieux de se rapprocher de leurs racines alimentaires », mais Ă©galement celles des touristes, tout Ă  la dĂ©couverte du patrimoine gastronomique local. Contribuer Ă  la prĂ©servation de l’environnement par ses achats alimentaires 47Dans leur ensemble, les Ă©tudes menĂ©es en France Sondages Louis-Harris, 1998 ; Taylor Nelson Sofres, 1999 ; TMO, 1997 ; CREDOC, 1999 ; IFEN-INSEE, 1998 ; CSA pour printemps bio, 2001, 2002, 2003 s’accordent pour considĂ©rer que la prĂ©servation de l’environnement n’est pas la principale raison qui conduit les consommateurs français Ă  acheter des produits biologiques. Seuls environ 10 % des consommateurs de produits biologiques citent la prĂ©servation de l’environnement comme Ă©tant la premiĂšre raison d’acheter ces produits. Pour les autres, les deux principales raisons qui interviennent sont le goĂ»t et la santĂ©. Cela ne signifie pas que l’environnement est absent des prĂ©occupations des consommateurs de produits biologiques, mais que ce n’est pas leur premiĂšre raison d’achat. C’est lĂ  une diffĂ©rence importante entre les consommateurs français et les autres consommateurs europĂ©ens, chez lesquels les prĂ©occupations d’environnement sont beaucoup plus prĂ©sentes dans leurs achats de produits biologiques. Les produits biologiques, les produits de l’agriculture raisonnĂ©e, mais aussi les produits fermiers amĂ©nagement du territoire, paysages, races locales
, peuvent rĂ©pondre Ă  cette attente d’environnement de la part des consommateurs. Contribuer Ă  la crĂ©ation d’équitĂ© sociale 48L’équitĂ© sociale, par le biais de rapports commerciaux Ă©quitables entre producteurs agricoles et consommateurs, est prĂ©vue dans les principes de l’agriculture biologique tels que dĂ©finis par l’Ifoam Ifoam, 2000. Il est mentionnĂ© que l’agriculture biologique doit permettre Ă  chaque individu impliquĂ© dans la production et la transformation des produits biologiques une qualitĂ© de vie qui correspond Ă  ses besoins fondamentaux et qui permet d’obtenir un revenu suffisant et une satisfaction de son travail, y compris des conditions saines de travail, en tendant vers une filiĂšre de production, de prĂ©paration et de distribution qui soit Ă  la fois socialement juste et Ă©cologiquement responsable. 49Ces principes gĂ©nĂ©raux, qui ne se prĂȘtent pas Ă  l’organisation de contrĂŽles mais relĂšvent de l’éthique du comportement du producteur comme du consommateur, ne sont pas repris dans les rĂšglements europĂ©ens et français qui dĂ©finissent l’agriculture biologique. 3 50Pourtant, certains consommateurs, notamment les consommateurs militants », accordent une importance primordiale Ă  ce facteur qui est Ă  l’origine de leurs achats de produits biologiques. La chaĂźne Biocoop a dĂ©veloppĂ© son concept de distribution de produits biologiques autour de cette notion de partenariat entre consommateurs et producteurs, et de respect de l’éthique commerciale, et le dĂ©cline, en termes de marketing, par un logo ensemble pour plus de sens », et une charte Ă  laquelle doivent satisfaire les magasins regroupĂ©s sous l’enseigne Biocoop3. 51Ce crĂ©neau est surtout occupĂ© par les produits du commerce Ă©quitable Leroy, 2002, mais la notion de juste rĂ©munĂ©ration du travail du producteur agricole » peut se dĂ©cliner sur toute production. En mĂ©tropole, certains groupes d’agriculteurs, notamment des agriculteurs transformateurs fermiers, rĂ©flĂ©chissent Ă  la dĂ©clinaison de cette notion pour leurs propres produits. Les initiatives d’AMAP Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, associations regroupant des agriculteurs et des consommateurs sur la base d’un engagement d’achat annuel de la part des consommateurs, connaissent actuellement un impact certain, en France comme dans de nombreux autres pays RĂ©seau URGENCI, 2004. Cette volontĂ© de reconstruction du lien social entre producteurs agricoles et consommateurs, autour de l’acte d’achat alimentaire, a fait l’objet de travaux notamment au BrĂ©sil Arl, 2003 ; ByĂ© et al., 2004. La relation directe avec le consommateur, dans ces systĂšmes, confĂšre aux producteurs agricoles un avantage comparatif par rapport aux circuits longs de distribution. 52Les marchĂ©s de ces produits reposent sur des attentes des consommateurs particuliĂšrement complexes, relatives Ă  des valeurs spĂ©cifiques et Ă  une vision de la sociĂ©tĂ©. Se rassurer par rapport Ă  un risque alimentaire spĂ©cifique ESB, chlordĂ©cone 53Le risque alimentaire est aujourd’hui perçu par le consommateur avec plus d’acuitĂ© Aurier et Sirieix, 2004. Les stratĂ©gies des consommateurs pour s’y soustraire, ou non, sont cependant trĂšs variables, et parfois peu durables. Chaque crise de l’ESB a Ă©tĂ© ainsi suivie d’une chute brutale et importante des ventes, mais partiellement compensĂ©e par une reprise. En rĂ©ponse, la stratĂ©gie marketing des entreprises s’inscrit dans la rĂ©assurance » apportĂ©e par la communication sur la traçabilitĂ©, les signes de qualitĂ© ou les marques. 54Les inquiĂ©tudes sanitaires provoquĂ©es par l’ESB en France ont accĂ©lĂ©rĂ© le dĂ©veloppement du marchĂ© des produits biologiques, en particulier celui de la viande, le label Agriculture biologique » apparaissant pour certains comme le refuge le plus sĂ»r par rapport Ă  une inquiĂ©tude alimentaire. Du point de vue de la promotion des produits, la communication dont a fait l’objet la crise de l’ESB s’avĂšre une communication indirecte renforçant l’inquiĂ©tude, et donc favorable au dĂ©veloppement du produit biologique. 55Toutefois, les motivations d’achat, pour les consommateurs de produits biologiques, s’inscrivent dans une logique plus globale d’amĂ©lioration de la qualitĂ© de l’alimentation, voire de la qualitĂ© de la vie, et dĂ©passent le simple fait de se rassurer par rapport Ă  un risque alimentaire rĂ©el ou perçu Barbieux, 2002. 56La dĂ©couverte de la pollution qui affecte l’environnement naturel en Martinique alimente probablement un sentiment de crainte par rapport Ă  la sĂ©curitĂ© alimentaire, et pourrait constituer un terrain favorable pour le dĂ©veloppement du marchĂ© des produits biologiques selon la mĂȘme dynamique que celle qui a prĂ©valu dans les annĂ©es 1990-2000 en lien avec l’ESB. Dans le cas de la Martinique Le Goff, 2004, la demande de traçabilitĂ© s’exprime pour la production de lĂ©gumes. Certains consommateurs recherchent des lĂ©gumes dont la zone de production est susceptible d’ĂȘtre exempte de pollution par exemple, Morne Vert plutĂŽt que Sainte-Marie. 57Le tableau ci-dessous rĂ©pertorie chacune des attentes des consommateurs auxquelles les produits biologiques peuvent rĂ©pondre, ainsi que les principaux types de produits substituables. Tableau – Attentes des consommateurs et produits biologiques affĂ©rents 58Gurviez 2001 montre cependant qu’en matiĂšre alimentaire, ces diffĂ©rentes attentes renvoient au concept de rĂ©assurance » alimentaire Rochefort, 1997, que certains consommateurs considĂšrent de façon globale. Ils associent entre eux des thĂšmes comme la santĂ©, le lien avec une tradition qui se rattache aux notions de terroir, de nature ou d’environnement. Cela s’accompagne d’une demande croissante de sens, d’éthique et de transparence, voire de morale ou de vertu Gurviez, 2001. 59On peut alors constater une trĂšs grande convergence entre l’ensemble de ces attentes des consommateurs prises de façon globale, et les principes de l’agriculture biologique tels qu’énoncĂ©s par l’Ifoam. En ce sens, l’agriculture biologique peut ĂȘtre le fer de lance » pour la reconquĂȘte de la confiance du consommateur par rapport Ă  l’agriculture en gĂ©nĂ©ral. CaractĂ©ristiques des marchĂ©s alimentaires en Martinique quel potentiel pour les produits biologiques ? 60Globalement, 90 % du marchĂ© alimentaire de la Martinique concerne la population de l’üle, et 10 % les touristes. La population locale rĂ©alise plus de 90 % des achats alimentaires en volume sur base du nombre de personnes, tandis que les touristes reprĂ©sentent moins de 10 %. 61Le tableau suivant rĂ©pertorie les effectifs et durĂ©es de prĂ©sence sur l’üle de ses habitants et des touristes. Tableau – Part du marchĂ© de l'alimentation pour les touristes et la population calcul d'aprĂšs donnĂ©es de l'Insee – estimations 4 DurĂ©e moyenne de prĂ©sence. Note44 62L’Insee estimait la population de la Martinique Ă  386 000 habitants en 2001. En 1999, la part de la population dans les quatre plus grandes agglomĂ©rations reprĂ©sentait 58,3 %. Fort-de-France concentrait Ă  elle seule 35,3 % de la population. La majoritĂ© des habitants de l’üle a un mode de vie et des approvisionnements alimentaires urbains. Les circuits d’approvisionnement alimentaire sont les grandes surfaces, boutiques, marchĂ©s, et la restauration hors foyer restaurants
. Selon l’Insee, chaque commune dispose d’un magasin alimentaire ou d’une supĂ©rette, ce qui dĂ©note un approvisionnement alimentaire largement dĂ©pendant des circuits commerciaux. Pour ceux qui disposent d’un jardin ou sont agriculteurs, s’y ajoute l’autoconsommation. L’agriculture emploie 14 % de la population active en 2000 Agreste Martinique, 2002, c’est-Ă -dire largement trois fois plus qu’en mĂ©tropole. Cette population mobilise pour partie les ressources de l’exploitation pour les besoins alimentaires familiaux, dans le cas des petites exploitations agricoles. 63La part des dĂ©penses qui est consacrĂ©e Ă  l’alimentation est plus importante chez les mĂ©nages antillo-guyanais par comparaison avec les mĂ©nages mĂ©tropolitains. L’alimentation reprĂ©sente en effet 26 % des dĂ©penses des mĂ©nages antillo-guyanais en 1995. Ce pourcentage est supĂ©rieur Ă  celui que l’on constate en mĂ©tropole oĂč la part de l’alimentation est infĂ©rieure Ă  20 %. Or, Ă  l’exception des fonctionnaires qui reçoivent un salaire supĂ©rieur, les revenus des salariĂ©s du privĂ© sont Ă©quivalents ou plus faibles qu’en mĂ©tropole voir chapitre Ce facteur n’est pas favorable pour la commercialisation de produits alimentaires plus coĂ»teux. Or, les produits biologiques sont souvent plus chers que leurs Ă©quivalents cultivĂ©s avec les mĂ©thodes d’agriculture conventionnelle voir chapitre 64La commercialisation de produits biologiques martiniquais doit viser en prioritĂ© la population urbaine locale qui reprĂ©sente la plus grande partie du marchĂ© potentiel. Bien que cette population s’approvisionne en produits alimentaires auprĂšs des supermarchĂ©s, hypermarchĂ©s et supĂ©rettes alimentaires, ce circuit n’est pas forcĂ©ment le plus pertinent pour tous les produits biologiques oĂč les marchĂ©s et circuits spĂ©cialisĂ©s tiennent une place importante, garantissant en outre une meilleure valeur ajoutĂ©e au producteur. 65Les produits agricoles de la Martinique tiennent peu de place dans l’alimentation de ses habitants, qui sont donc Ă  la recherche de leurs racines alimentaires ». La consommation alimentaire en Martinique est en effet trĂšs tributaire des importations et fait peu appel aux produits de l’agriculture locale. Ce, Ă  l’exception notable des lĂ©gumes frais oĂč la part des produits locaux atteint 76 % Gallot, 2000. 66Ce constat accrĂ©dite chez certains interlocuteurs martiniquais l’idĂ©e d’une relative perte de maĂźtrise de l’alimentation OrgapĂ©yi », associations de consommateurs, qu’ils chercheraient Ă  compenser par la recherche d’une alimentation davantage liĂ©e au terroir. 67Ces attentes des consommateurs ne sont pas propres Ă  la Martinique, mais concernent la mĂ©tropole, l’Europe et le monde avec des modalitĂ©s diffĂ©rentes selon les rĂ©gions. La perte de repĂšres due Ă  la mondialisation et Ă  l’uniformisation des modes de vie s’exprime de façon particuliĂšrement aiguĂ« en matiĂšre d’alimentation. Elle suscite en retour une recherche d’identitĂ© qui passe par l’alimentation. Ce phĂ©nomĂšne est durable et avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© signalĂ© dans les annĂ©es 1980 par Fischler Fischler, 1990. 5 Est considĂ©rĂ© comme local un produit dont la fabrication est finie localement, quelle que soit l’or ... 68Selon l’Insee Gallot, 2000, en 1995, la couverture des besoins alimentaires par des produits locaux5 s’établit Ă  63 % en Martinique voir tableau Ce chiffre rend compte du dĂ©veloppement constant des industries agro-alimentaires depuis les annĂ©es 1970. Mais les produits agricoles de l’üle y tiennent peu de place, l’essentiel Ă©tant transformĂ© Ă  partir de matiĂšres premiĂšres importĂ©es. Ainsi, la filiĂšre boulangerie pĂątisserie fonctionne Ă  partir d’importations, de mĂȘme qu’en grande partie la filiĂšre laitiĂšre et la filiĂšre des boissons Ă  l’exception notable du rhum et de certains jus de fruits. L’élevage local est tributaire de l’importation de l’alimentation animale. 69L’élevage sur l’üle ne satisfait qu’une part mineure des besoins locaux. D’une part, la production de viande reste faible pour plusieurs raisons, dĂ©taillĂ©es au chapitre 4, notamment le coĂ»t de l’alimentation animale et le manque d’infrastructures d’abattage. D’autre part, la concurrence avec la viande congelĂ©e importĂ©e, vendue beaucoup moins cher que la production locale, limite la taille des marchĂ©s et compromet le dĂ©veloppement d’élevages spĂ©cialisĂ©s. 70Concernant les fruits consommĂ©s, 57 % sont d’origine martiniquaise. Les fruits de la Martinique souffrent de la concurrence avec les importations de la RĂ©publique dominicaine, la Dominique ou Cuba. 71En revanche, les fruits et lĂ©gumes frais, notamment les tomates, salades, concombres, sont en grande partie produits sur place. Pour ces produits, les parts de marchĂ© des producteurs locaux sont de 76 % en Martinique et l’objectif affichĂ© est d’atteindre en la matiĂšre une autosuffisance. Tableau – Taux de couverture des besoins par les produits locaux source Insee Ă  partir des statistiques douaniĂšres 6 AOP Appellation d’origine protĂ©gĂ©e, nouvelle appellation europĂ©enne = AOC appellation d’origin ... 72Ces tendances offrent un marchĂ© aux produits biologiques locaux, mais aussi aux productions martiniquaises en gĂ©nĂ©ral, plus particuliĂšrement celles qui sont du ressort des agriculteurs locaux ADIR, 1994, du terroir AOP, IGP6. 73En d’autres termes, cette dĂ©connexion entre l’alimentation des habitants de l’üle et leur agriculture peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un facteur trĂšs favorable au dĂ©veloppement de produits biologiques locaux, notamment pour les produits biologiques qui incarnent » le lien au terroir et au territoire par exemple, les produits vĂ©gĂ©taux traditionnels. Mais, s’ils sont plus chers, les produits biologiques risquent de souffrir de la concurrence avec les autres productions martiniquaises locales rĂ©pondant Ă  cette mĂȘme attente de relocalisation de l’alimentation » fruits et lĂ©gumes locaux vendus directement mĂȘme s’ils ne sont pas biologiques, autres viandes locales notamment. 74Dans ce contexte, la diffĂ©rence de prix entre produits biologiques et autres produits locaux sera un argument dĂ©terminant pour les consommateurs, et les producteurs biologiques doivent s’attendre Ă  des difficultĂ©s pour vendre leur produit plus cher. Compte tenu des coĂ»ts de production en agriculture biologique, plus Ă©levĂ©s qu’en agriculture conventionnelle en gĂ©nĂ©ral, cette observation renforce la nĂ©cessitĂ© d’une certification crĂ©dible pour le consommateur, le rassurant en quelque sorte quant Ă  la diffĂ©rence de prix. Les touristes des opportunitĂ©s Ă  dĂ©velopper pour certains produits melon, sucre
 75MĂȘme si le marchĂ© alimentaire pour les touristes calculĂ© sur la base des jours de prĂ©sence reprĂ©sente moins de 10 % du marchĂ© alimentaire de l’üle, le marchĂ© touristique peut nĂ©anmoins s’avĂ©rer porteur pour certains produits particuliers, et augmenter la demande locale de façon importante. C’est le cas pour le melon 1500 Ă  2000 tonnes de melon peuvent ĂȘtre Ă©coulĂ©es chaque annĂ©e Ă  des prix Ă©quivalents Ă  ceux de l’exportation au dĂ©part de la Martinique Langlais et Bertin, 1999. 76Pris dans son ensemble, le marchĂ© touristique est en rĂ©gression. Le nombre des touristes diminue depuis 1998 Marques, 2002, oĂč le record d’un million de visiteurs a Ă©tĂ© atteint. Le taux de cette dĂ©croissance » atteint 19 % en 2000. Le tourisme dans son entier, de sĂ©jour hĂŽtels, gĂźtes ruraux, chez l’habitant et de croisiĂšre, est affectĂ©. La clientĂšle française reprĂ©sente 84 % du flux touristique, 93 % si l’on intĂšgre les touristes en provenance des DOM Guadeloupe et Guyane. Plus de 50 % rĂ©sident Ă  l’hĂŽtel, 22 % ont louĂ© des villas et environ 25 % logent en famille ou chez des amis. 77Ces touristes sont en majoritĂ© 45 % ĂągĂ©s de 25 Ă  44 ans, plus de la moitiĂ© ont un revenu entre 2000 et 6000 euros par mois, les cadres et professions libĂ©rales reprĂ©sentent 35 %, les retraitĂ©s 11 %. On constate donc une convergence entre les profils sociodĂ©mographiques des touristes mĂ©tropolitains et ceux des consommateurs de produits biologiques surreprĂ©sentation des cadres et professions libĂ©rales, soit un facteur favorable pour la commercialisation de produits biologiques. Un peu plus de 40 000 personnes sont venues en Martinique pour affaires ou congrĂšs, soit 6 % des touristes en 2001 contre 10 % en 2000. Des prestations de repas biologiques peuvent ĂȘtre proposĂ©es dans le cadre de certains congrĂšs ou manifestations collectives. 78Une partie du marchĂ© alimentaire ayant trait au tourisme est captif. Les croisiĂ©ristes dĂ©pendent de leur opĂ©rateur, les touristes en sĂ©jour en pension complĂšte font avec l’approvisionnement du restaurant de l’hĂŽtel oĂč ils sĂ©journent. Il faudra donc que les opĂ©rateurs de l’agriculture biologique nĂ©gocient avec ces opĂ©rateurs la vente de leurs produits pour dĂ©velopper la consommation des produits Bio auprĂšs de ces cibles de consommateurs. 79Selon une enquĂȘte menĂ©e en 2001 Marques, 2002, les touristes jugent dĂ©favorablement au plus, un tiers s’en dĂ©clare satisfait les prix des prestations hĂŽtellerie et restauration. Cela devrait engager Ă  privilĂ©gier pour les touristes la commercialisation de certains produits Bio particuliers, avec une valorisation de l’origine biologique » des produits par une communication adaptĂ©e. Cette solution est sans doute prĂ©fĂ©rable Ă  celle qui consisterait Ă  promouvoir des prestations de repas biologiques », laquelle augmenterait les coĂ»ts de restauration de façon importante. Par exemple, la commercialisation de sucre biologique de la Martinique » pour le punch pourrait entrer dans cette stratĂ©gie en permettant une bonne valorisation en termes d’image, alors que les quantitĂ©s de produit consommĂ©es sont minimes, ce qui limite l’impact d’une augmentation de prix voir chapitre Au nord de l’üle, des opportunitĂ©s de dĂ©veloppement en lien avec le tourisme vert 80Le marchĂ© liĂ© au tourisme vert en Martinique est pour le moment quantitativement faible, mais des exploitations pratiquant Ă  la fois l’agrotourisme et l’agriculture biologique ou une association entre ces deux types d’exploitations pourraient trouver lĂ  une voie de dĂ©veloppement. Il existe en effet une convergence de valeurs entre l’agriculture biologiques et le respect, la connaissance de l’environnement naturel, que recherchent les clients de ce type de prestations. 81Les exploitations qui pratiquent le tourisme vert » en Martinique sont au nombre de 46 Agreste Martinique, 2002. Vingt-cinq d’entre elles organisent des visites de leur exploitation et six proposent une restauration Ă  la ferme. C’est le nord de l’üle qui offre le plus d’opportunitĂ©s avec 34 sites contre 12 au sud. Par ailleurs, 105 exploitations transforment les produits de la ferme pour la vente viande, confitures, liqueurs
. 7 Communication de Mme Guibot, responsable du PNRM dans le cadre de l’expertise collĂ©giale. 82En outre, de nombreux projets offrent des prestations de dĂ©couverte de l’environnement naturel et de l’agriculture de l’üle, basĂ©es sur un patrimoine naturel et historique trĂšs riche Nosel, 2000. Le Parc national rĂ©gional de Martinique PNRM tend actuellement Ă  dĂ©velopper l’agro-tourisme autour de la valorisation des sites, des produits alimentaires artisanaux, des savoir-faire, et a dĂ©veloppĂ© un label, comme dans les autres parcs rĂ©gionaux7. Pour l’instant, ce label n’est dĂ©clinĂ© par une charte de qualitĂ© que pour le miel et compte quatre adhĂ©rents, qui rencontrent d’ailleurs des problĂšmes de vente. Le patrimoine naturel demeure peu connu et peu valorisĂ© des Martiniquais eux-mĂȘmes. Pourtant, dans la zone CaraĂŻbe, en Guadeloupe, la nature est mentionnĂ©e comme Ă©tant la troisiĂšme raison de visite pour les touristes et offre un espace rĂ©crĂ©atif trĂšs apprĂ©ciĂ© aux habitants Demonio, 2000. 83Le Parc national de Guadeloupe a rĂ©pertoriĂ© les demandes touristiques de ses visiteurs. RapportĂ©es dans le tableau suivant, elles donnent une idĂ©e du potentiel de marchĂ© pour ce type d’écotourisme, pour les produits de l’agriculture biologique locale et pour les produits locaux typiques », biologiques ou non. La population Ă©migrĂ©e et les touristes de retour en mĂ©tropole 84Les touristes ayant visitĂ© la Martinique, comme les natifs du pays en mĂ©tropole, auront tendance Ă  rechercher les produits qui leur rappelleront leur voyage. Ils effectuent des achats alimentaires qu’ils emportent Ă  la fin des vacances pour les offrir produits alimentaires porteurs d’identitĂ©, et qui se conservent, et recherchent, de retour en mĂ©tropole, des produits qui tĂ©moignent des saveurs de leurs escapades. Sur cette base, les chaĂźnes de supermarchĂ©s ont dĂ©veloppĂ© des rayons de produits ethniques ». Pour la Martinique, l’entreprise Royal Fruits valorise l’atout Martinique » en commercialisant ses jus de fruits, accompagnĂ©s d’un environnement » valorisant la Martinique, son paysage, et son image en mĂ©tropole. Compte tenu de l’origine mĂ©tropolitaine de 93 % des touristes, ce marchĂ© est limitĂ© Ă  la mĂ©tropole oĂč rĂ©sident aussi un quart des natifs de Martinique, la majoritĂ© Ă©tant installĂ©e en Île-de-France Marie et QualitĂ©, 2002. La commande publique une opportunitĂ© de dĂ©veloppement pour l’agriculture biologique 85La restauration scolaire et la restauration collective liĂ©e aux entreprises peuvent constituer un marchĂ© significatif pour les produits biologiques Hamm et al., 2002. Plusieurs villes d’Europe dĂ©veloppent des initiatives de restauration Bio » dans les cantines scolaires ou restaurants d’entreprise. La Ville de Vienne en Autriche dĂ©veloppe une politique ambitieuse d’achat de produits biologiques pour les cantines. Cette politique s’intĂšgre dans le cadre d’une politique d’achats publics durables », qui porte par ailleurs sur les Ă©conomies d’énergie
 Plusieurs arrondissements de Paris et de nombreuses communes rurales, surtout dans le sud de la France, proposent des repas biologiques en cantine scolaire. À Lorient, le restaurant universitaire propose mĂȘme chaque jour des repas biologiques Le Goff, 2001. 86Une politique rĂ©solue d’achats publics a pour effet de stimuler la production biologique. Le secteur de la restauration 87Les touristes ont dĂ©pensĂ© 229 millions d’euros en Martinique, dont 15 % concernent le secteur de la restauration. 88Les hĂŽtels avec restaurant sont majoritaires en Martinique. Pour les formes de restauration sans hĂ©bergement, la restauration traditionnelle et la restauration rapide tiennent une place Ă©quivalente Henry, 2000. Plus des trois quarts de l’emploi de la restauration traditionnelle ou rapide sont situĂ©s sur la zone Lamentin – Schoelcher – Fort-de-France. 89Le potentiel des produits biologiques certifiĂ©s pour le secteur de la restauration relĂšve d’une niche de marchĂ© que les producteurs doivent travailler. L’accueil de l’offre Bio par les grands opĂ©rateurs croisiĂšre, catering pour l’aĂ©roport dĂ©pend de leur politique en la matiĂšre. L’offre Bio devra ĂȘtre accompagnĂ©e de communication sur le produit, pour valoriser l’image de l’opĂ©rateur au travers du produit Bio. Sur la base de ce que l’on constate en mĂ©tropole, il est probable que la demande pour les produits Bio en restauration traditionnelle ou rapide sera limitĂ©e voire inexistante, en dehors de restaurant Bio » travaillant exclusivement les produits biologiques. Ce type d’initiative n’a pour l’instant pas vu le jour en Martinique. 90En revanche, les produits locaux typiques » ont un potentiel pour les restaurants accueillant des touristes. Le marchĂ© des produits biologiques aujourd’hui en Martinique 91Il n’existe pas d’étude du marchĂ© des produits biologiques en Martinique. Plusieurs interlocuteurs soulignent l’intĂ©rĂȘt qu’il y aurait Ă  mener une telle Ă©tude dans la perspective du dĂ©veloppement de l’agriculture biologique certifiĂ©e. Distribution des produits biologiques en Martinique 92Les indicateurs dont on dispose pour Ă©valuer le marchĂ© des produits biologiques sont donc partiels et reposent d’abord sur les Ă©valuations que les acteurs des filiĂšres biologiques en Martinique peuvent faire de leur activitĂ©. La sociĂ©tĂ© Diedis spĂ©cialisĂ©e dans l’importation de produits diĂ©tĂ©tiques et biologiques dispose d’un entrepĂŽt et de quatorze magasins en Martinique, qui rĂ©alisent ensemble environ 2 M. d’euros de chiffre d’affaires en produits biologiques CA hors complĂ©ments alimentaires, Ă©galement distribuĂ©s par ces magasins. Les produits commercialisĂ©s dans ses boutiques sont exclusivement des produits importĂ©s, car, malgrĂ© ses efforts, la sociĂ©tĂ© n’a jamais rĂ©ussi Ă  s’approvisionner en produits biologiques frais auprĂšs de producteurs locaux. Quelques tentatives ont Ă©tĂ© faites, mais les producteurs ont prĂ©fĂ©rĂ© retourner Ă  la vente directe. L’hypermarchĂ© HYPER U propose des produits biologiques et constate que ses ventes ont augmentĂ© de 45 % en 2002. Cela est aussi dĂ» au fait que l’offre prĂ©sentĂ©e a augmentĂ© et que des animations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. On constate le mĂȘme phĂ©nomĂšne qu’en mĂ©tropole, Ă  savoir que, lorsque l’offre est prĂ©sente, les consommateurs suivent et augmentent leurs achats de produits biologiques François et al., 2002. Les producteurs d’agriculture biologique certifiĂ©e AB association Bio des Antilles » ont créé un marchĂ© Bio Ă  Saint-Joseph. Les producteurs de l’association OrgapĂ©yi », plus proches de l’AE voir chapitre commercialisent leurs produits en direct sur un marchĂ© itinĂ©rant, et ils viennent de crĂ©er un marchĂ© pour ces produits. L’un des agriculteurs interrogĂ©s dans le cadre du sĂ©minaire de l’expertise collĂ©giale dĂ©clare ne pas vendre les produits plus cher que les produits conventionnels, et connaĂźtre parfois ponctuellement des problĂšmes d’écoulement. Ce problĂšme de surproduction ponctuelle existe aussi dans d’autres contextes. La production biologique Ă©tant plus soumise aux alĂ©as naturels que la production conventionnelle, les producteurs peuvent se trouver par moment avec un excĂ©dent d’offre par rapport Ă  ce que leurs capacitĂ©s habituelles de commercialisation leur permettent d’écouler. En outre, pour les producteurs martiniquais, le fait que les structures d’abattage fassent dĂ©faut ne facilite pas la commercialisation des produits animaux. 93Ces indicateurs semblent montrer qu’un marchĂ© existe en Martinique pour les produits biologiques, sans doute plus important en proportion que ce que l’on peut connaĂźtre en mĂ©tropole. En particulier, le chiffre de quatorze magasins spĂ©cialisĂ©s pour 400 000 habitants environ peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme Ă©levĂ©. Cet engouement peut ĂȘtre attribuĂ© Ă  une sensibilisation du consommateur par rapport Ă  l’environnement, Ă  une inquiĂ©tude diffuse quant Ă  la qualitĂ© des aliments dans un contexte de mĂ©diatisation de la question du chlordĂ©cone en Martinique. Dans ce contexte, il est probable que la demande en produits frais biologiques n’est pas satisfaite, ce qui n’empĂȘche pas que les producteurs constatent ponctuellement des surplus de production. La demande en produits frais locaux, biologiques ou non, est de toutes façons importante en Martinique Chambre d’agriculture de la Martinique, 2002. Les formes de distribution actuelles des producteurs biologiques Ă  la Martinique 94Aujourd’hui, les producteurs de l’association Bio des Antilles », comme les producteurs de l’association OrgapĂ©yi », privilĂ©gient la vente directe Ă  la ferme de leur production et/ou frĂ©quentent des foires rĂ©servĂ©es aux produits biologiques ou aux produits d’ OrgapĂ©yi » 95Les producteurs de l’association Bio des Antilles » organisent un marchĂ© Ă  Saint-Joseph une fois par quinzaine. Il comprend quatre producteurs biologiques. L’offre reste limitĂ©e, de mĂȘme que la frĂ©quentation du marchĂ©. 96Les producteurs de l’association OrgapĂ©yi » ont organisĂ© un marchĂ© Ă  Saint-Joseph une fois par quinzaine. Trois producteurs y sont prĂ©sents mais aussi un fabricant de plats cuisinĂ©s. Cette initiative relayĂ©e par une radio locale semble avoir une bonne popularitĂ©. Enfin, un marchĂ© itinĂ©rant permet de faire connaĂźtre l’association mais son impact en termes de ventes pour les producteurs reste faible. 97Dans le contexte actuel oĂč le volume de production de produits biologiques est trĂšs limitĂ© par rapport Ă  la demande, la vente directe est en effet le mode de commercialisation qui permet de conserver le maximum de valeur ajoutĂ©e au niveau du producteur. Par exemple, au BrĂ©sil, il a Ă©tĂ© observĂ© que seulement 20 % du prix au consommateur revient au producteur, contre 30 % aux intermĂ©diaires Campanhola et Valarini, 2001. Tant que leur volume Ă  commercialiser reste limitĂ© et qu’ils peuvent assurer en direct la commercialisation, les producteurs ont intĂ©rĂȘt Ă  dĂ©velopper les formes de vente les plus directes possible, et Ă  limiter les intermĂ©diaires. 98Cependant, lorsque le volume Ă  commercialiser augmente, il devient plus intĂ©ressant d’écouler une partie de la production par des circuits susceptibles d’absorber de gros volumes pour un temps de travail limitĂ©, quitte Ă  conserver une partie de la production Ă©coulĂ©e par les circuits de vente directe qui permettent, quant Ă  eux, une meilleure valorisation du produit. Ainsi, un producteur en AB de la Martinique commercialise une partie de sa production sans surplus de prix par rapport au conventionnel par un rĂ©seau de GMS, et rĂ©alise une meilleure marge sur ses ventes directes ou par foire. Les deux circuits s’avĂšrent alors complĂ©mentaires. PossibilitĂ©s de dĂ©veloppement par produit 99Le tableau prĂ©sentĂ© ci-aprĂšs examine les possibilitĂ©s de marchĂ© des produits en agriculture biologique, produit par produit, avec les atouts et contraintes, du point de vue des potentialitĂ©s de marchĂ©. 100Pour le marchĂ© local, du fait de la proximitĂ© entre producteurs et consommateurs, nous envisageons la possibilitĂ© de dĂ©veloppement de produits d’agriculture biologique certifiĂ©e AB, et de produits de qualitĂ© sous cahiers des charges de producteurs en agriculture agroĂ©cologique AE. Ces cahiers des charges expliquent la façon dont les produits sont produits, et ils sont communiquĂ©s aux consommateurs sur les lieux de vente. DiffĂ©rentes modalitĂ©s de communication complĂ©mentaires peuvent ĂȘtre mobilisĂ©es par les producteurs. Ce type de cahiers des charges ne donne pas le droit d’utiliser les termes de produit de l’agriculture biologique », ni le logo AB, mais il peut permettre de valoriser les initiatives des producteurs de façon plus souple que la certification en agriculture biologique, et/ou y conduire, Ă  terme. Il est Ă  noter que cette dĂ©marche n’est pas pertinente lorsque les circuits s’allongent, et que producteurs et consommateurs s’éloignent. En particulier, elle n’est donc pas adaptĂ©e Ă  l’exportation, ni lorsque les produits sont distribuĂ©s en GMS, c’est-Ă -dire dĂšs que l’étiquetage est le seul lien d’information entre producteurs et consommateurs. 101On examinera par la suite les possibilitĂ©s techniques de production de ces produits en agriculture biologique en Martinique, ce qui permettra de conclure sur des voies prioritaires de dĂ©veloppement. Tableau PotentialitĂ©s de dĂ©veloppement de marchĂ© des produits en agriculture biologique 102En ce qui concerne l’élevage, les donnĂ©es examinĂ©es laissent penser que le potentiel du marchĂ© local concerne des produits pour lesquels la diffĂ©rence de prix avec les produits pays » doit ĂȘtre faible. Compte tenu du coĂ»t des intrants, il semble pertinent de dĂ©velopper la production animale biologique prĂ©fĂ©rentiellement en complĂ©ment de productions vĂ©gĂ©tales. L’intĂ©rĂȘt d’une certification en AB sur ces productions, compte tenu de son coĂ»t et des contraintes qu’elle engendre notamment sur l’abattage, n’apparaĂźt pas en premiĂšre analyse. 103Pour les produits agricoles locaux, oĂč le taux de couverture du marchĂ© par la production locale est significatif, on peut estimer grossiĂšrement la demande potentielle de la Martinique en lĂ©gumes biologiques. Une base de 1 %, peut en effet ĂȘtre retenue, sachant qu’en 1999, on estimait le pourcentage des ventes en produits Bio Ă  0,5 % en GMS. Sur ces produits, la pĂ©nurie de l’offre en GMS, les livraisons irrĂ©guliĂšres et la nature pĂ©rissable du produit Bio sont dissuasifs pour les GMS qui ne les offrent pas. Les consommateurs de produits Bio achĂštent donc ces produits prĂ©fĂ©rentiellement au marchĂ© ou en magasin spĂ©cialisĂ© François et al., 2002. Ces formes de commercialisation par les marchĂ©s et la vente directe sont d’ailleurs celles qui sont majoritairement choisies, tant par les agriculteurs de l’association Bio des Antilles » que par OrgapĂ©yi ». L’expĂ©rience de Cuba montre que l’organisation de jardins en zone pĂ©riurbaine peut augmenter de façon significative la couverture des besoins locaux par les produits du pays Oppenheim, 2001. Certification et dĂ©veloppement du marchĂ© des produits biologiques en Martinique L’agriculture biologique parmi les autres signes de qualitĂ© 104Pour faire reconnaĂźtre au consommateur la qualitĂ© de son produit, le producteur peut utiliser une marque privĂ©e individuelle ou collective, et/ou un Signe de qualitĂ© officiel » SIQUO tableau 105Ces signes de qualitĂ© officiels ne sont pas une rĂ©ponse opportuniste et rĂ©cente Ă  des stratĂ©gies de segmentation de marchĂ©s, mais rĂ©sultent d’une Ɠuvre de longue haleine, entreprise dĂšs le dĂ©but du xxe siĂšcle, et visant Ă  doter la France d’instruments de compĂ©titivitĂ©, par la qualitĂ© et l’origine, au bĂ©nĂ©fice des consommateurs, des professionnels et de l’amĂ©nagement du territoire Conseil Ă©conomique et social, 2001. 106En France, la loi d’Orientation agricole de 1999 mentionne cinq signes d’identification de la qualitĂ© et de l’origine l’AOC, le label rouge, la certification de conformitĂ© produit, la certification du mode de production biologique et la dĂ©nomination montagne ». En outre, la loi d’Orientation agricole de 1999 prĂ©voit qu’un dĂ©cret d’application dĂ©finisse les conditions d’emploi des termes ferme » et fermier ». Aujourd’hui, faute d’accord entre les professionnels, ou d’arbitrage de la puissance publique, ce dĂ©cret n’est pas encore paru. 107Pour que le consommateur puisse reconnaĂźtre la qualitĂ© spĂ©cifique d’un produit, l’Union europĂ©enne prĂ©voit pour sa part quatre signes de qualitĂ© l’Appellation d’origine protĂ©gĂ©e AOP, l’Indication gĂ©ographique protĂ©gĂ©e IGP, la SpĂ©cialitĂ© traditionnelle garantie STG et l’Agriculture biologique AB. Les rĂ©glementations française et europĂ©enne sont donc cohĂ©rentes, sans pour autant se recouvrir totalement. 108Enfin, les produits issus d’exploitations pratiquant l’Agriculture raisonnĂ©e voir l’arrĂȘtĂ© du 30 avril 2002 relatif au rĂ©fĂ©rentiel de l’Agriculture raisonnĂ©e, et qualifiĂ©s Ă  ce titre au sens du dĂ©cret no 2002 631 du 25 avril 2002 relatif Ă  la qualification des exploitations agricoles au titre de l’agriculture raisonnĂ©e, peuvent faire figurer sur la publicitĂ© ou l’étiquetage des produits la mention issu d’exploitations qualifiĂ©es au titre de l’agriculture raisonnĂ©e ». Il ne s’agit pas ici d’assurer le consommateur d’une qualitĂ© particuliĂšre du produit, mais d’un mode de production respectueux de l’environnement. 109Le Conseil national de l’alimentation dans son avis no 45 du 30 octobre 2003, tout en soulignant l’intĂ©rĂȘt des signes de qualitĂ© officiels pour le dĂ©veloppement Ă©conomique Ă  long terme, reconnaĂźt que la cohĂ©rence du positionnement des signes nationaux les uns par rapport aux autres reste posĂ©e, en sus des rĂ©glementations française et europĂ©enne. 110Pour le consommateur, la prĂ©sence de trĂšs nombreuses mentions et signes relatifs Ă  la qualitĂ© introduit une certaine confusion. En France, parmi les signes de qualitĂ© officiels, les consommateurs citent spontanĂ©ment le Label Rouge pour 43 %, le logo AB pour 18 %, l’AOC Ă©tant citĂ©e par 12 % d’entre eux. Parmi les signes officiels de qualitĂ©, le signe de qualitĂ© Agriculture biologique » est donc bien connu des consommateurs. En revanche, la Certification de conformitĂ© produit et les Indications gĂ©ographiques protĂ©gĂ©es sont inconnues de la plupart des consommateurs, en France comme en Europe Conseil national de l’alimentation, 2003. Tableau – Les signes de qualitĂ© officiels SIQUO en France et en Europe 111En dehors des signes de qualitĂ© officiels, les producteurs peuvent aussi utiliser la notion de marque, individuelle ou collective, et un cahier des charges privĂ©. Les marques collectives sont accessibles Ă  toutes les entreprises qui adhĂšrent Ă  un rĂšglement ou Ă  un cahier des charges. Elles ont un effet structurant sur la filiĂšre dont elles amĂ©liorent la qualitĂ© de prestation, l’image de marque, la mobilisation des producteurs et des Ă©quipes techniques, l’organisation et la compĂ©titivitĂ©. On citera en particulier les marques collectives Produits de la ferme – Bienvenue Ă  la ferme », gĂ©rĂ©es par les chambres d’agriculture, les marques collectives des Parcs naturels rĂ©gionaux. Outre ces deux marques prĂ©sentes en Martinique, des marques collectives ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour les productions animales Leimbacher, 1996. Les marques sont rĂ©gies par le droit des marques, sous l’égide de l’INPI Institut national de la propriĂ©tĂ© industrielle en France. Certifier les produits en agriculture biologique quelles procĂ©dures en Martinique ? 112La Martinique compte douze exploitants certifiĂ©s en agriculture biologique au sens de la rĂ©glementation française et europĂ©enne, dont les surfaces en production agrobiologique sont notifiĂ©es Ă  la Direction de l’agriculture et de la forĂȘt DAF. Seuls les produits issus de ces exploitations sont biologiques » et peuvent porter la mention AB. Mais elle compte aussi 104 exploitants qui, selon le RA 2000, se dĂ©clarent bio », et 139 autres en reconversion Agreste Martinique, 2002. Or, les surfaces correspondantes ne sont pas notifiĂ©es Ă  la DAF. Cela dĂ©note un engouement pour l’agriculture biologique qui dĂ©passe son extension rĂ©elle sur le terrain, et/ou une relative mĂ©connaissance des rĂšgles. En outre, 5073 exploitations vendent leur production directement au consommateur. Il peut s’agir de vente Ă  la ferme, ou sur les marchĂ©s. Or, pour le consommateur, la notion de produit vendu par le producteur lui-mĂȘme est aussi porteur de lien Ă  la terre et Ă  l’identitĂ© alimentaire. Enfin, 105 dĂ©clarent transformer une partie de leur production pour la vente sur la ferme produits fermiers ». Tableau – DĂ©partement Martinique activitĂ©s diverses en 2000 Agreste Martinique, 2002 113Enfin, en Martinique, le groupe OrgapĂ©yi » dĂ©fend une agriculture qu’il considĂšre comme biologique », reposant sur une Ă©thique, et se traduisant par des pratiques agricoles que les membres d’ OrgapĂ©yi » dĂ©crivent comme proches de l’agriculture biologique. 114En outre, OrgapĂ©yi » organise des relations avec l’organisation de consommateurs Capable » qui promeut les mĂȘmes valeurs au niveau des consommateurs. 115On comprend bien que, dans ce contexte, si des producteurs se rĂ©clamant de l’agriculture biologique s’imposent des contraintes, et notamment la non-utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires de synthĂšse pour obtenir les produits, il leur faut faire connaĂźtre cet effort au consommateur, en particulier pour justifier une diffĂ©rence de prix qui est due Ă  des coĂ»ts de production supĂ©rieurs. Les modes de certification utilisables en Martinique 116Pour certifier un mode de production agrobiologique, les agriculteurs peuvent dĂ©velopper la certification officielle par un organisme certificateur Agriculture biologique » nommĂ©e AB-co dans le rapport ; voir chapitre certification individuelle ou par groupes ; une forme de certification participative Agriculture biologique » nommĂ©e AB-cp dans le rapport ; voir chapitre ; une forme de certification sur des cahiers des charges pour des produits d’ agriculture Ă©cologique » nommĂ©e AE dans le rapport ; voir chapitre Le cas Ă©chĂ©ant, ces cahiers des charges pourraient faire l’objet de contrĂŽles par organismes certificateurs si les producteurs font ce choix de dĂ©veloppement. 117En tout Ă©tat de cause, pour rĂ©aliser le potentiel de dĂ©veloppement que reprĂ©sente l’agriculture biologique, une dĂ©marche de certification, qu’elle soit officielle ou participative, s’impose. Elle permet au consommateur de trouver des repĂšres parmi des formes de produits proches les uns des autres, justifie d’éventuelles diffĂ©rences de prix et protĂšge contre les fraudes. La dĂ©marche de certification protĂšge aussi les producteurs et les aide Ă  faire reconnaĂźtre au consommateur la qualitĂ© spĂ©cifique des produits qu’il leur propose. La certification ajoute de la valeur, Ă  la fois au niveau Ă©conomique, mais pas seulement Barrett et al., 2001. Le processus de certification engage les producteurs Ă  formaliser leurs pratiques et Ă  mettre au point des procĂ©dures internes de gestion de la qualitĂ© qui peuvent ĂȘtre rĂ©investies dans d’autres domaines, au service du dĂ©veloppement du groupe. 118Au sens du rĂšglement europĂ©en ou de la rĂ©glementation française, la certification doit ĂȘtre effectuĂ©e par un organisme certificateur AB-co, ce qui donne le droit d’utiliser le logo europĂ©en et le logo français de l’agriculture biologique –AB–, ainsi que d’utiliser les termes Bio », agriculture biologique », sur l’étiquette du produit. Cette procĂ©dure permet Ă  la fois de vendre sur le marchĂ© local avec un logo rassurant et connu du consommateur, et Ă©galement Ă  l’exportation vers les pays de l’Union europĂ©enne, ce qui, pour l’exportation, constitue la plus grande part des marchĂ©s pour la Martinique. Pour les produits destinĂ©s Ă  l’exportation, dont on envisage d’écouler une partie sur le marchĂ© local, cette procĂ©dure est incontournable. 119Toutefois, l’éloignement de la Martinique par rapport Ă  la France et Ă  l’Union europĂ©enne zone ultrapĂ©riphĂ©rique pose question par rapport Ă  cette procĂ©dure, tout particuliĂšrement en raison de son coĂ»t pour les petits producteurs, car les organismes certificateurs europĂ©ens sont Ă©loignĂ©s, et, pour l’instant, ils ne sont pas reprĂ©sentĂ©s aux Antilles. L’IFOAM dĂ©fend une procĂ©dure particuliĂšre de certification pour les petits producteurs, particuliĂšrement les petits producteurs des pays en dĂ©veloppement, mais cette procĂ©dure est Ă©galement mobilisable par les petits producteurs des pays dĂ©veloppĂ©s IFOAM, 2003. C’est la certification par groupes de producteurs. Le principe de cette forme de certification est basĂ© sur la dĂ©finition de rĂšgles de contrĂŽle internes au groupe ICS, Internal Control System. L’IFOAM reconnaĂźt que ce systĂšme de contrĂŽle permet une meilleure surveillance que des visites annuelles externes. Plus de vingt-cinq organismes de certification dans le monde travaillent sur la certification de groupes de producteurs, dont dix sont accrĂ©ditĂ©s par l’IFOAM et respectent les critĂšres de certification par groupes, laquelle est gĂ©rĂ©e par l’IOAS International Organic Accreditation Services. 120Enfin, dans certains pays comme le BrĂ©sil, des organisations de producteurs notamment le rĂ©seau Ecovida s’inscrivent dans cette procĂ©dure en dĂ©veloppant la certification participative ». Ces dĂ©marches ne sont pas automatiquement accrĂ©ditĂ©es par l’IFOAM, mais les organisations qui les portent militent pour la reconnaissance internationale de ce type de certification. En France, elles ne donnent pas le droit d’utiliser les termes d’ agriculture biologique », Bio », ni le logo europĂ©en ou français AB ». 121Au BrĂ©sil, la nĂ©cessitĂ© d’un type de certification diffĂ©rent apparaĂźt pour les petits producteurs parce que la certification par organismes certificateurs Arl, 2003 favorise explicitement un petit nombre d’organismes certificateurs qui dominent le marchĂ© des produits biologiques dans le pays, et Ă  l’exportation ; conduit Ă  un excĂšs de contrĂŽles, documents et bureaucratie, inadaptĂ©s aux conditions de la rĂ©alitĂ© de l’agriculture familiale et des petits producteurs ; Ă©lĂšve les coĂ»ts de certification ; ne prend pas en compte la spĂ©cificitĂ© de la vente directe au consommateur foires, vente Ă  la ferme
. 122La certification participative » ne certifie pas seulement un produit. C’est un outil du projet social du groupe, et non pas un objectif en soi Arl, 2003 ; ByĂ© et al., 2004. La dĂ©marche de reconstruction sociale, entre les producteurs eux-mĂȘmes, et entre producteurs et consommateurs, prime sur la simple Ă©laboration d’une image destinĂ©e Ă  identifier les processus agroĂ©cologiques et les produits qui en sont issus. Cette dĂ©marche implique un rapprochement Ă©troit entre consommateurs et producteurs, non seulement sous la forme d’une vente de marchandises, mais aussi d’un Ă©change d’informations, de reconnaissances rĂ©ciproques et donc de partage d’expĂ©riences. Cette dĂ©marche s’appuie sur des ressorts diffĂ©rents de ceux de la certification par organisme certificateurs, mais n’en est pas moins exigeante, en termes d’organisation, et de transparence. Elle ne rĂ©clame pas moins d’engagement de la part des producteurs, mais suppose qu’il prenne une forme diffĂ©rente. La mise en place de conseils d’éthique de foire », l’organisation de rĂ©unions impliquant, outre les producteurs, les consommateurs, l’organisation de visites de producteurs, participent de cette stratĂ©gie. Au BrĂ©sil, le selo » timbre en portugais Ecovida constitue pour le moment le seul signe d’identification de la spĂ©cificitĂ© collective de la dĂ©marche. 123En Martinique, l’association OrgapĂ©yi » repose aussi sur ce type de valeurs de type sociĂ©tal. L’association Capable promeut les mĂȘmes valeurs au niveau d’un groupe de consommateurs. Des tentatives de rapprochement entre les deux structures, autour de la constitution d’un cahier des charges pour les producteurs, validĂ© par les consommateurs, ont Ă©tĂ© tentĂ©es Capable, communication dans le cadre de l’expertise collĂ©giale. Il n’a pas Ă©tĂ© possible de consulter ce cahier des charges lors de l’expertise collĂ©giale, ce qui ne permet pas de se prononcer quant Ă  sa proximitĂ© Ă©ventuelle avec les rĂšgles de l’agriculture biologique, mais l’existence mĂȘme de ces deux structures constitue une indication de convergence entre les attentes d’une partie de la sociĂ©tĂ© martiniquaise par rapport Ă  l’agriculture et l’alimentation, et les valeurs portĂ©es par le groupe OrgapĂ©yi ». Elles pourraient ĂȘtre partie prenante d’un dispositif de certification participative » qui reposerait alors sur la transparence des cahiers des charges et leur large communication ce qui n’est pas encore le cas actuellement. Conclusion 124Les parts de marchĂ© des produits biologiques, mais aussi des produits typiques et des produits fermiers, pourraient ĂȘtre augmentĂ©es en Martinique. À condition de les associer Ă  une communication adaptĂ©e, ces actions pourraient avoir une influence positive Ă  la fois sur les possibilitĂ©s Ă©conomiques offertes aux producteurs et sur l’image de la Martinique, pour ses habitants et pour les touristes. 125Une dĂ©marche visant Ă  dĂ©velopper le marchĂ© des produits biologiques suppose d’abord que l’on rĂ©ponde aux attentes des consommateurs. Mais s’agissant des produits biologiques, elle ne peut pas se limiter Ă  cela. Plus que pour les productions conventionnelles, le mode de production agrobiologique dĂ©termine les productions possibles au travers des contraintes techniques rotations, plantes fixatrices d’azote, diversitĂ©, adaptation des races et variĂ©tĂ©s au terroir. Enfin, les forces du marchĂ© voir Lampkin, chapitre Ă  elles seules, ne donnent pas les moyens Ă  l’agriculture biologique d’offrir la totalitĂ© de son potentiel au service de l’environnement et de la sociĂ©tĂ©. Une politique publique de soutien au dĂ©veloppement est nĂ©cessaire. 126En Martinique, le dĂ©veloppement de l’agriculture biologique et de ses marchĂ©s doit donc ĂȘtre pensĂ© en fonction des trois pĂŽles moteurs pour son dĂ©veloppement 127‱ La demande des consommateurs et leurs attentes 128Il n’y a pas de doute quant Ă  la rencontre entre les attentes d’une partie des consommateurs Ă  la recherche de produits sains et naturels », de produits de terroir issus de la Martinique, voire d’équitĂ© sociale, et les fondements de l’agriculture biologique. Le marchĂ© des produits Bio existe en Martinique, et les indicateurs recueillis sur le marchĂ© actuel le prouvent. Toutefois, s’agissant d’un dĂ©veloppement important de la production biologique pour le marchĂ© local en Martinique, il faut souligner l’absence de donnĂ©es de marchĂ© il n’existe pas d’étude du marchĂ© des produits en Martinique et plusieurs interlocuteurs soulignent l’intĂ©rĂȘt qu’il y aurait Ă  rĂ©aliser ce travail. La question du prix se pose en particulier avec acuitĂ©. Le coĂ»t de la production biologique plus Ă©levĂ© que celui des produits traditionnels, la part importante du revenu dĂ©jĂ  consacrĂ© Ă  l’alimentation par les habitants, occasionnent des tensions dĂ©jĂ  observĂ©es sur les prix des produits. Aujourd’hui, certains producteurs en AB ne valorisent pas le produit Bio en le rendant plus cher que son Ă©quivalent conventionnel lĂ©gumes.Cette question concerne en particulier les produits d’élevage volailles, cabri
, oĂč les produits martiniquais et fermiers » sont dĂ©jĂ  vendus Ă  des prix trĂšs Ă©levĂ©s compte tenu d’une forte demande en produit local de qualitĂ© non satisfaite. La mise en place de productions animales agrobiologiques en dehors d’élevage associĂ© Ă  des productions vĂ©gĂ©tales dans le cadre d’exploitations de polyculture-Ă©levage induit des coĂ»ts de production supplĂ©mentaires particuliĂšrement forts dans ces filiĂšres, en raison du coĂ»t des intrants et parce que l’abattage dans une structure certifiĂ©e est rendu nĂ©cessaire. La valeur » supplĂ©mentaire perçue par le consommateur, pour la production Bio par rapport Ă  la production de pays », mĂ©riterait d’ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e. 129Dans ce contexte, les fruits et lĂ©gumes biologiques, le sucre Bio pour le marchĂ© local sous condition d’une politique publique d’encouragement, les produits d’élevage comme sous-produit d’une production vĂ©gĂ©tale, prĂ©sentent de bonnes opportunitĂ©s de dĂ©veloppement. 130‱ Les possibilitĂ©s techniques, Ă©conomiques, sociales des producteurs 131Les contraintes techniques de la production agrobiologique limitent les quantitĂ©s produites et fixent, pour partie, les produits obtenus, indĂ©pendamment de la demande des consommateurs. La problĂ©matique du marchĂ© ne se pose pas seule, mais en association avec les exigences et les contraintes de la production. Il s’agit Ă  la fois de produire ce qui se vend autant que possible, et en mĂȘme temps de valoriser ce qui est produit pour des nĂ©cessitĂ©s techniques de production. Produire en agriculture biologique suppose une variĂ©tĂ© de produits production vĂ©gĂ©tale, alors que les consommateurs ont tendance Ă  prĂ©fĂ©rer certains produits particuliers achetĂ©s en grande quantitĂ© comme la triade tomates, salades, concombres. En Martinique, les consommateurs recherchent aussi le lien au terroir et aux racines alimentaires », et cela devrait ĂȘtre un atout pour la commercialisation de produits agricoles variĂ©s, notamment en rapport avec le dĂ©veloppement de formes d’agriculture biologique s’inspirant de la tradition du jardin crĂ©ole tubercules alimentaires, pois
. 132Par ailleurs, les marchĂ©s accessibles aux producteurs dĂ©pendent des performances de leur organisation pour la mise en marchĂ©. NĂ©cessaire pour rassurer le consommateur et Ă©viter les fraudes, la certification Bio » pose question pour les petits producteurs. Cet Ă©cueil pourrait ĂȘtre levĂ© par un appui financier Ă  la certification, la mise en place de certification de groupes de producteurs, ou encore une rĂ©flexion sur la mise en place d’une certification participative rigoureuse. Enfin, il faut tenir compte du faible nombre des producteurs biologiques aujourd’hui. L’association Bio des Antilles » compte douze membres seulement, et, pour l’instant, les producteurs de l’association OrgapĂ©yi », qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme sympathisants du mode de production agrobiologique, ne s’astreignent pas Ă  un systĂšme de certification transparent. 133Dans ce contexte, la stratĂ©gie de dĂ©veloppement des marchĂ©s devrait viser Ă  un renforcement des dynamiques existantes, prenant en compte dans le mĂȘme temps l’appui Ă  la production agricole augmentation du nombre des producteurs, soutien technique aux producteurs intĂ©ressĂ©s par une conversion, recherche technique
, et Ă  la mise en marchĂ© appui Ă  la promotion des produits, organisation de foires, appui Ă  des formes de certification adaptĂ©es
. 134‱ La politique publique de soutien au dĂ©veloppement de l’agriculture biologique 135Elle est nĂ©cessaire au plein dĂ©veloppement de l’agriculture biologique voir chapitre Dans le domaine des marchĂ©s, elle peut s’exprimer de plusieurs maniĂšres, dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ©es dans d’autres lieux soutien aux marchĂ©s dans le cadre de commandes publiques, notamment pour la restauration collective scolaire dĂ©jĂ  en place dans de nombreuses villes europĂ©ennes et françaises ; initiative publique pour le dĂ©veloppement d’une production emblĂ©matique par exemple, le sucre semblerait adaptĂ© du point de vue du marchĂ© local. FaisabilitĂ© Ă©conomique de la canne Ă  sucre biologique2 2 RĂ©dacteurs Éric Blanchart, Armel Toribio et HĂ©lĂšne Mbolidi-Baron. 136La culture de la canne Ă  sucre est la deuxiĂšme activitĂ© agricole de la Martinique aprĂšs la banane. Elle affecte directement l’emploi et l’économie de l’üle. 8 UTA UnitĂ© de travail annuel – 1 UTA = un travailleur Ă  temps plein pendant une annĂ©e. 137Du point de vue social, la filiĂšre canne-rhum-sucre totalise 2400 UTA8 sans compter les nombreux travailleurs saisonniers le chiffre pourrait alors atteindre 3000 UTA. Les plantations comptent prĂšs de la moitiĂ© des emplois avec 1100 UTA, la production de rhum 1000 UTA et la production de sucre 300 UTA. 138Du point de vue Ă©conomique, la production finale agricole PAF de la canne Ă  sucre Ă©tait de 79,9 MF en 1998 soit 3,9 % de la PAF totale. 139Depuis 1981, le nombre d’exploitations canniĂšres a fortement diminuĂ© passant de plus de 1100 Ă  seulement 300 exploitations aujourd’hui. Ce sont surtout les exploitations tournĂ©es vers les distilleries qui ont fortement rĂ©gressĂ©, passant en vingt ans de 950 Ă  200 exploitations. MarchĂ© du sucre Bio 140La demande en produits issus de l’agriculture biologique AB est en pleine croissance dans les pays du Nord », mais Ă©galement dans les pays en dĂ©veloppement, partout oĂč les consommateurs solvables sont prĂȘts Ă  payer plus cher les denrĂ©es provenant de ce mode de production que celles tirĂ©es de l’agriculture conventionnelle. Cette demande accompagne les changements des habitudes de consommation rĂ©sultant de la prise de conscience accrue des problĂšmes de sĂ©curitĂ© alimentaire et de pollution de l’environnement. Les prĂ©visions pour la part de marchĂ© rĂ©servĂ©e aux produits biologiques Bio font Ă©tat d’un pourcentage de 5 Ă  10 % de la vente totale des produits alimentaires Ă  l’horizon 2005. On considĂšre aussi que les potentialitĂ©s du Bio sur le long terme sont Ă©normes Kortbech-Olesen, 1998. 141Le sucre Bio, comme denrĂ©e directement consommable ou intervenant dans un nombre considĂ©rable de prĂ©parations et boissons, n’échappe pas Ă  la tendance gĂ©nĂ©rale. Pour une consommation mondiale d’environ 127 millions de tonnes de sucre, les ventes globales de sucre Bio Ă©taient estimĂ©es Ă  environ 50 000 tonnes en 2000, soit 30 000 tonnes de plus que cinq ans auparavant. L’Union europĂ©enne UE intervient pour 30 % dans cette consommation et le marchĂ© amĂ©ricain affiche des besoins compris entre 25 000 et 35 000 tonnes Buzzanell, 2000. En faisant l’hypothĂšse que les produits Bio transformĂ©s peuvent reprĂ©senter 1 % de la totalitĂ© des produits traitĂ©s pour la vente dans les pays en dĂ©veloppement, Gudoshnikov 2001 estime que la demande mondiale en sucre Bio atteindra 190 000 tonnes en 2005-2006. Ce tonnage ne reprĂ©senterait que 0,2 % de la consommation mondiale en sucre. 142Le sucre Bio provient essentiellement de la canne Ă  sucre et de la betterave. Concernant la betterave sucriĂšre Bio, la production europĂ©enne est trĂšs rĂ©duite ; elle est entreprise principalement au Danemark environ 400 tonnes/an et aux Pays-Bas 1500 tonnes/an, 270 ha en 2000 et prĂ©visions de 400 ha chez le producteur Suiker Unie. Les rendements d’environ 60 tonnes/ha-1 en betterave Bio sont infĂ©rieurs de 20 tonnes Ă  ceux obtenus en betterave conventionnelle. Cette diffĂ©rence rend nĂ©cessaire un subventionnement de la production aux Pays-Bas. Au Royaume-Uni, la faisabilitĂ© de la production de betterave sucriĂšre Bio est Ă  l’étude par la compagnie British Sugar Plc. L’intĂ©rĂȘt exprimĂ© par les producteurs en 2001 indique une possibilitĂ© pour 300 ha et un volume critique de 10 000 tonnes pour commencer. Aux États-Unis, diffĂ©rents transformateurs Ă©tudient la faisabilitĂ© Ă©conomique de la contractualisation avec les agriculteurs pour la production de betterave Bio, en regard de la logistique nĂ©cessaire aux opĂ©rations d’usinage. L’option pour cette production semble freinĂ©e par le coĂ»t Ă©levĂ© des intrants pesticides compatibles avec l’agriculture biologique, la mĂ©connaissance des espĂšces vĂ©gĂ©tales Ă  mettre en rotation avec la betterave et la difficultĂ© Ă  mobiliser, pour la production biologique, les infrastructures de transformation conventionnelle. NĂ©anmoins, des opĂ©rations de prĂ©paration Ă  la reconversion sont en cours. 143La plus grande partie du sucre Bio commercialisĂ© dans le monde est donc actuellement produite Ă  partir de la canne Ă  sucre. La production de sucre Bio est gĂ©nĂ©ralement menĂ©e en parallĂšle avec une production de sucre conventionnel – qui demeure l’activitĂ© principale de la majoritĂ© des sucreries faisant du Bio. La principale contrainte actuelle du marchĂ© du sucre Bio est l’offre limitĂ©e. Cette situation gĂ©nĂšre des prix premium » Ă©levĂ©s Buzzanell, 2000, mais on peut s’interroger sur leur pĂ©rennisation, au fur et Ă  mesure que de nouveaux pays producteurs de sucre Bio vont faire leur apparition sur le marchĂ©. Production de sucre Ă  la Martinique 144L’usine du Galion Ă  TrinitĂ© est la seule sucrerie de Martinique. Elle a un statut de SociĂ©tĂ© anonyme d’économie mixte SAEM et est fortement subventionnĂ©e par les collectivitĂ©s territoriales, ce qui n’empĂȘche pas des pertes d’activitĂ© trĂšs Ă©levĂ©es environ 25 % de son chiffre d’affaires. 145La production de sucre a fortement chutĂ© de l’ordre de 80 % entre 1970 et 1983, le tonnage de canne Ă  sucre manipulĂ© en sucrerie ayant baissĂ© de 450 000 tonnes Ă  70 000 tonnes figure Plusieurs facteurs expliquent cette chute importante fermeture d’unitĂ©s de production sucriĂšre, abandon des plantations d’exploitation difficile, accroissement des surfaces en banane. Depuis quelques annĂ©es, le tonnage de cannes manipulĂ©es en sucrerie est stabilisĂ© entre 80 000 et 90 000 tonnes. Figure – Évolution des tonnages de cannes broyĂ©es en sucrerie et en distilleries Ă  la Martiniqueen milliers de tonnes par an donnĂ©es CTCS. 146Depuis une dizaine d’annĂ©es, la production de sucre par l’usine du Galion se situe entre 6 000 et 8 000 tonnes figure laquelle ne couvre pas les besoins de la Martinique Ă©quivalents Ă  14 000 par an. Figure – Évolution de la production de sucre Ă  l’usine du Galion en tonne par an depuis 1977donnĂ©es CTCS. 147Bien souvent, le sucre roux de bouche produit dans cette usine ne satisfait pas pleinement les exigences de qualitĂ© pour le secteur industriel, ce qui induit un recul de la demande par les industriels. Le sucre blanc principalement importĂ© de mĂ©tropole est du sucre de betterave. FaisabilitĂ© Ă©conomique du sucre Bio Ă  la Martinique 148La production de sucre Bio par l’usine du Galion Ă  la Martinique nĂ©cessite de modifier les principes de production de la canne, le procĂ©dĂ© de fabrication du sucre et du rhum industriel, et de s’assurer d’un marchĂ©. Les techniques de production d’une canne Ă  sucre Bio ont Ă©tĂ© clairement dĂ©taillĂ©es au chapitre 149La fabrication de sucre Bio implique de respecter totalement la rĂ©glementation en matiĂšre de production biologique. Les contraintes principales sont i de ne pas mĂ©langer des produits Bio avec des produits non Bio, ii de rejeter l’usage de certains produits chimiques utilisĂ©s traditionnellement dans la production de sucre. 150Concernant le premier point, diffĂ©rents scĂ©narios peuvent ĂȘtre proposĂ©s qui concernent aussi la production de rhum industriel. Production exclusive de sucre Bio 151Dans ce scĂ©nario, de loin le plus simple Ă  mettre en Ɠuvre, il faut s’assurer que toutes les cannes provenant Ă  l’usine sont certifiĂ©es Bio ». Les contraintes sont alors essentiellement d’ordre technique dans la mesure oĂč l’usine doit pouvoir produire du sucre en l’absence de certains produits et notamment des floculants chimiques contenant des polymĂšres interdits en agriculture biologique. La clarification des jus est pourtant nĂ©cessaire pour enlever les impuretĂ©s qui pourraient interfĂ©rer avec la cristallisation du sucre. En production biologique, seule la chaux est admise. Le processus de dĂ©cantation est donc moins rapide et moins efficace, ce qui entraĂźne des coĂ»ts plus importants Buzzanell, 2000 ; Gudoshnikov, 2001. Par ailleurs, l’industriel doit pouvoir garantir Ă  tout moment que tous les ingrĂ©dients proviennent de sources certifiĂ©es Bio » et que ces ingrĂ©dients ne rentrent pas en contact avec des ingrĂ©dients conventionnels, ce qui entraĂźne lĂ  encore un coĂ»t supplĂ©mentaire. Production mixte de sucre Bio et non Bio 152Ce scĂ©nario est le plus courant en production de sucre Bio, une mĂȘme usine produisant Ă  la fois du sucre Bio et du sucre conventionnel. Afin de simplifier la production, il est nĂ©cessaire de sĂ©parer dans le temps ou dans l’espace les deux procĂ©dĂ©s et de traiter le sucre Bio avant le sucre conventionnel, ou inversement. La production de sucre conventionnel avant le sucre Bio nĂ©cessite de nettoyer complĂštement l’usine entre les deux productions, ce qui arrĂȘte la production pendant quelques jours. Sur l’üle Maurice, les deux systĂšmes ont Ă©tĂ© utilisĂ©s dans des usines diffĂ©rentes Deville, 1999. Le choix de l’un ou l’autre systĂšme peut fortement dĂ©pendre des variĂ©tĂ©s de cannes traitĂ©s en Bio ou en conventionnel, sachant que les premiĂšres cannes traitĂ©es seront potentiellement moins riches en sucre que les derniĂšres moindre maturation. Enfin, la production de sucre Bio en dĂ©but de campagne peut entraĂźner des pertes en sucre dans la mesure oĂč le jus extrait des derniĂšres Ă©cumes de dĂ©fĂ©cation sera mĂ©langĂ© Ă  des jus conventionnels ». 153Ainsi, la dĂ©cision de tout producteur de produire du sucre Bio implique un sĂ©rieux calcul coĂ»t-bĂ©nĂ©fice Buzzanell, 2000 coĂ»t de la conversion des aires de production en production Bio pendant 3 ans ; coĂ»t rĂ©duit d’intrants dĂ» Ă  la non-utilisation d’intrants synthĂ©tiques ; coĂ»t de travail supplĂ©mentaire liĂ© Ă  la culture manuelle et aux travaux de rĂ©colte ; dĂ©clin des rendements dans une fourchette de 20 Ă  60 % dans les premiĂšres annĂ©es mais qui peuvent rĂ©augmenter par la suite Gudoshnikov, 2001 ; dĂ©clin dans l’efficacitĂ© du procĂ©dĂ© 20 Ă  30 %, liĂ© Ă  l’interdiction de brĂ»ler les cannes lors de la rĂ©colte et Ă  l’interdiction des floculants une source colombienne [Ingenio Providencia, 2000] indique que seulement 270 tonnes de canne par heure sont traitĂ©es en Bio contre 400 tonnes/heure en conventionnel ; coĂ»ts supplĂ©mentaires liĂ©s aux opĂ©rations de nettoyage entre le procĂ©dĂ© Bio et le procĂ©dĂ© conventionnel, et coĂ»ts supplĂ©mentaires relativement au nettoyage des outils pour maintenir l’intĂ©gritĂ© du produit Bio dans le cas d’une production mixte de sucre Bio et non Bio. 154MalgrĂ© tout cela, la production Bio n’est pas seulement une question de coĂ»t ; il faut aussi tenir compte de la valeur sociale » relative Ă  la protection de la qualitĂ© de l’environnement et Ă  la production de produits sains. MarchĂ© du rhum Bio Production de rhum Ă  la Martinique 155La production de rhum a fortement Ă©voluĂ© Ă  la Martinique au cours des 150 derniĂšres annĂ©es voir chapitre Au milieu du xixe siĂšcle, la Martinique comptait 94 distilleries. Puis, avec la crise sanitaire du vignoble français Ă  partir de 1852 avec l’oĂŻdium et Ă  partir de 1876 avec le phylloxera, et le besoin en alcool au cours de la PremiĂšre Guerre mondiale, le nombre de distilleries a atteint le chiffre de 212 Ă  la veille de la Seconde Guerre mondiale. Depuis cette Ă©poque et en raison principalement de la grave crise de 1970, le nombre de distilleries s’est effondrĂ© et on n’en compte plus que neuf actuellement Ă  la Martinique produisant quinze marques diffĂ©rentes. 156La Martinique produit Ă  la fois du rhum agricole Ă  partir du jus de canne et du rhum industriel Ă  partir de la mĂ©lasse, rĂ©sidu de la fabrication du sucre. 157Depuis 1983, la production de rhum industriel par l’usine du Galion est relativement stabilisĂ©e entre 10 000 et 15 000 HAP hectolitres d’alcool pur figure Figure – Évolution de la production de rhum agricole et industriel Ă  la Martinique depuis 1977en milliers HAP donnĂ©es CTCS. 158Depuis 1977, la production de rhum agricole varie entre 50 000 et 70 000 HAP ; on peut noter une remontĂ©e depuis 1998. Cette augmentation de production est principalement due Ă  la mise en place en 1996 de l’appellation d’origine contrĂŽlĂ©e AOC qui a permis de relancer les ventes, notamment vers l’export. 159En 2001, la commercialisation de rhum Ă  la Martinique a Ă©tĂ© de 22 802 HAP, alors que l’exportation de rhum agricole atteignait 39 804 HAP, et celle de rhum industriel 12 714 HAP. C’est donc la presque totalitĂ© du rhum industriel qui est exportĂ©, tandis qu’une moitiĂ© du rhum agricole produit est exportĂ©, un tiers Ă©tant commercialisĂ© localement. IntĂ©rĂȘt Ă©conomique de produire du rhum Bio 160L’acquisition du label AOC en 1996, aprĂšs quinze ans de lutte acharnĂ©e, garantit l’origine du rhum et des critĂšres de fabrication terroirs, parcelles cultivĂ©es, variĂ©tĂ©s de cannes, extraction du jus, procĂ©dĂ©s de fermentation, de distillation, de stockage et de vieillissement. Ce label a permis d’augmenter les ventes, surtout Ă  l’exportation. 161Actuellement, les distillateurs, d’une façon gĂ©nĂ©rale, ne semblent pas ĂȘtre intĂ©ressĂ©s par un nouveau label Bio qui augmenterait les contraintes, dĂ©jĂ  nombreuses, pour l’obtention du label AOC. Conclusions 162La demande mondiale en sucre biologique augmente rapidement 50 000 tonnes/an actuellement contre 20 000 tonnes il y a 5 ans. 163La production de sucre biologique implique des Ă©conomies liĂ©es Ă  la non-utilisation de fertilisants et de pesticides chimiques, mais aussi des rendements moins Ă©levĂ©s qu’en culture conventionnelle. Pourtant, les prix de marchĂ© sont suffisamment rĂ©munĂ©rateurs pour pallier le plus faible volume de canne par unitĂ© de surface. FiliĂšres et diversification Ă  la Martinique leçons de 30 ans d’expĂ©rience3 3 RĂ©dacteurs Christian Langlais et Yves Bertin. 164L’économie agricole de la Martinique au cours des temps a toujours Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e par la prĂ©dominance d’une ou plusieurs cultures principales. Au sortir de la derniĂšre guerre mondiale, cette Ăźle s’est rĂ©solument orientĂ©e vers une prĂ©pondĂ©rance trĂšs marquĂ©e de la banane, aux dĂ©pens de la canne Ă  sucre. Actuellement, avec la crĂ©ation assez rĂ©cente de l’Organisation commune des marchĂ©s de la banane OCM, on est en prĂ©sence d’un engouement encore plus marquĂ© pour cette culture. La quantitĂ© exportĂ©e pour l’annĂ©e 1996 249 844 tonnes dĂ©passe largement tous les records d’exportation des 25 annĂ©es prĂ©cĂ©dentes IEDOM, 1996. Cependant, cette progression constante n’a pas toujours Ă©tĂ© rĂ©guliĂšre et certaines phases de rĂ©cession ont Ă©tĂ© mises Ă  profit pour engager des programmes de diversification. 165En matiĂšre agricole, la diversification recouvre diffĂ©rents concepts elle intĂ©resse les cultures, les dĂ©bouchĂ©s pour une mĂȘme culture, les systĂšmes de culture ou les systĂšmes d’exploitation. 166Dans le cas de la Martinique, la diversification peut ĂȘtre dĂ©finie comme intimement dĂ©pendante des deux cultures pivots ; il s’agit donc essentiellement de diversification des cultures, sans pour cela oblitĂ©rer les possibilitĂ©s de commercialisation sur le marchĂ© local ou les possibilitĂ©s de transformation. 167On se propose dans la prĂ©sente note d’analyser les exemples les plus marquants de diversification au cours des trente derniĂšres annĂ©es, que ce soit en matiĂšre d’arboriculture fruitiĂšre ou de maraĂźchage. On tentera d’en tirer tous les enseignements possibles et de prĂ©ciser la place et le rĂŽle de la recherche dans de telles opĂ©rations. La diversification fruitiĂšre 168La Martinique au cours des trente derniĂšres annĂ©es a connu trois opĂ©rations significatives de diversification fruitiĂšre conduisant Ă  la mise en place de superficies consĂ©quentes. Chacune de ces opĂ©rations mĂ©rite d’ĂȘtre examinĂ©e pour les enseignements qu’elle peut apporter et les discussions qu’elle peut susciter. Chronologiquement, on abordera donc successivement l’avocat, la lime, la goyave. L’avocat Historique 169L’avocatier en Martinique est apparu en culture commerciale au dĂ©but des annĂ©es 1960. Jusqu’alors, il s’agissait d’arbres isolĂ©s ou en micro-vergers, de race antillaise dans la majoritĂ© des cas, destinĂ©s exclusivement Ă  la consommation locale. 170L’extension de la culture a connu quatre phases figure Une premiĂšre phase d’introduction avant 1960 au cours de laquelle a Ă©tĂ© introduit un panel de variĂ©tĂ©s en provenance de Floride pour parvenir en 1960 Ă  quelque 23 ha plantĂ©s. Un premier dĂ©veloppement de la culture s’est effectuĂ© entre 1960 et 1963 avec la mise en place de cinq plantations commerciales pour une superficie globale de 70 hectares. La deuxiĂšme phase marque un ralentissement mis Ă  profit pour rĂ©soudre certains problĂšmes techniques ou commerciaux. Pendant cette pĂ©riode de 1963 Ă  1967, il s’est plantĂ© 35 ha supplĂ©mentaires et une production de 506 t. Ă©tait exportĂ©e en 1967 essentiellement, la variĂ©tĂ© Lula. À partir de cette date, un groupement professionnel, la SICAMA SociĂ©tĂ© d’intĂ©rĂȘt collectif agricole maraĂźchĂšre et fruitiĂšre de la Martinique, a pris en main le dĂ©veloppement de cette culture et a regroupĂ© les agriculteurs Ă  l’exportation. Ainsi de 1967 Ă  1984, la superficie plantĂ©e est-elle passĂ©e de 105 ha Ă  880 ha environ et la production exportĂ©e a atteint plus de 5000 t. en 1984. La derniĂšre phase fut celle du dĂ©clin en 1987, il ne restait plus que 400 ha cultivĂ©s et les exportations tombaient au-dessous du seuil des 1500 t. Actuellement, il n’y a plus d’exportation et la quasi-totalitĂ© des vergers a disparu. Ce dĂ©clin rapide est la consĂ©quence de la diminution rapide des cours mondiaux de l’avocat qui n’est plus considĂ©rĂ© comme un produit exotique rare et saisonnier, mais comme un produit de grande consommation. Il doit ĂȘtre prĂ©sent sur les marchĂ©s 12 mois sur 12. Figure – Évolution de la production d’avocat en Martinique Analyse du dĂ©veloppement de la culture, contribution de la recherche 171Il n’y a pas eu de programme rĂ©el de dĂ©veloppement pour l’avocatier mais une initiative de quelques personnes qui a suscitĂ© ensuite l’intĂ©rĂȘt d’autres planteurs. Leur nombre n’a jamais dĂ©passĂ© une cinquantaine. 172La dĂ©marche qui a conduit les agriculteurs Ă  se lancer dans cette culture d’exportation a consistĂ© Ă  occuper des terres marginales pour la banane ou redĂ©ployer des superficies abandonnĂ©es par la canne Ă  sucre et profiter d’un rĂ©seau export existant. À l’époque, ces agriculteurs considĂ©raient qu’un arbre par dĂ©finition est une espĂšce rustique qui ne demande que peu d’entretien. En relation avec un ou deux prĂ©curseurs du commerce de l’avocat en France, ils introduisirent des variĂ©tĂ©s floridiennes et, dĂšs les premiĂšres productions, constatĂšrent qu’une seule des variĂ©tĂ©s introduites Lula convenait au transport et Ă  la commercialisation Bertin, 1971. 173TrĂšs vite, de nombreux problĂšmes sont apparus et, avec la constitution de la SICAMA, on a fait appel Ă  un appui de la recherche. Ainsi, en 1969, l’IRFA Institut de recherche sur les fruits et les agrumes mettait Ă  disposition de la SICAMA un ingĂ©nieur Ă  mi-temps. Ce dernier Ă©tait chargĂ© de former les arboriculteurs, de rĂ©soudre leurs problĂšmes techniques et de mettre en place une sĂ©rie d’expĂ©rimentations destinĂ©es Ă  amĂ©liorer les connaissances en matiĂšre d’avocat en climat tropical humide. Cette collaboration a durĂ© prĂšs de dix ans et a permis d’acquĂ©rir bon nombre de rĂ©sultats sur la taille Bertin, 1976, inconnue jusqu’alors, la nutrition, le contrĂŽle phytosanitaire, la rĂ©colte et l’emballage mais aussi la transformation huile. 174ParallĂšlement, une assistance technique permanente Ă©tait apportĂ©e aux agriculteurs sous forme de visites de plantation et d’un bulletin technique bimensuel. La planification des rĂ©coltes Ă©tait Ă©galement effectuĂ©e pour le groupement SICAMA et des voyages d’études ont Ă©tĂ© organisĂ©s aux États-Unis Floride, Californie et en IsraĂ«l. Une pĂ©piniĂšre gĂ©rĂ©e par le mĂȘme agent IRFA pour le compte de SICAMA a permis de fournir les plants pour les nouvelles plantations. 175Dans le domaine plus fondamental, des Ă©tudes sur les fruits, le diagnostic foliaire, le bilan minĂ©ral ont Ă©tĂ© conduites et des prospections ont Ă©tĂ© effectuĂ©es au Guatemala pour tenter de trouver des variĂ©tĂ©s rĂ©sistantes au phytophtora. 176L’ensemble de ces travaux, complĂ©tĂ©s par l’introduction de la variĂ©tĂ© Tonnage » plus performante que Lula, a permis de maĂźtriser correctement l’itinĂ©raire technique de la plante dans les conditions martiniquaises Gaillard, 1987. Vers les annĂ©es 1975-78, on a vu se constituer des vergers rĂ©pondant Ă  une vĂ©ritable dĂ©marche d’arboriculteur terrains bien choisis, mĂ©canisables, achat de matĂ©riels spĂ©cifiques, installation de station de conditionnement performant. Discussion et enseignements Ă  tirer 177Cette premiĂšre expĂ©rience de diversification Ă  la Martinique a Ă©tĂ© qualifiĂ©e de courageuse » par certains. Elle aura durĂ© prĂšs de vingt ans, et a occasionnĂ© parfois une rĂ©munĂ©ration substantielle. Comment peut-on expliquer le dĂ©clin brutal de cette culture ? Était-il prĂ©visible ? Existait-il des solutions pour sauvegarder cette production ? 178Dans le cas du dĂ©veloppement de l’avocat, l’élĂ©ment majeur a Ă©tĂ© la mĂ©connaissance totale de cette culture qui en Ă©tait encore Ă  ses balbutiements dans les pays les plus avancĂ©s. Dans les zones tropicales, trĂšs peu de rĂ©fĂ©rences Ă©taient disponibles. Les recherches adaptatives n’ont fait qu’accompagner le dĂ©veloppement de la culture avec toutes les approximations que cela comportait. 179Ce handicap technique, aggravĂ© par un manque de formation ou de tradition arboricole, a conduit Ă  des erreurs plus ou moins graves en particulier, sur la qualitĂ© des fruits exportĂ©s. Cela a entraĂźnĂ© une assez mauvaise rĂ©putation de l’origine Martinique, comparĂ©e Ă  des provenances mĂ©diterranĂ©ennes oĂč il est beaucoup plus facile d’atteindre un bon niveau de qualitĂ©. 180Les circuits commerciaux empruntĂ©s n’ont pas posĂ© de rĂ©els problĂšmes car il n’y avait pas, du moins au dĂ©but, de nombreux spĂ©cialistes en fruits tropicaux. L’erreur a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© de ne pas Ă©voluer, comme d’autres pays, vers une structure de vente pouvant traiter directement avec la grande distribution lorsque celle-ci s’est dĂ©veloppĂ©e. Les statistiques montrent la marginalisation progressive de la part de marchĂ© Martinique » par rapport Ă  ses principaux concurrents IsraĂ«l, Afrique du Sud, Espagne. Une tentative de sauvetage de la production a Ă©tĂ© mise en place en 1986 par un financement de l’ODEADOM Office de dĂ©veloppement de l’économie agricole des dĂ©partements d’outre-mer pour un montant de 400 KF. Cette aide n’a pas suffi Ă  enrayer le dĂ©clin de cette culture. Il faut signaler que la progression fulgurante de l’Espagne, pays de la communautĂ© et de surcroĂźt trĂšs proche des marchĂ©s de grande consommation, a Ă©tĂ© dĂ©cisive. La prĂ©fĂ©rence communautaire ne pouvait jouer et la Martinique se trouvait donc en concurrence directe avec un pays ayant tous les atouts. 181Concernant la pĂ©riode de commercialisation Bertin et al., 1972, la Martinique avait misĂ© sur la prĂ©cocitĂ© des variĂ©tĂ©s Lula et Tonnage. En fait, la commercialisation de ces variĂ©tĂ©s entre juillet et septembre Ă©tait trop prĂ©coce pour obtenir des fruits de bonne qualitĂ©. C’est seulement Ă  partir de fin septembre que la qualitĂ© du fruit commence Ă  se manifester, c’est-Ă -dire au moment des premiers arrivages d’IsraĂ«l. 182Cet ensemble de considĂ©rations permet de suggĂ©rer les rĂ©ponses aux questions posĂ©es La culture tropicale de l’avocat soumise Ă  des difficultĂ©s climatiques cyclones, Ă  la pression phytosanitaire, Ă©galement handicapĂ©e par des approximations techniques, n’a pu se maintenir Ă  la Martinique devant une concurrence internationale dĂ©terminante dans ce dĂ©clin. La concurrence de l’Espagne Ă©tait prĂ©visible mais n’a peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© suffisamment prise au sĂ©rieux. Pour sauvegarder en partie cette production, il aurait probablement fallu une vision plus prospective du marchĂ© et essayer de reconvertir cette production sur un crĂ©neau de fruits de race antillaise, exportĂ©s par avion pour des consommateurs avertis. Cela n’aurait durĂ© qu’un temps, car un autre pays tropical, probablement ACP Afrique CaraĂŻbe Pacifique, aurait rapidement saisi l’opportunitĂ©. La commercialisation de l’origine Martinique sur les mĂȘmes marchĂ©s que les autres origines lui aura Ă©tĂ© fatale. On constate que l’avocat Martinique sans aide financiĂšre spĂ©cifique n’était pas viable Ă  long terme. La lime de Tahiti Historique 183Le citron Gallet ou lime antillaise a toujours Ă©tĂ© cultivĂ© dans les jardins familiaux. Ses utilisations sont multiples dans la cuisine locale en particulier pour le poisson et pour aromatiser le punch ». Comme pour l’avocatier, on peut Ă©galement analyser le dĂ©veloppement de la lime en plusieurs phases figure Entre 1965 et 1975, les premiĂšres initiatives de culture de la lime se focalisent sur la lime antillaise ou encore lime mexicaine. Une vingtaine d’hectares est plantĂ©e pour un Ă©coulement Ă  destination du marchĂ© local mais Ă©galement pour quelques exportations. Dans le courant des annĂ©es 1970, la SICAMA innove en mettant au point un emballage sous film rĂ©tractable qui est apprĂ©ciĂ© par les importateurs. Cependant, la lime antillaise prĂ©sente certains inconvĂ©nients qui rendent sa culture difficile le fruit est petit et cher Ă  rĂ©colter, de surcroĂźt la plante est Ă©pineuse. Enfin, cette variĂ©tĂ© est trĂšs sensible Ă  l’anthracnose Gleosporium limetticolum et les fruits sont souvent marquĂ©s de points liĂ©geux qui dĂ©prĂ©cient leur qualitĂ©. Entre 1975 et 1978, forts de quelques essais effectuĂ©s avec la lime Bearss sans Ă©pine, les agriculteurs commencent Ă  s’intĂ©resser Ă  cette lime sans pĂ©pin. AprĂšs une sĂ©lection sanitaire, l’IRFA, propose la lime de Tahiti SRA 58 et les premiers essais sont mis en place sur la Station IRFA de RiviĂšre LĂ©zarde. Les rĂ©sultats agronomiques et les perspectives commerciales de cette espĂšce Ă©tant trĂšs encourageants, la SICAMA lance auprĂšs de ses adhĂ©rents un vĂ©ritable plan de dĂ©veloppement de la lime de Tahiti. Les pouvoirs publics participent au financement des plantations et les superficies se dĂ©veloppent rapidement entre 1979 et 1981, il se plante prĂšs de 400 ha de lime de Tahiti et entre 1979 et 1984 les exportations atteignent trĂšs rapidement 1126 T. La derniĂšre phase de 1985 Ă  1996 est celle de la rĂ©gression de la culture et de l’abandon de l’exportation. Ainsi les quantitĂ©s exportĂ©es diminuent-elles trĂšs vite pour passer en dessous de la barre des 100 t. en 1991 et sont dĂ©sormais rĂ©duites Ă  zĂ©ro depuis 1994. Les superficies cultivĂ©es en limettiers n’étaient plus en 1995 que de 70 ha. Figure – Évolution de la production de lime en Martinique Analyse du programme de dĂ©veloppement, contribution de la recherche 184Contrairement Ă  l’avocatier, le dĂ©veloppement de la culture de la lime s’est appuyĂ© sur un programme rĂ©el de dĂ©veloppement proposĂ© par la profession SICAMA et aidĂ© par les pouvoirs publics subvention Ă  la plantation, aide au conditionnement Ă  l’exportation. 185Le programme visait Ă  conquĂ©rir sur l’Europe une part de 10 % du marchĂ© du citron jaune traditionnel au profit de la lime. La production devait atteindre 10 000 t. pour une superficie cultivĂ©e de 500 ha. Les importateurs traditionnels circuit bananes avocats pensaient que l’objectif Ă©tait ambitieux mais rĂ©alisable. 186Les problĂšmes qui sont apparus Ă©taient de deux ordres techniques et commerciaux. Les problĂšmes techniques 187Comme pour l’avocat, peu de recherches spĂ©cifiques dans les conditions antillaises avaient Ă©tĂ© effectuĂ©es. Il a fallu former les agriculteurs Ă  la conduite des agrumes et particuliĂšrement sur les opĂ©rations les plus dĂ©licates, telles que la taille ou le contrĂŽle des ravageurs. 188Dans le domaine phytosanitaire, les agriculteurs ont Ă©tĂ© trĂšs vite confrontĂ©s Ă  des pullulations d’acariens Polyphagotarsonemus latus Bank et Ă  des attaques de larves de hannetons Diaprepes abreviatus qui ont causĂ© des ravages importants avant d’ĂȘtre maĂźtrisĂ©es. 189En matiĂšre de conditionnement et de conservation des fruits, il a fallu Ă©galement mettre au point des emballages, dĂ©finir des stades de rĂ©colte et Ă©viter les problĂšmes d’olĂ©ocellose en Ă©vitant de rĂ©colter par temps pluvieux ; la coloration et le point de coupe ont Ă©galement Ă©tĂ© des Ă©lĂ©ments dĂ©terminants pour la commercialisation. Tous ces problĂšmes ont Ă©tĂ© rĂ©solus progressivement mais ont Ă©tĂ© source de pertes financiĂšres pour certains agriculteurs Bertin et al., [1980]. Les problĂšmes commerciaux 190La lime de Tahiti ne reprĂ©sentant sur les marchĂ©s europĂ©ens qu’un produit trĂšs secondaire et pratiquement inconnu des consommateurs, il Ă©tait assez difficile d’avoir des prospectives de marchĂ© sĂ©rieuses. 191La production antillaise augmentant trĂšs rapidement, les cours se sont effondrĂ©s au-delĂ  de la limite de rentabilitĂ© entraĂźnant trĂšs rapidement le dĂ©clin de la culture. La qualitĂ© du produit souvent inĂ©gale n’a pas amĂ©liorĂ© l’image de marque de la Martinique. 192Cependant, un crĂ©neau, beaucoup moins important que celui prĂ©vu, a Ă©tĂ© ouvert et d’autres origines sont venues concurrencer le citron vert antillais ». Cela a Ă©tĂ© particuliĂšrement le cas du BrĂ©sil ou du Mexique qui pouvaient proposer une qualitĂ© irrĂ©prochable en n’exportant que la partie la plus marchande, le reste Ă©tant aisĂ©ment Ă©coulĂ© sur le marchĂ© local. Le rĂŽle menĂ© par la recherche 193Dans ce contexte, la recherche agronomique menĂ©e par l’IRFA a Ă©tĂ© trĂšs sollicitĂ©e Contrairement Ă  l’avocat, quelques rĂ©fĂ©rences locales avaient Ă©tĂ© acquises puisqu’une parcelle expĂ©rimentale de 1 ha avait Ă©tĂ© mise en place en 1977, permettant de tester la variĂ©tĂ© dans les conditions locales. Par ailleurs, le savoir-faire agrumes de l’Institut pouvait assez facilement ĂȘtre adaptĂ© en Martinique. Les problĂšmes de fond, porte-greffes, virus, Ă©taient dĂ©jĂ  bien connus, ce qui permettait d’espĂ©rer des rĂ©sultats satisfaisants. La multiplication du matĂ©riel vĂ©gĂ©tal comme pour l’avocat a Ă©tĂ© menĂ©e par l’IRFA pour le compte de la SICAMA. Ainsi la pĂ©piniĂšre de RiviĂšre LĂ©zarde a-t-elle multipliĂ© quelque 80 000 plants pour les agriculteurs. Des Ă©tudes complĂštes ont Ă©tĂ© menĂ©es sur les TarsonĂšmes et le Diaprepes en relation avec des entomologistes de l’INRA qui permirent de maĂźtriser ce problĂšme. Des formations d’agriculteurs mais aussi de leurs employĂ©s ont Ă©tĂ© dispensĂ©es au cours des phases de mise en plantation puis de production. 194En conclusion, l’échec du dĂ©veloppement de la lime de Tahiti nous apparaĂźt exemplaire pour l’étude de la diversification des cultures car il pose de nombreuses questions Doit-on engager un programme sans mener des Ă©tudes Ă©conomiques prospectives trĂšs poussĂ©es ? Peut-on rĂ©ellement envisager une culture de diversification sans perspective d’écoulement local ou de transformation assurĂ©e ? Les financements publics type subvention de plantation ou aides au conditionnement peuvent-ils ĂȘtre mobilisĂ©s sans que les Ă©tudes Ă©conomiques susmentionnĂ©es ne soient lancĂ©es ? 195AprĂšs coup, il est bien sĂ»r plus simple de poser ces questions qui doivent cependant permettre d’engager une rĂ©flexion et de dĂ©gager des enseignements pour de futures opĂ©rations. La goyave Historique 196Le programme de dĂ©veloppement de la goyave Ă  la Martinique est beaucoup plus rĂ©cent puisqu’il date de 1990. En fait, la production de goyave pour la transformation est assez ancienne puisqu’elle a dĂ©marrĂ© dans la fin des annĂ©es 1960. Comme prĂ©cĂ©demment, on peut distinguer plusieurs pĂ©riodes figure 197‱ 1968 Ă  1982 198Deux unitĂ©s de transformation de Martinique, orientĂ©es principalement sur la conserve d’ananas, s’engagent dans la diversification de leurs produits jus de fruits tropicaux, nectars, confitures, pĂątes de fruits. La goyave montre un dĂ©veloppement commercial encourageant et les industriels, qui jusqu’alors s’approvisionnaient sur des fruits sauvages ramassĂ©s par des fournisseurs irrĂ©guliers, envisagent de s’approvisionner Ă  partir de vĂ©ritables cultures. 199L’usine DENEL plante des goyaves non sĂ©lectionnĂ©es sur des superficies de l’ordre de 20 ha et la SOCOMOR engage les producteurs Ă  planter Ă©galement ce fruit. 200Les premiĂšres variĂ©tĂ©s sĂ©lectionnĂ©es, Red SuprĂȘme Ruby de la collection IRFA et Centeno Prolific en provenance de Trinidad, sont plantĂ©es pour constituer un verger de l’ordre de 30 ha. 201‱ 1982 Ă  1990 202La SOCOMOR manquant de produit engage son principal adhĂ©rent Ă  planter de nouvelles superficies. Ainsi 13 ha sont-ils Ă  nouveau plantĂ©s. Pour rĂ©aliser ces plantations une Ă©tude de l’aptitude Ă  la transformation est effectuĂ©e avec l’IRFA afin de multiplier des variĂ©tĂ©s Ă  haut rendement et convenant bien Ă  la transformation pectines, aciditĂ©. 203MalgrĂ© ces nouvelles plantations, les industriels sont obligĂ©s d’importer de l’étranger pour satisfaire les besoins du marchĂ© en jus. 204‱ 1990 Ă  1997 205Une demande d’aide est faite Ă  l’Office de dĂ©veloppement de l’agriculture des dĂ©partements d’outre-mer ODEADOM. Le CIRAD/IRFA est chargĂ© de rĂ©aliser une Ă©tude dĂ©finissant les objectifs et modalitĂ©s d’un plan de dĂ©veloppement de la goyave pour la transformation Bertin et Picasso, 1990. 206Les industriels affichant un besoin global de 1800 t. Ă  terme et les quantitĂ©s disponibles Ă©tant de 600 tonnes, il est convenu de mettre en place un programme de plantation de 60 ha permettant de produire Ă  terme 1900 tonnes de fruits. 207Sur les 60 ha prĂ©vus par le programme plus de 50 ha ont Ă©tĂ© mis en culture entre 1993 et la fin 1996, et l’objectif Ă©tait pratiquement atteint en 1997. 208La production commence Ă  s’établir alors que les importations de pulpe sont encore effectuĂ©es pour un tiers de la production. Figure – Évolution des surfaces en goyavier en Martinique Analyse du programme et contribution de la recherche 209Le programme de dĂ©veloppement de la goyave prĂ©sente par rapport aux cas prĂ©cĂ©dents l’intĂ©rĂȘt d’avoir Ă©tĂ© mis en place aprĂšs une Ă©tude agroĂ©conomique prĂ©alable. 210Les objectifs de production restent compatibles avec la taille du marchĂ© visĂ© par les industriels locaux. 211Le programme s’accompagne d’aides Ă  la plantation mais fait aussi l’objet d’une structuration du milieu professionnel et d’une assistance technique spĂ©cifique. 212Dans ce contexte, le CIRAD/FLHOR est intervenu ou intervient sur plusieurs points Une sĂ©lection des variĂ©tĂ©s a Ă©tĂ© proposĂ©e. Un cahier des charges pour la rĂ©alisation des plantations a Ă©tĂ© proposĂ©. La formation du technicien affectĂ© au programme s’est Ă©galement effectuĂ©e au CIRAD/FLHOR. Le CIRAD/FLHOR participe Ă  un comitĂ© de pilotage et de suivi qui rĂ©ceptionne les vergers subventionnĂ©s par l’ODEADOM. 213Cette forte implication dans le programme permet Ă©galement d’avoir un suivi technique trĂšs rapprochĂ© de l’opĂ©ration et d’orienter les recherches sur les facteurs susceptibles de limiter les performances de la culture taille, rĂ©colte, orientation de la production, nouvelles variĂ©tĂ©s, apparition de nouveaux ravageurs ou de nouvelles maladies. 214En dĂ©finitive, cette relation Ă©troite entre les producteurs et la recherche permet de mener ce programme en corrigeant les erreurs observĂ©es et a incontestablement une certaine efficacitĂ©. On peut, pour le moment, constater une assez bonne rĂ©ussite de cette opĂ©ration qui, cependant, montre une certaine fragilitĂ©. Les raisons en sont les suivantes Le groupement de producteurs créé est prĂ©sidĂ© et animĂ© par le directeur de l’usine de transformation, ce qui ne va pas forcement dans le sens de l’intĂ©rĂȘt des agriculteurs. Parmi les adhĂ©rents, on relĂšve quelques Ă©checs consĂ©cutifs, le plus souvent, Ă  une marginalisation trop grande de la goyave par rapport aux autres cultures. L’appui technique dispensĂ© par un technicien pendant trois ans n’est plus assurĂ©. Le suivi des parcelles semble ĂȘtre moins bien rĂ©alisĂ© alors qu’il serait important de l’amĂ©liorer au moment des premiĂšres productions. Le cahier des charges concernant la qualitĂ© des fruits livrĂ©s Ă  la transformation et les horaires de livraison imposĂ©s ne conviennent pas toujours aux agriculteurs. Discussion et enseignements Ă  tirer 215L’opĂ©ration de dĂ©veloppement de la goyave semble pour le moment tout Ă  fait viable et il est intĂ©ressant d’en expliquer les raisons L’opĂ©ration ne portant que sur 60 ha de culture reste Ă  la dimension du marchĂ© antillais et du peu d’exportation qui s’ensuit. L’étude agroĂ©conomique prĂ©alable a permis de cerner les prix de culture et de fixer un prix rĂ©munĂ©rateur pour les agriculteurs tout en conservant les intĂ©rĂȘts des transformateurs. Les mesures d’accompagnement du programme sont particuliĂšrement intĂ©ressantes structuration des professionnels, assistance technique et comitĂ© de suivi permettent de corriger les erreurs de conception du programme et d’avoir une bonne relation recherche-dĂ©veloppement. L’opĂ©ration est bĂątie sur un produit transformĂ© Ă  plus grande valeur ajoutĂ©e qu’un produit frais. L’incidence du coĂ»t de transport Ă  l’exportation est proportionnellement moins importante. Le produit transformĂ© se conserve et permet de rĂ©guler le marchĂ©. L’incidence de la concurrence des pulpes de goyaves Ă©trangĂšres est moins importante mĂȘme si les coĂ»ts Ă  l’importation sont infĂ©rieurs Ă  la production locale. En effet, le produit importĂ© doit subir une pasteurisation supplĂ©mentaire, ce qui lui confĂ©rera une qualitĂ© infĂ©rieure Ă  la production locale. 216L’opĂ©ration goyave » de la Martinique se distingue des opĂ©rations prĂ©cĂ©dentes par l’ensemble des caractĂšres citĂ©s prĂ©cĂ©demment et devrait pouvoir se dĂ©rouler avec succĂšs car l’ensemble des facteurs qui conditionnent la filiĂšre ont Ă©tĂ© pris en compte. Il nous semble que cet exemple, s’il aboutit, pourra ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ© sur d’autres productions envisageables dans les conditions antillaises. La diversification maraĂźchĂšre 217Deux exemples de diversification basĂ©e sur les productions maraĂźchĂšres seront prĂ©sentĂ©s l’aubergine et le melon dont le dĂ©veloppement est encore en cours. L’aubergine Historique 218Le graphique de la figure prĂ©sente l’évolution des productions d’aubergine Ă  la Martinique. 219L’aubergine est traditionnellement peu consommĂ©e Ă  la Martinique seules quelques variĂ©tĂ©s locales Ă  Ă©piderme blanc sont cultivĂ©es et utilisĂ©es en trĂšs petites quantitĂ©s. La culture de l’aubergine pour l’exportation est apparue en 1965-66 il s’agissait d’exploiter le crĂ©neau de contre-saison en mĂ©tropole de dĂ©cembre Ă  avril, oĂč les prix sont Ă©levĂ©s. 220L’extension de la culture a connu quatre phases 221- DĂ©marrage. 222Avant 1966 quelques tonnes sont exportĂ©es chaque annĂ©e. En 1967-68, un agriculteur installe 12 ha d’aubergine et exporte prĂšs de 700 tonnes. Devant son succĂšs, l’engouement est immĂ©diat 59 ha sont installĂ©s en 1968-69 et 175 ha en 1969-70. L’ensemble de la production est commercialisĂ© par la SICAMA, sociĂ©tĂ© créée en 1966. 223La SICAMA assure aussi la production des plants d’aubergine en gĂ©rant une pĂ©piniĂšre Daly et al., 1977. 224- Stabilisation haute. 225En 1969-70, les cours sont restĂ©s bas du fait de la concurrence internationale IsraĂ«l, Maroc. De plus, les problĂšmes phytosanitaires et en particulier les pertes dues au flĂ©trissement bactĂ©rien sont importants. L’annĂ©e suivante 1970/71, seulement 95 ha sont plantĂ©s. La mise Ă  disposition par l’IRAT de la variĂ©tĂ© Madinina fortement tolĂ©rante au flĂ©trissement bactĂ©rien en 1972, ainsi que des prix Ă  l’exportation Ă  peu prĂšs stables, permettent aux surfaces plantĂ©es d’augmenter puis de se stabiliser autour de 150 ha sur la pĂ©riode 1972/73 Ă  1974/75 Daly, 1986. 226- Stabilisation basse. 227La concurrence internationale augmente Espagne, Maroc, IsraĂ«l et les prix baissent. 228Seuls les producteurs les plus concurrentiels continuent Ă  produire grĂące Ă  deux facteurs Organisation la SICAMA et la SICAF Guadeloupe s’organisent pour rĂ©guler les apports sur le marchĂ© mĂ©tropolitain ; une caisse de pĂ©rĂ©quation est créée. Technique la mise sur le marchĂ©, par l’INRA et l’IRAT, en 1976, de la variĂ©tĂ© Kalenda, rĂ©sistante Ă  l’anthracnose, permet d’amĂ©liorer la qualitĂ© des produits qui arrivent sur le marchĂ© Daly, 1986. 229Les surfaces en culture se stabilisent autour de 60 hectares pour la pĂ©riode 1976-80. 230‱ Le dĂ©clin 231À partir de 1980, les problĂšmes phytosanitaires se multiplient les pertes liĂ©es Ă  Pseudomonas solanacearum et Ă  Fusarium solani augmentent, consĂ©quences de la monoculture Messiaen, 1983. 232ParallĂšlement, la pression de la concurrence internationale s’intensifie, en particulier suite Ă  l’entrĂ©e en force de l’Espagne sur le marchĂ© français. 233Les surfaces diminuent jusqu’à une dizaine d’hectares en 1985, quand un nouveau ravageur apparaĂźt en 1985 le Thrips palmi, qui rend les fruits invendables. Ce dernier Ă©vĂ©nement met fin Ă  cette expĂ©rience de diversification. Figure – Évolution de la production d’aubergine en Martinique Analyse du dĂ©veloppement de la culture, contribution de la recherche 234L’initiative de cette action est le fait de quelques agriculteurs, suscitant ensuite l’intĂ©rĂȘt d’autres planteurs. L’action, tout au moins au dĂ©part, n’a donc pas Ă©tĂ© planifiĂ©e. En revanche, la profession s’est assez rapidement structurĂ©e au sein de la SICAMA et, aprĂšs une pĂ©riode de concurrence, les producteurs de la Martinique et de la Guadeloupe se sont entendus pour rĂ©gulariser les mises en marchĂ©. 235Techniquement, les problĂšmes furent de deux ordres La pĂ©riode de commercialisation favorable, de dĂ©cembre Ă  mai, correspond Ă  la saison de faible pluviomĂ©trie en Martinique. Les dĂ©ficits hydriques sont frĂ©quents et pĂ©nalisent la production. Seules se sont maintenues les exploitations qui disposaient d’une ressource en eau cours d’eau ou borne dans un pĂ©rimĂštre d’irrigation. La pression phytosanitaire a Ă©tĂ© intense et la pratique de la monoculture conçue selon le modĂšle bananier par la plupart des exploitants a intensifiĂ© ce problĂšme. 236La recherche a Ă©tĂ© prĂ©sente dĂšs le dĂ©but de l’action, mais n’a pas prĂ©cĂ©dĂ© le dĂ©veloppement de la culture. DĂšs 1967, l’IRAT Ă©value une collection de variĂ©tĂ©s pour la rĂ©sistance au P. solanacearum, agent causal du flĂ©trissement bactĂ©rien. Devant l’absence de variĂ©tĂ© Ă  la fois tolĂ©rante Ă  P. solanacearum et adaptĂ©e au marchĂ© d’exportation, un programme de sĂ©lection est mis en place et la variĂ©tĂ© Madinina est disponible dĂšs 1972. Puis, en 1976, la collaboration INRA-IRAT met Ă  disposition des agriculteurs la variĂ©tĂ© Kalenda Daly, 1986. Les semences sont alors multipliĂ©es par la recherche. Des itinĂ©raires techniques sont mis au point techniques de pĂ©piniĂšre, densitĂ©, protection phytosanitaire, fertilisation et proposĂ©s aux agriculteurs. 237ParallĂšlement, une assistance technique permanente Ă©tait apportĂ©e aux agriculteurs sous forme de visites de plantation et, en Guadeloupe, par la mise Ă  disposition d’un ingĂ©nieur auprĂšs de l’association des producteurs. Discussion et enseignements Ă  tirer 238Cette expĂ©rience de diversification aura durĂ© 18 ans de 1967 Ă  1985. Pour quelles raisons cette expĂ©rience a-t-elle Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e ? Pouvait-on la prolonger ? 239Dans le cas du dĂ©veloppement de l’aubergine, l’éloignement des marchĂ©s a Ă©tĂ© compensĂ© en bĂ©nĂ©ficiant des circuits commerciaux de la banane jusqu’à l’arrivĂ©e sur le marchĂ© de l’Espagne. Les handicaps naturels et les approximations techniques n’ont pas permis de maintenir la culture soumise Ă  une concurrence internationale qui est la principale raison de l’abandon de cette culture. La concurrence de l’Espagne Ă©tait prĂ©visible, mais la lutte Ă©tait inĂ©gale en technicitĂ©, en recherche, en logistique. 240Pour autant, on ne peut pas considĂ©rer que l’expĂ©rience fut un Ă©chec. L’initiative des producteurs martiniquais a permis de crĂ©er un marchĂ© inexistant. La concurrence de pays ayant des avantages certains main-d’Ɠuvre Ă  bon marchĂ© ou proximitĂ© des marchĂ©s Ă©tait inĂ©vitable. Une meilleure gestion technique irrigation, rotations, production de plants en substrat dĂ©sinfectĂ©, mise Ă  disposition d’une variĂ©tĂ© rĂ©sistante au P. solanacearum et Ă  l’anthracnose, intensification rapide des recherches sur le Thrips palmi aurait peut-ĂȘtre pu retarder l’échĂ©ance mais non l’éliminer. Il aurait peut-ĂȘtre fallu prendre conscience de la fin probable de l’expĂ©rience et profiter des structures mises en place pour prĂ©parer une reconversion. Le melon Historique 241Le graphique de la figure prĂ©sente l’évolution des productions de melon Ă  la Martinique Avant 1975, le melon est cultivĂ© en Martinique en culture pluviale pour une consommation locale d’étĂ© juillet Ă  septembre. Les surfaces n’excĂšdent pas une vingtaine d’hectares. En 1975, la variĂ©tĂ© Chilton est diffusĂ©e sur le marchĂ© local, par l’IRAT Daly, 1991. Il s’agit d’une variĂ©tĂ© de type brodĂ© Cantaloup amĂ©ricain, bien adaptĂ©e aux conditions locales, puisqu’elle rĂ©siste Ă  l’éclatement, Ă  l’oĂŻdium Erysiphe cichoracearum, au mildiou Pseudoperonospora cubense et Ă  Mycospherella melonis AnaĂŻs et Kaan, 1978. La mise Ă  disposition de cette variĂ©tĂ© rustique et la disponibilitĂ© de l’irrigation sur le pĂ©rimĂštre du Sud-Est permettent Ă  quelques agriculteurs de se lancer dans une culture d’exportation pour le marchĂ© mĂ©tropolitain de contre-saison janvier-mai. Malheureusement, la variĂ©tĂ© Chilton ne correspond pas au goĂ»t des consommateurs qui sont habituĂ©s au goĂ»t Cantaloup charentais et les quantitĂ©s exportĂ©es ne dĂ©passeront pas 35 tonnes De Bon et al., 1990. En revanche, le marchĂ© local absorbait sans difficultĂ© les 700 Ă  1000 tonnes de production annuelle. En 1985, des sociĂ©tĂ©s de production de melon du sud de la mĂ©tropole dĂ©cidĂšrent de s’installer Ă  la Guadeloupe puis un an plus tard Ă  la Martinique. Il s’agissait pour ces sociĂ©tĂ©s d’étendre leur pĂ©riode de commercialisation en occupant le crĂ©neau de contre-saison et par lĂ  de fidĂ©liser leur clientĂšle. Des expĂ©riences dĂ©cevantes en Afrique SĂ©nĂ©gal et les possibilitĂ©s de dĂ©fiscalisation dans les DOM ont fait pencher la balance en faveur des Antilles. 242Ces sociĂ©tĂ©s ont tout de suite adoptĂ© la variĂ©tĂ© Alpha qui correspondait au standard Cantaloup charentais, mĂȘme si cette variĂ©tĂ© est plus fragile que Chilton. Sur les conseils de l’IRAT Daly, ces sociĂ©tĂ©s se sont installĂ©es dans le sud de l’üle zone plus propice au melon pour des raisons sanitaires peu de nĂ©matodes, peu d’insectes vecteurs de viroses, sols chimiquement Ă©quilibrĂ©s. 243En 1992, les surfaces atteignent 170 hectares pour une production de 2300 tonnes dont 1700 sont exportĂ©es 77 % de la production. 244À partir de 1993, les exportations ont tendance Ă  stagner mais le marchĂ© local prend la relĂšve et la production atteint prĂšs de 3000 tonnes en 1995 dont 50 % seulement seront exportĂ©es. Les prix sont moins rĂ©munĂ©rateurs du fait de la concurrence de pays d’AmĂ©rique du Sud, du Maroc et de l’Espagne qui proposent un produit diffĂ©rent moins parfumĂ© et plus sucrĂ© un melon de longue conservation qui peut ĂȘtre exportĂ© par bateau et camion. Ce nouveau produit s’adapte bien aux exigences de la distribution en grandes surfaces le melon de contre-saison est banalisĂ© et n’est plus considĂ©rĂ© comme un produit de luxe. Figure – Évolution de la production de melon en Martinique Analyse du dĂ©veloppement de la culture, contribution de la recherche 245L’initiative provient d’une dĂ©marche commerciale des sociĂ©tĂ©s, spĂ©cialisĂ©es dans la commercialisation de fruits et lĂ©gumes, s’installent aux Antilles pour Ă©tendre leur pĂ©riode de commercialisation. La demande est bien dĂ©finie en termes de qualitĂ© du produit Ă  exporter et de calendrier d’expĂ©dition La qualitĂ© il s’agit de melon type Cantaloup charentais et la variĂ©tĂ© Alpha bien connue en mĂ©tropole est choisie. Cette variĂ©tĂ© s’adapte bien au climat tropical en saison sĂšche, mais est plus sensible que les variĂ©tĂ©s Cantaloup amĂ©ricain Ă  l’éclatement ainsi qu’aux maladies. Ces contraintes sont minimisĂ©es dans la zone la plus sĂšche de l’üle, le sud-est, qui bĂ©nĂ©ficie d’un rĂ©seau d’irrigation mis en place en 1979. Le calendrier il est gĂ©rĂ© par la demande commerciale qui communique les quantitĂ©s Ă  exporter semaine par semaine. La production est expĂ©diĂ©e par avion, car le melon Alpha ne se conserve pas au-delĂ  de quelques jours. Cela oblige Ă  une rigueur accrue au niveau des rythmes de production et n’est possible que grĂące Ă  la prĂ©sence d’un rĂ©seau de transport aĂ©rien rĂ©gulier et dense. 246Quelques petits producteurs locaux ont Ă©tĂ© associĂ©s par le biais de contrats Ă  ces sociĂ©tĂ©s de production. Ils ont pu bĂ©nĂ©ficier de transfert de technologie et des rĂ©seaux commerciaux en place. Toutefois, ce type d’association est en perte de vitesse avec la chute des prix Ă  l’exportation. 247Les caractĂ©ristiques de cette production sont donc les suivantes une bonne technicitĂ© melonniĂšre de producteurs spĂ©cialisĂ©s depuis longtemps en mĂ©tropole ; une intĂ©gration de la filiĂšre de la production Ă  la commercialisation qui assure une mise en marchĂ© optimale ; une association avec de petits producteurs locaux qui a permis un certain transfert de savoir-faire. 248En voici les Ă©volutions possibles pour les annĂ©es Ă  venir Il ne sera pas possible de concurrencer les pays exportateurs de melon longue conservation dans les DOM. Certains gros producteurs des DOM ont d’ailleurs commencĂ© Ă  dĂ©localiser leur production Ă  Saint-Domingue Champion, 1995. L’exportation ne se maintiendra Ă  un niveau attrayant quantitĂ© et prix que si la qualitĂ© Antilles » est reconnue cela nĂ©cessite une labellisation et des actions de marketing. L’absence d’entente entre les principaux producteurs empĂȘche toute initiative en ce sens. Le marchĂ© local reste porteur 1500 Ă  2000 tonnes peuvent ĂȘtre Ă©coulĂ©es chaque annĂ©e Ă  des prix Ă©quivalents Ă  ceux de l’exportation au dĂ©part de Martinique. 249Les problĂšmes techniques ont, dans l’ensemble, Ă©tĂ© assez bien maĂźtrisĂ©s par des producteurs qui avaient une longue expĂ©rience de la culture de melon et les moyens de s’équiper. Toutefois, la pression phytosanitaire a Ă©tĂ© intense dĂšs que les surfaces ont Ă©tĂ© significatives, et ce d’autant que l’absence de rotation Ă©tait la rĂšgle. La mauvaise connaissance de ces ravageurs tropicaux a souvent abouti Ă  l’utilisation intense et irraisonnĂ©e de pesticides essentiellement fongicides et insecticides ainsi, on a vu apparaĂźtre Thrips palmi, puis les mouches mineuses Lyriomiza sativae, puis l’aleurode Bemisia tabaci et derniĂšrement les pucerons Aphis gossypii. 250Les recherches sur le melon aux Antilles IRAT et INRA ont commencĂ© dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1960 par le choix variĂ©tal, puis les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments de l’itinĂ©raire technique ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s. Une sĂ©lection a Ă©tĂ© entreprise pour fournir des variĂ©tĂ©s bien adaptĂ©es aux conditions pĂ©doclimatiques et parasitaires cette sĂ©lection s’est orientĂ©e vers des melons de type Cantaloup amĂ©ricain bien adaptĂ©s aux contraintes locales et bien acceptĂ©s sur le marchĂ© local mais pas Ă  l’exportation. L’IRAT a aussi suivi les expĂ©riences d’exportation de ce melon dans les annĂ©es 1977-78. 251Quand la culture d’exportation s’est dĂ©veloppĂ©e Ă  partir de 1986 avec la variĂ©tĂ© Alpha, les recherches ont Ă©tĂ© orientĂ©es sur le contrĂŽle des insectes et l’assistance technique aux producteurs s’est souvent limitĂ©e Ă  ce domaine Desnoyes et al., 1986. Discussion et enseignements Ă  tirer 252Cette expĂ©rience de diversification dure maintenant depuis onze ans. Son originalitĂ© rĂ©side dans le fait qu’elle a Ă©tĂ© initiĂ©e et exĂ©cutĂ©e par une structure commerciale extĂ©rieure Ă  la Martinique qui a cherchĂ© Ă  exploiter une rente de situation climat favorable et rĂ©seau de transport aĂ©rien dense. 253Voici les raisons du succĂšs de cette opĂ©ration La bonne connaissance du marchĂ© visĂ©, la dĂ©finition prĂ©cise du produit en termes de qualitĂ© et de quantitĂ©, et la planification qui en dĂ©coule, tout cela grĂące Ă  la forte intĂ©gration commercialisation-production. La nĂ©cessitĂ© d’un rĂ©seau de transport aĂ©rien dense, ce qui limite la concurrence venant d’autres pays. La bonne technicitĂ© des exploitants, mĂȘme si les spĂ©cificitĂ©s tropicales, en particulier du point de vue phytosanitaire, ne sont qu’imparfaitement maĂźtrisĂ©es. Les investissements qui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dĂšs le dĂ©part pĂ©piniĂšres, mĂ©canisation, irrigation goutte Ă  goutte, hangar de conditionnement. Une consommation locale qui s’est dĂ©veloppĂ©e et peut absorber une grande part des excĂ©dents. Les limites en sont Une intĂ©gration faible dans le tissu socio-Ă©conomique martiniquais cela fragilise l’opĂ©ration, si les conditions deviennent dĂ©favorables dĂ©fiscalisation moins favorable par exemple, les opĂ©rateurs chercheront des opportunitĂ©s ailleurs c’est dĂ©jĂ  le cas avec la dĂ©localisation d’une partie des activitĂ©s Ă  Saint-Domingue. Une exploitation de type minier oĂč la durabilitĂ© du systĂšme de culture n’est pas une prĂ©occupation Bonneton, 1993. Analyse comparative des diffĂ©rentes expĂ©riences 254Cette analyse portera sur les cinq expĂ©riences dĂ©crites et sera Ă©toffĂ©e par des donnĂ©es des filiĂšres lĂ©gumes tomate, laitue, concombre, igname, fruit Ă  pain.... Les diffĂ©rents types de diversification 255Comme on a pu le constater, les expĂ©riences de diversification sont nombreuses et visent des marchĂ©s variĂ©s. L’avocat, la lime et l’aubergine s’adressent essentiellement aux marchĂ©s d’exportation. La goyave et les lĂ©gumes s’adressent au marchĂ© intĂ©rieur. Le melon et les fleurs peuvent indiffĂ©remment s’écouler sur les deux types de marchĂ©. 256Ces expĂ©riences de diversification sont aussi variĂ©es selon le type de produit mis en marchĂ© des produits bruts pour l’avocat, la lime, l’aubergine, les fleurs, le melon et les lĂ©gumes ou des produits transformĂ©s pour la goyave et les lĂ©gumes lĂ©gumes prĂ©cuits et congelĂ©s pour le marchĂ© local. 257Il ne faut donc pas restreindre la diversification aux seuls marchĂ©s Ă  l’exportation, mais bien prendre en compte aussi les dĂ©bouchĂ©s offerts par le marchĂ© local. 258Certaines de ces filiĂšres s’adressent aux deux marchĂ©s, ce qui permet d’amortir les variations des prix mondiaux mais aussi d’assurer l’approvisionnement permanent des marchĂ©s pour l’exportation mĂȘme en cas de problĂšme climatique ou phytosanitaire. Les contraintes de la Martinique pour la diversification Europe tropicale des coĂ»ts de production Ă©levĂ©s 259Du fait de l’éloignement des marchĂ©s d’approvisionnement, tous les intrants sont plus chers qu’en mĂ©tropole 10 Ă  30 % de plus. En outre, l’exportation des produits finis doit aussi supporter le coĂ»t supplĂ©mentaire du transport. Ces coĂ»ts supplĂ©mentaires sont particuliĂšrement pĂ©nalisants pour les productions entrant en compĂ©tition avec des pays mĂ©diterranĂ©ens Espagne, Maroc, IsraĂ«l tels l’avocat et l’aubergine. À l’opposĂ©, la production de produits frais pour le marchĂ© local bĂ©nĂ©ficie d’une certaine protection puisque les importations auront Ă  subir le coĂ»t du transport ; cela est surtout valable pour les produits se transportant par avion tels que les lĂ©gumes frais. 260Pour les produits transformĂ©s, les problĂšmes sont de mĂȘme nature mais l’incidence du transport est moindre car, dans la plupart des cas, il s’agit de transport sans chaĂźne de froid. La valeur ajoutĂ©e par la transformation rĂ©duit aussi l’incidence du prix du fret. NĂ©anmoins, la concurrence internationale avec les pays moins dĂ©veloppĂ©s reste un sĂ©rieux handicap. 261Le statut europĂ©en des DOM fait que la main-d’Ɠuvre est beaucoup plus chĂšre que dans les pays tropicaux environ sept fois plus chĂšre que dans les Ăźles de la CaraĂŻbe voisines. Or, ces pays, ayant les mĂȘmes avantages climatiques, sont ou peuvent ĂȘtre des concurrents directs. Ce facteur a Ă©tĂ© trĂšs limitant pour la lime et risque de l’ĂȘtre pour le melon des tentatives de dĂ©localisation sont en cours sur d’autres Ăźles de la CaraĂŻbe. InsularitĂ© 262La Martinique est une Ăźle, d’origine volcanique, de 1100 km2 de surface, au relief trĂšs accidentĂ© et ne comportant que 34 393 hectares cultivĂ©s en 1994, soit 31 % de sa superficie Lasserre, 1977. 263Le marchĂ© local est restreint 360 000 habitants, il ne peut donc y avoir de complĂ©mentaritĂ© entre marchĂ© Ă  l’exportation et marchĂ© local pour des produits comme l’avocat, la lime ou l’aubergine. 264Il faut toutefois nuancer cette assertion, puisque des produits comme le melon et les fleurs sont prĂ©sents sur les deux marchĂ©s. 265Enfin, on observe souvent ce que l’on peut appeler un comportement insulaire des acteurs des filiĂšres de diversification. Les cultures de diversification sont souvent Ă  l’initiative de quelques individus. La production est souvent insuffisante pour justifier une structuration du milieu professionnel Neveu, 1988. Les agriculteurs sont ainsi amenĂ©s Ă  agir en ordre dispersĂ©, ils dĂ©fendent mal leurs intĂ©rĂȘts, ils sont peu aidĂ©s par les organismes de dĂ©veloppement et les administrations. Bien souvent, ce phĂ©nomĂšne est aggravĂ© par une dĂ©marche spĂ©culative des agriculteurs ou des revendeurs qui proposent leurs produits Ă  des prix trĂšs Ă©levĂ©s, ce qui rĂ©duit fortement les possibilitĂ©s d’écoulement de grandes quantitĂ©s et favorise l’importation des mĂȘmes produits Ă  meilleur prix Neveu, 1988. Les atouts de la Martinique pour la diversification Climat 266Le climat de type tropical humide est caractĂ©risĂ© par des pluviomĂ©tries annuelles comprises entre 1679 mm pour les zones les plus sĂšches et 4645 mm/an pour les plus humides. Les tempĂ©ratures varient assez peu de 14 Ă  34 °C pour les extrĂȘmes et les moyennes de 23 Ă  27 °C selon les endroits Lasserre, 1977. La pĂ©riode sĂšche plus fraĂźche est presque inexistante sur les reliefs et bien marquĂ©e en plaine. Elle dure environ quatre mois de fĂ©vrier Ă  mai. La saison humide est particuliĂšrement sensible de septembre Ă  novembre, pĂ©riode oĂč des cyclones parfois dĂ©vastateurs peuvent ravager l’üle. Ces conditions climatiques sont favorables aux cultures traditionnelles telles que la canne Ă  sucre ou les cultures vivriĂšres ; elles sont Ă©galement favorables Ă  la banane et Ă  quelques fruits tropicaux si l’on fait abstraction du risque cyclonique et si des apports complĂ©mentaires d’irrigation sont apportĂ©s dans certaines zones. Pour bon nombre de cultures maraĂźchĂšres, les possibilitĂ©s de culture en plein champ sont limitĂ©es Ă  quelques mois dans l’annĂ©e. Le climat humide et la forte pression phytosanitaire compromettent souvent les rĂ©sultats en plein champ. En revanche, la saison sĂšche permet de produire en contre-saison de la production europĂ©enne c’est l’avantage exploitĂ© en prioritĂ© pour l’exportation par les filiĂšres aubergine et melon. 267Par ailleurs, ce climat attire les touristes, ce qui peut augmenter la demande locale de façon importante c’est le cas pour le melon. L’appartenance Ă  l’Union europĂ©enne 268La Martinique fait partie des rĂ©gions ultra pĂ©riphĂ©riques de l’Europe en retard de dĂ©veloppement. À ce titre, la Martinique bĂ©nĂ©ficie d’aides financiĂšres diverses qui visent Ă  compenser les handicaps qui viennent d’ĂȘtre Ă©noncĂ©s. De 1989 Ă  1999, la rĂ©gion a reçu 3 milliards de francs d’aides europĂ©ennes. En particulier, de nombreux investissements agricoles sont subventionnĂ©s serres, irrigation, plantations.... Toutes les productions actuelles goyave, lĂ©gumes et fleurs peuvent bĂ©nĂ©ficier de ces subventions. 269Dans ce mĂȘme cadre europĂ©en, les cultures traditionnelles d’exportation banane, canne et ananas bĂ©nĂ©ficient pour le moment d’une organisation spĂ©cifique du marchĂ© qui garantit un prix minimal Ă  la production ; cette organisation spĂ©cifique du marchĂ© n’existe pas pour les cultures de diversification. Des Ă©changes commerciaux importants avec la mĂ©tropole 270Les relations commerciales Ă©troites entre les DOM et la mĂ©tropole ont permis la mise en place d’une organisation importante des Ă©changes. Les liaisons aĂ©riennes sont nombreuses et les liaisons maritimes pour l’exportation de la banane sont rĂ©guliĂšres cela a facilitĂ© l’exportation de certains produits. Ainsi, l’aubergine, l’avocat et la lime ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’organisation commerciale de la filiĂšre banane, et le melon et la fleur profitent du rĂ©seau aĂ©rien dense pour Ă©couler leurs produits. Les chaĂźnes de froid performantes sont aussi un atout. 271Pour les produits transformĂ©s, les problĂšmes sont de mĂȘme nature mais l’incidence du transport est moindre car, dans la plupart des cas, il s’agit de transport sans chaĂźne de froid. La valeur ajoutĂ©e par la transformation rĂ©duit aussi l’incidence du prix du fret. NĂ©anmoins, la concurrence internationale avec les pays moins dĂ©veloppĂ©s reste un sĂ©rieux handicap en dehors de produits de qualitĂ© sur des niches de marchĂ©. 272Enfin, la filiĂšre banane est Ă  l’origine du dĂ©veloppement d’une logistique importante circuits commerciaux, transports, contacts... qui peut ĂȘtre utilisĂ©e par les filiĂšres de diversification. 273Toutefois, si le savoir-faire acquis pour l’exportation des bananes Ă©tait une force au dĂ©part, sa transposition intĂ©grale a posĂ© de nombreux problĂšmes car les autres circuits commerciaux n’ont pas Ă©tĂ© correctement exploitĂ©s et il n’y a pas eu d’approche globale des problĂšmes pour chacune des spĂ©culations. 274Il faut aussi considĂ©rer que le niveau de vie est Ă©levĂ© par rapport aux pays voisins ; le marchĂ© intĂ©rieur est donc exigeant en termes de qualitĂ©, ce qui donne un avantage certain aux productions de la Martinique par rapport aux productions des pays voisins. La production de produits frais pour le marchĂ© local bĂ©nĂ©ficie d’une certaine protection puisque les importations auront Ă  subir le coĂ»t du transport ; cela est surtout valable pour les produits se transportant par avion tels que les lĂ©gumes frais. L’initiative et l’étude de marchĂ© 275L’initiative a souvent Ă©tĂ© le fait de quelques individus, initiative qui a ensuite suscitĂ© l’intĂ©rĂȘt d’autres agriculteurs. C’est le cas de l’avocat, de l’aubergine et de la lime. Dans ces cas il n’y a pas d’étude de marchĂ© prospective et seule la lime a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un rĂ©el plan de dĂ©veloppement. 276Dans les deux cas, l’initiative est le fait de l’aval les usines de transformation pour la goyave et les circuits de commercialisation pour le melon. Ces expĂ©riences ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de rĂ©elles Ă©tudes de marchĂ© et les produits attendus ont Ă©tĂ© bien dĂ©finis en quantitĂ© et en qualitĂ©. La goyave a aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un plan de dĂ©veloppement, alors que l’expĂ©rience du melon est restĂ©e l’affaire de quelques sociĂ©tĂ©s privĂ©es. Financement et aides 277La diversification des cultures est, en principe, fortement encouragĂ©e par les pouvoirs publics et bĂ©nĂ©ficie d’aides spĂ©cifiques qui favorisent son dĂ©veloppement. Ainsi, on peut citer la subvention aux plantations fruitiĂšres, l’aide aux Ă©quipements serres en maraĂźchage, les aides Ă  la commercialisation en frais POSEIDOM - programme d'options spĂ©cifiques Ă  l'Ă©loignement et Ă  l'insularitĂ© des dĂ©partements français d'outre-mer les aides Ă  la transformation. 278L’ensemble de ces mesures est assujetti Ă  des cahiers des charges assez stricts qui vont dans le sens de la structuration et de l’organisation des producteurs dont le niveau technique est en progrĂšs constant. Ces aides amĂ©liorent la compĂ©titivitĂ© des productions vis-Ă -vis des produits importĂ©s mais ne suffisent pas, dans la majoritĂ© des cas, Ă  favoriser l’accĂšs aux marchĂ©s d’exportation sur l’Europe. 279Il faut Ă©galement considĂ©rer que ces productions de diversification ne bĂ©nĂ©ficient pas de la prĂ©fĂ©rence communautaire et que les aides apportĂ©es restent largement infĂ©rieures Ă  celles consenties au secteur bananier. PossibilitĂ© d’industrialisation 280À l’inverse de la production en frais pour les marchĂ©s locaux, la transformation bĂ©nĂ©ficie de larges possibilitĂ©s d’écoulement Ă  partir du moment oĂč elle reste concurrentielle par rapport Ă  d’autres origines, ou qu’elle s’en distingue par une qualitĂ© diffĂ©rente. 281Les DOM, comme le reste du territoire mĂ©tropolitain, peuvent avoir accĂšs Ă  des technologies de pointe en ce qui concerne la transformation des produits agricoles et fabriquer des produits de haute qualitĂ© qui auront une meilleure valeur ajoutĂ©e que les produits transformĂ©s traditionnels. On peut citer par exemple les jus de fruits tropicaux, les lĂ©gumes surgelĂ©s, le semi-confisage des fruits, etc. 282Les mesures favorables Ă  ce secteur de la transformation sont pour l’essentiel des aides Ă  l’investissement et des possibilitĂ©s de dĂ©fiscalisations. Le rĂŽle de la recherche 283Par rapport aux pays voisins, le dispositif de recherche martiniquais est important. 284Cependant, par rapport aux standards europĂ©ens, les moyens attribuĂ©s Ă  la recherche et au dĂ©veloppement en matiĂšre de diversification ont toujours Ă©tĂ© insuffisants. Par exemple, au cours des vingt-cinq derniĂšres annĂ©es, en Martinique, tout au plus deux chercheurs ont travaillĂ© sur les fruits de diversification, et en moyenne deux Ă©galement sur les cultures vivriĂšres et maraĂźchĂšres. 285Pour la lime et la goyave, la recherche est intervenue dĂšs le dĂ©part de l’action, en particulier en fournissant le matĂ©riel vĂ©gĂ©tal adaptĂ©. Dans le cas de la goyave, la recherche est mĂȘme intervenue assez largement lors de la conception du plan de dĂ©veloppement. 286Dans tous les autres cas, la recherche est intervenue en pompier » une fois que l’opĂ©ration Ă©tait lancĂ©e il a fallu, alors, rĂ©soudre les problĂšmes techniques au fur et Ă  mesure qu’ils apparaissaient sans avoir pu Ă©tudier, de façon approfondie, les problĂšmes de fond et sans que le recul nĂ©cessaire n’ait pu ĂȘtre pris. 287La recherche a donc en gĂ©nĂ©ral eu uniquement un rĂŽle de recherche d’accompagnement qui a souvent dĂ©bouchĂ© sur une assistance technique intense comme pour l’avocat, l’aubergine, la lime et la goyave. 288Le manque de financement pour ce secteur n’a pas permis de prĂ©cĂ©der correctement le dĂ©veloppement de certaines cultures. L’acquisition de rĂ©sultats de recherche transposables aux agriculteurs s’est effectuĂ©e par une recherche d’accompagnement faite sous la pression de la profession sans avoir pu Ă©tudier, de façon approfondie, les problĂšmes de fond et sans recul nĂ©cessaire. Dans de nombreux cas, il a fallu transposer rapidement un savoir-faire acquis dans d’autres situations et d’autres climats avec les approximations et les risques que cela comporte. 289L’ensemble des observations prĂ©cĂ©dentes est synthĂ©tisĂ© dans le tableau ci-dessous. Tableau – SynthĂšse des diffĂ©rentes expĂ©riences de diversification en Martinique Conclusions Échecs ou succĂšs ? 290Comment peut-on juger de l’échec ou du succĂšs d’une opĂ©ration ? Doit-on considĂ©rer une opĂ©ration comme un Ă©chec parce qu’elle a pris fin ? 291Comme on l’a vu, les opĂ©rations de diversification ont une durĂ©e de vie limitĂ©e. Le dĂ©clin d’une opĂ©ration est en gĂ©nĂ©ral du Ă  une Ă©volution des marchĂ©s et/ou de la concurrence. DĂšs lors, il faut soit ĂȘtre capable de s’adapter aux nouvelles donnes des marchĂ©s, soit envisager une reconversion sur un autre crĂ©neau pas encore exploitĂ© par les pays ayant des avantages par rapport Ă  la Martinique coĂ»t de la main-d’Ɠuvre, proximitĂ© des marchĂ©s.... L’abandon d’une opĂ©ration en maraĂźchage ne pose pas de problĂšmes majeurs, mais il n’en est pas de mĂȘme pour l’arboriculture oĂč l’investissement rĂ©alisĂ© pour la mise en place des vergers est considĂ©rable. 292Cette nĂ©cessaire reconversion implique une recherche permanente sur de nouveaux produits mĂȘme quand une opĂ©ration de diversification est un succĂšs les dispositifs de recherche ne doivent pas ĂȘtre utilisĂ©s uniquement dans un rĂŽle de pompier » ou pour l’assistance technique. 293Dans ce cadre, il apparaĂźt que l’avantage majeur de la Martinique et des DOM-TOM doit ĂȘtre non pas le climat, mais l’aptitude aux changements rapides. Cette aptitude implique une flexibilitĂ© des systĂšmes de production comme des filiĂšres. Cette flexibilitĂ© peut s’appuyer sur des infrastructures et des Ă©changes bien dĂ©veloppĂ©s, des possibilitĂ©s de subventions aux investissements et un rĂ©seau recherche et dĂ©veloppement qui, s’il n’atteint pas le niveau europĂ©en, est largement plus dĂ©veloppĂ© que celui des pays environnants. 294Enfin, un point important se dĂ©gage des diffĂ©rentes expĂ©riences dans les opĂ©rations de diversification pour l’exportation, la dĂ©finition prĂ©cise du produit en termes de quantitĂ©, de qualitĂ© et de coĂ»ts de production est fondamentale. Une liaison forte avec l’aval de la production est souvent un gage de succĂšs comme le dĂ©montrent les expĂ©riences de la goyave et du melon. Enseignements Ă  tirer pour l’agriculture biologique 295Le dĂ©veloppement d’une filiĂšre agriculture biologique peut s’appuyer sur deux marchĂ©s le marchĂ© intĂ©rieur ou le marchĂ© Ă  l’exportation. Le marchĂ© Ă  l’exportation nĂ©cessitera d’avoir une/des filiĂšres bien structurĂ©es et des produits bien dĂ©finis, mais mĂȘme avec ces prĂ©alables, la concurrence viendra inĂ©luctablement des pays tropicaux Ă  faible coĂ»t de main-d’Ɠuvre des pays comme la RĂ©publique dominicaine et Cuba sont dĂ©jĂ  sur le marchĂ© de l’agriculture biologique. Il faut alors pouvoir anticiper cette concurrence et explorer les marchĂ©s pour de nouveaux produits, or cette perpĂ©tuelle remise en question ne favorise pas une gestion durable des systĂšmes d’exploitation. En revanche, pour le marchĂ© intĂ©rieur, l’assurance d’un produit sain dans un environnement sain doit pouvoir ĂȘtre valorisĂ© il faut toutefois crĂ©er les liens de confiance label, logo et/ou proximitĂ© producteur-consommateur qui permettront de gĂ©nĂ©rer cette plus-value. FaisabilitĂ© Ă©conomique d’une filiĂšre longue de la banane biologique en Martinique4 4 RĂ©dacteurs Marc Leusie 296Les sources bibliographiques concernant l’évolution du marchĂ© mondial de la banane biologique sont rares et peu prĂ©cises. Elles ont donc, pour ce bilan, Ă©tĂ© complĂ©tĂ©es par des interviews rĂ©alisĂ©es auprĂšs de coopĂ©ratives locales de production et de commercialisation de bananes. État de la demande mondiale de bananes biologiques 9 En particulier, le groupe intergouvernemental sur la banane et sur les fruits tropicaux. 297Relativement Ă  la demande, les diffĂ©rentes sources9 font Ă©tat d’une progression rĂ©guliĂšre de la consommation de bananes Bio dans les pays industrialisĂ©s. Nous allons, dans l’ordre, nous intĂ©resser aux trois principaux pĂŽles de demandeurs. L’AmĂ©rique du Nord 298Les États-Unis affichaient en 1998 un chiffre d’affaires de 4,2 milliards de dollars pour l’ensemble des ventes de produits biologiques, soit un taux de croissance de 20 Ă  25 % par an de 1990 Ă  1998. De 1998 Ă  2000, le tonnage de bananes Bio pour les États-Unis et le Canada est passĂ© de 13 000 t. environ 1800 t pour le Canada Ă  23 500 t. La production Bio reprĂ©sente donc environ 0,5 % de la consommation totale de bananes aux États-Unis. Les principaux fournisseurs sont latino-amĂ©ricains il s’agit de la RĂ©publique dominicaine et du Mexique. 299La diffĂ©rence de prix entre les bananes Bio et le conventionnelles aux États-Unis se situe aux alentours de 20 %. La consommation par habitant au Canada est nettement plus forte qu’aux États-Unis. L’Europe 300En 1998, la valeur de la consommation totale de produits biologiques Ă©tait Ă©galement de 4,5 milliards de dollars US pour un mĂȘme tonnage de 13 000 t. Entre 1998 et 2000, la consommation europĂ©enne a pratiquement triplĂ© 42 500 t., en parallĂšle avec le dĂ©veloppement de la production Bio en RĂ©publique dominicaine, en Colombie et en Équateur, et reprĂ©sente environ 1 % de la consommation de bananes. 301Le Royaume-Uni, avec 17 000 t., est devenu le plus gros pays consommateur d’Europe, sous l’impulsion de son systĂšme de distribution qui assume un rĂŽle traditionnel d’orientation de la consommation, principalement sur les produits d’importation. 302L’Allemagne, traditionnellement grosse consommatrice de bananes, vient ensuite avec 11 000 t., soit le triple de la consommation de la France et de l’Italie, respectivement en 3e et 4e position. 303Les autres pays europĂ©ens restent Ă  l’écart de cette consommation, soit qu’ils soient mal informĂ©s des possibilitĂ©s de marchĂ© de la banane Bio, soit qu’ils soient mĂ©fiants vis-Ă -vis des circuits. 304Les prix acceptĂ©s par les EuropĂ©ens sont encore Ă©levĂ©s mais commencent Ă  diminuer. Ils se situent Ă  plus 30 % environ du prix du conventionnel. Le Japon 305Avec 9000 t. en 2000, et de fortes progressions depuis 1997 plus de 75 % de 1998 Ă  2000, c’est le pĂŽle de consommation qui accepte les prix les plus Ă©levĂ©s + 80 % par rapport au conventionnel. 306Les taux de progression, forts et soutenus, donnent Ă  penser que c’est l’offre qui constitue le facteur limitant du dĂ©veloppement du marchĂ©. L’offre en bananes biologiques 307La RĂ©publique dominicaine est le premier fournisseur mondial de bananes 44 000 t. produites en l’an 2000, aprĂšs une annĂ©e de forte croissance qui a vu la production Bio dĂ©passer la production conventionnelle. 308Le Mexique suit avec 9000 t. en 2000. Les autres pays producteurs d’AmĂ©rique latine enregistrent de forts taux de croissance. L’élĂ©ment important reste l’introduction dans le systĂšme de production Bio de grandes structures de production, Ă  l’incitation des grosses sociĂ©tĂ©s multinationales Dole, Fyffes, Chiquita. 309En ce qui concerne l’évaluation des conditions de mise en place d’une filiĂšre de bananes biologiques Ă  partir de la Martinique, la lecture de la littĂ©rature sur les premiĂšres expĂ©riences de production de bananes Bio fait apparaĂźtre une situation gĂ©nĂ©rale satisfaisante Il y a une offre et une demande actives, bien que le marchĂ© soit trĂšs dĂ©ficitaire en termes d’offre. Les rĂ©munĂ©rations consenties par les consommateurs des pays riches en raison du caractĂšre Bio sont importantes et ont parfois permis de vendre le produit Bio deux fois plus cher que son homologue conventionnel. 10 Label Max Havelaar et Altereco. 310La notion de commerce Ă©quitable CE semble complĂ©mentaire du produit Bio dans certaines stratĂ©gies commerciales. Elle est apparue, dans le champ commercial, en rĂ©ponse au besoin d’éthique ressenti par certains consommateurs10. La grande distribution s’est volontiers faite le vecteur de ce concept qui reflĂšte des prĂ©occupations Ă  la fois environnementales et sociales. Les deux notions de Bio » et CE » sont complĂ©mentaires car symĂ©triques, le Bio » mettant l’accent sur le bien-ĂȘtre du consommateur, via sa santĂ©, et le CE mettant l’accent sur le bien-ĂȘtre du petit producteur mĂ©ritant. 311Le souci environnemental que partagent ces deux labels permet Ă  certains producteurs et distributeurs de les associer en vue d’assurer une meilleure captation des motivations Ă©thiques des consommateurs. Cette complĂ©mentaritĂ© est d’autant plus facile Ă  mettre en Ɠuvre que les parts de marchĂ© des deux labels sont de mĂȘme ordre, ce qui Ă©loigne a priori la menace de l’écrasement de l’un par l’autre et laisse Ă  penser que des gains de productivitĂ© peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s par la mise en commun des contrĂŽles. Le marchĂ© thĂ©orique est impressionnant, de l’ordre des trois quarts de la consommation. Toutefois, les possibilitĂ©s rĂ©elles sont extrĂȘmement restreintes en raison des difficultĂ©s rencontrĂ©es, d’une part, au plan de la maĂźtrise technique, et d’autre part s’agissant du maintien des prix face Ă  une demande rĂ©ceptive, certes, mais pas forcĂ©ment prĂȘte Ă  payer plus cher les valeurs d’une nouvelle Ă©thique de consommation. FiliĂšres commerciales en France et production biologique 312Les difficultĂ©s relatives Ă  la maĂźtrise technique de la quantitĂ© et de la qualitĂ© des produits ne favorisent pas l’accroissement de l’offre. Or, les consommateurs des pays riches sont particuliĂšrement exigeants sur une certaine conception de la qualitĂ©, incluant notamment une apparence physique impeccable, l’homogĂ©nĂ©itĂ© des prĂ©sentations et leur rĂ©gularitĂ©, mĂȘme si les consommateurs de produits Bio font montre d’une plus grande tolĂ©rance que pour les produits conventionnels le caractĂšre Bio par lui-mĂȘme pouvant s’exprimer par certaines imperfections de prĂ©sentation des produits. La diffĂ©rence de prix entre produits Bio et conventionnels tend actuellement Ă  diminuer, ce qui peut conduire Ă  craindre la fin d’une pĂ©riode d’engouement pour la production Bio. On arriverait ainsi Ă  la fin d’un cycle, se manifestant par un tassement des prix unitaires. Le problĂšme des rĂ©serves de gains de productivitĂ© se posera donc rapidement. Enfin, la rĂ©serve de nouveaux consommateurs se situe principalement dans la clientĂšle des circuits de grandes surfaces. Or, ce choix de dĂ©bouchĂ©, purement commercial en apparence, induit un important dilemme chez les promoteurs historiques de la production biologique, qui se voient confrontĂ©s Ă  ce qu’ils considĂšrent comme un changement profond de fonctionnement de la filiĂšre. Le partenariat paraĂźt moins Ă©vident avec ces nouveaux clients, plus volatiles et surtout plus soumis aux strictes lois du marchĂ© que dans les circuits initiaux. La tradition commerciale de la Grande Distribution incite les acheteurs Ă  profiter de leur avantage structurel pour imposer leur mode de fonctionnement et leur niveau de prix, dans une logique de supply-chain et non plus de filiĂšre. 313Ce changement est perçu en consĂ©quence comme une entrĂ©e dans un autre systĂšme de valeurs. 314Alors qu’en apparence, dans un contexte de pĂ©nurie d’offre, ce sont les vendeurs qui sont avantagĂ©s, tout dĂ©pend en rĂ©alitĂ© de la maniĂšre dont sont dĂ©finis les termes du marchĂ© les nouveaux clients potentiels que sont les grandes et moyennes surfaces GMS rĂ©servent le marchĂ© Ă  la seule production rĂ©pondant Ă  des critĂšres de qualitĂ© commerciaux Ă©tablis par eux-mĂȘmes, et contribuent ainsi Ă  restreindre le marchĂ©. La stratĂ©gie des grandes et moyennes surfaces GMS consiste, en effet, Ă  faire profiter au maximum les consommateurs des gains de productivitĂ© obtenus par la recherche des effets de masse, avec pour corollaire une culture d’achat privilĂ©giant une forte pression sur les prix et l’accent mis sur les critĂšres de qualitĂ© dĂ©finis par eux-mĂȘmes de façon intransigeante. Un positionnement ambigu 315C’est le rĂ©sultat des problĂšmes que nous venons d’évoquer. Il faut toutefois insister sur quelques points en particulier. 316Le chiffre d’affaires rĂ©alisĂ© lors des expĂ©riences de production-commercialisation de bananes Bio, est tributaire des ventes, mais Ă©galement pour une large part des subventions des États membres du G8 ou d’organismes internationaux. Le citoyen supplĂ©e ainsi le consommateur. On ne sait pas si c’est une mesure de performance adĂ©quate par nature au secteur de production Bio, auquel cas la demande de subventions risque de s’accentuer sous la pression exercĂ©e par les GMS, ou si c’est seulement une situation transitoire due au dĂ©collage de l’activitĂ©, en attendant une montĂ©e en puissance significative de la productivitĂ© de la filiĂšre Bio rendement quantitatif et qualitatif, maĂźtrise logistique, Ă©conomies d’échelle
 317Le commerce Ă©quitable est une notion de rééquilibrage Ă©conomique vis-Ă -vis des producteurs dĂ©favorisĂ©s des pays en voie de dĂ©veloppement et ne s’applique aucunement dans les Antilles françaises. Les effets de synergie potentielle seraient donc davantage Ă  rechercher du cĂŽtĂ© de la panoplie des signes de qualitĂ© nationaux, plutĂŽt que dans la recherche de synergie entre Bio et CE. Les producteurs misent sur l’Agriculture raisonnĂ©e 318Des entretiens menĂ©s pour l’expertise collĂ©giale ressort l’impression que les producteurs martiniquais estiment le choix de l’agriculture biologique comme Ă©tant trop porteur de risques, la difficultĂ© de maĂźtriser les problĂšmes sanitaires et de fertilitĂ© motivant pour l’essentiel leur position. VoilĂ  pourquoi, soucieux de rĂ©pondre aux exigences de plus en plus grandes des consommateurs ou plutĂŽt des distributeurs qui prĂ©tendent parler en leur nom, ils se conforment rigoureusement aux cahiers des charges Ă©mis par ces derniers. Ils utilisent les documents de l’Agriculture raisonnĂ©e dont ils incluent de larges pans, notamment Ă  propos du contrĂŽle des pesticides. L’utilisation croissante d’emballages biodĂ©gradables complĂšte cette recherche de captation d’image de respect de l’environnement. Les contraintes logistiques Ă  l’exportation de bananes Bio de la Martinique 319Dans la production Bio, le fait de produire en petite quantitĂ© constitue un handicap majeur en termes de logistique, concernant aussi bien en amont la mauvaise adĂ©quation aux conditions de transport international, et en aval la nĂ©cessitĂ© de distribuer les produits d’une offre atomisĂ©e. 320Le marchĂ© potentiel des produits Bio issus de la Martinique se situe essentiellement en Europe. Le seuil d’existence de la filiĂšre peut ĂȘtre donc Ă©valuĂ© Ă  partir de trois critĂšres Le mode de transport le transport par avion n’est pas utilisĂ© pour des raisons techniques le temps de transport rentre traditionnellement dans le dĂ©lai de mĂ»rissement de la banane et pour des raisons Ă©conomiques mĂȘme si la production Bio bĂ©nĂ©ficie de prix de vente plus Ă©levĂ©s au consommateur, le prix de transport au kilogramme reste dissuasif par rapport au prix moyen de vente dĂ©part de la banane plus de 1 euro. Par ailleurs, inclure dans la valeur ajoutĂ©e un surcoĂ»t de transport revient Ă  diminuer la part des autres opĂ©rateurs ; enfin, utiliser un mode de transport gourmand en Ă©nergie est contradictoire avec le message spĂ©cifique de l’agriculture biologique et pourrait contribuer Ă  en limiter l’impact commercial
 ii La nĂ©cessitĂ© de sĂ©parer les flux Bio et non Bio impose un container spĂ©cifique pour les bananes Bio. La capacitĂ© des plus petits contenants utilisĂ©s pour le transport par bateau est le conteneur de 10 t. ou de 16 t. iii Le rythme de rotation nĂ©cessaire pour assurer une prĂ©sence rĂ©guliĂšre au rayon des distributeurs cela correspond approximativement au dĂ©lai de mĂ»rissement des bananes environ deux semaines il faut donc compter annuellement vingt-cinq rotations environ. 321La fourchette est donc comprise entre 26 rotations de 10 t. soit 260 t. et 26 rotations de 16 t. soit 336 tonnes. Ainsi, on considĂ©rera que le seuil minimal d’existence de la filiĂšre est de 300 t./an. L’image potentielle des bananes Bio de la Martinique 322Des Ă©tudes pour la dĂ©finition de produits innovants Ă  partir de la production agricole de la Guadeloupe et de la Martinique ont montrĂ© que l’image des produits issus de la Martinique Ă©tudiĂ©e Ă  partir des Ă©tiquettes des produits commercialisĂ©s en mĂ©tropole, qui en Ă©coule la plus grande partie, principalement les dĂ©rivĂ©s de la canne Ă  sucre, repose sur la mise en scĂšne d’un passĂ© colonial idĂ©alisĂ©, vu sous l’angle de l’aventure maritime piraterie, tradition de commerce international de denrĂ©es exotiques
 Cela contribue Ă  camper un dĂ©cor paradisiaque et exotique, rappelant la qualitĂ© des Ă©lĂ©ments naturels eau, mer, montagne, et mettant en avant quelques emblĂšmes exotiques perruches, palmier, fruits divers dont la banane. 323Cette recherche de positionnement identitaire renvoie plus Ă  la littĂ©rature d’aventure et aux films hollywoodiens qu’à la rĂ©alitĂ© de la vie en Martinique, ce qui ne laisse guĂšre de place pour la formulation de discours portant sur l’authenticitĂ© ni sur l’identitĂ© rĂ©elle de l’üle, qui conviendraient Ă  l’image de produits Bio. SensibilitĂ© des acteurs de la filiĂšre de banane martiniquaise au phĂ©nomĂšne Bio 324Cette sensibilitĂ© a Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ©e Ă  travers la rĂ©alisation d’entretiens dans deux des principales coopĂ©ratives de l’üle, ainsi que lors d’une visite au GIPAM Groupement des importateurs de produits agricoles de la Martinique. 11 La sociĂ©tĂ© Gipam et Sicabam forme aujourd'hui un GIE nommĂ© Banamart. 325Ces deux coopĂ©ratives11 sont d’un poids sensiblement Ă©quivalent, tout en Ă©tant sociologiquement trĂšs diffĂ©rentes puisque la SICABAM SociĂ©tĂ© d’intĂ©rĂȘt collectif agricole bananier de la Martinique repose sur un systĂšme trĂšs intĂ©grĂ© de grosses propriĂ©tĂ©s, alors qu’on trouve, avec la COBAMAR Compagnie bananiĂšre de la Martinique, une formule se rapprochant plus du syndicat d’indĂ©pendants coordination des initiatives des adhĂ©rents autour d’un noyau central constituĂ© par l’adhĂ©rent principal. 326La survie de la production de bananes aux Antilles est tributaire essentiellement des accords de l’Organisation mondiale du commerce pour la banane OMCB, qui entĂ©rinent une situation d’exception pour les bananes françaises dans le contexte europĂ©en au moins jusqu’aux prochains accords prĂ©vus en 2006. 327Pour la SICABAM, la survie est perçue comme devant ĂȘtre globale, donc dĂ©pendante de dĂ©cisions politiques avec, comme corollaire, la recherche d’un effet de lobby il s’agit donc essentiellement de faire preuve de bonne volontĂ© dans les diffĂ©rents domaines de la qualitĂ©, y compris la qualitĂ© environnementale. Une conformitĂ© Ă©troite est ainsi recherchĂ©e par cette coopĂ©rative par rapport aux cahiers des charges fournis par les clients, inspirĂ©s directement par les multinationales amĂ©ricaines, en position d’édicter la norme du secteur. Cette attitude de bon Ă©lĂšve sera, espĂšre-t-on, sanctionnĂ©e positivement par une reconduction totale ou partielle des prochains accords de l’OMCB, en 2006. Cette Ă©chĂ©ance est retenue par les opĂ©rateurs comme Ă©tant celle qui ouvrira les possibilitĂ©s de redĂ©ployer de nouvelles initiatives, notamment pour la promotion de la nouvelle variĂ©tĂ© du CIRAD adaptĂ©e aux conditions de production sans traitements, ou en comprenant un minimum. 328Pour la COBAMAR, la survie paraĂźt davantage perçue comme dĂ©pendant de la capacitĂ© des acteurs Ă  s’adapter aux conditions de marchĂ©. Il s’agit donc d’accompagner l’initiative individuelle des planteurs, y compris dans le domaine environnemental. Il n’est pas exclu de tenter d’expĂ©rimenter la nouvelle variĂ©tĂ© Ă©cologique », en comptant sur le sens de l’adaptation et de la diffĂ©renciation des producteurs pour rester compĂ©titif. Une intense rĂ©flexion des producteurs, par les voyages d’études notamment, vise Ă  dĂ©couvrir des systĂšmes de production Les Canaries, RĂ©publique dominicaine
 plus productifs, mieux tenus ou davantage Bio ». 329Ces deux attitudes diffĂšrent fondamentalement en ce sens que l’une se fixe une Ă©chĂ©ance fondamentale 2006 tandis que l’autre se projette dans un continuum, dans lequel la propretĂ© environnementale peut fournir un axe majeur de diffĂ©renciation. Actuellement, sur ce plan, aucune des deux ne l’emporte, puisque le niveau de performance environnementale est fixĂ© par la stricte observance des cahiers des charges imposĂ©s par la clientĂšle. La bonne volontĂ© de la seconde coopĂ©rative se trouve bridĂ©e par l’obligation de la coordination volontaire et par le fait que la recherche n’offre pas actuellement d’innovation majeure, variĂ©tale ou technique, qui puisse ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e rapidement. 330Pour le moment, seules des amĂ©liorations ponctuelles sont envisageables, comme l’épandage par avion avant les heures ouvrables, qui permet Ă  la fois de s’inscrire dans le respect des personnes, partie intĂ©grante du dĂ©veloppement durable, et de ne pas dĂ©grader l’image de l’üle auprĂšs des touristes Ă  une heure qui, raisonnablement, ne devrait en rien les gĂȘner. 331Pour la SICABAM, la production Bio est exclue pour deux raisons Cette production n’est pas jugĂ©e sĂ©rieuse, comme l’a dĂ©montrĂ© le prĂ©cĂ©dent de la RĂ©publique dominicaine. Il n’y a pas de place pour l’initiative volontaire tant que l’horizon 2006 n’est pas dĂ©gagĂ©. 332En revanche, pour la COBAMAR, des essais en production agrobiologique, avec Ă©ventuellement mutualisation de risques jugĂ©s trĂšs acceptables, pourraient faire partie de la stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale. Conclusion 333En dĂ©pit de quelques graves handicaps, la mise en place d’une filiĂšre Bio de la banane est possible. 334Les principaux handicaps sont liĂ©s Ă  la pĂ©rennitĂ© de pratiques anciennes peu soucieuses de l’environnement, Ă  la faiblesse et la vulnĂ©rabilitĂ© de l’image gĂ©nĂ©rale de l’üle, au fait que la production antillaise française est actuellement Ă  l’écart du champ du commerce Ă©quitable, mais sont dus aussi au scepticisme des principaux opĂ©rateurs de la filiĂšre banane, Ă  l’absence d’un matĂ©riel variĂ©tal rĂ©ellement adaptĂ©, Ă  la tendance au tassement des prix. 335Des facteurs positifs existent Des actions de rĂ©habilitation de l’environnement ont Ă©tĂ© engagĂ©es depuis plusieurs annĂ©es et, mĂȘme si des problĂšmes sĂ©rieux restent Ă  rĂ©soudre, on peut supposer que l’image que l’üle veut promouvoir ne souffrira pas de contradictions trop Ă©videntes entre les conditions de production gĂ©nĂ©rales et celles qui sont spĂ©cifiques Ă  l’agriculture biologique. Par ailleurs, les exigences pour la mise en place d’une filiĂšre Bio sont peu Ă©levĂ©es 300 Ă  400 t. par an et une des coopĂ©ratives existantes est prĂȘte Ă  prendre le risque de procĂ©der Ă  des essais et Ă  la commercialisation affĂ©rente. En outre, le problĂšme variĂ©tal devrait ĂȘtre limitĂ© dans les prochaines annĂ©es par la diffusion d’une nouvelle variĂ©tĂ© rĂ©sistante. 336Il restera alors Ă  gĂ©rer le dĂ©veloppement quantitatif sans sacrifier la qualitĂ©. Tourisme et dĂ©veloppement d’une production biologique en Martinique5 Les nouvelles tendances de la relation tourisme-environnement L’introduction des valeurs d’environnement 337Le dĂ©veloppement explosif du tourisme au xxe siĂšcle a posĂ© de façon aiguĂ« le problĂšme de la relation du touriste aux divers Ă©lĂ©ments des sites dont il vient jouir de façon passagĂšre. Dans le rapport du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Commission du dĂ©veloppement durable de l’ONU de mai 2001 relatif au tourisme, l’ONU a fait le constat d’une forte menace sur les environnements naturels, culturels et socio-Ă©conomiques des pays de destination. Il s’agit souvent de PVD, pour des raisons climatiques la croissance incontrĂŽlĂ©e d’un tourisme attirĂ© par la perspective de profit Ă  court terme nuit Ă  l’environnement et aux sociĂ©tĂ©s d’accueil et finit par dĂ©truire les bases mĂȘmes sur lequel il est construit. Les critiques sur le comportement du touriste sont nombreuses ; elles concernent aussi bien la relation purement mercantile et irrespectueuse Ă©tablie avec les autochtones que l’usage fait des sites, qui implique leur confiscation et leur dĂ©gradation au dĂ©triment, Ă  terme, de l’économie locale dĂ©gradation des ressources naturelles et de la biodiversitĂ©, hausse du foncier
 338DĂšs 1988, l’Organisation mondiale du tourisme a lancĂ© l’idĂ©e d’un tourisme durable dĂ©fini comme devant permettre de satisfaire aux besoins Ă©conomiques, sociaux et esthĂ©tiques, tout en sauvegardant l’intĂ©gritĂ© culturelle, les processus Ă©cologiques essentiels, la diversitĂ© biologique et les systĂšmes d’entretien permettant la vie » ONU, 2003. 339L’émergence d’un tourisme s’inscrivant dans le dĂ©veloppement durable suppose diffĂ©rents types d’actions pour la remise Ă  niveau du tourisme traditionnel, impliquant la mise en Ɠuvre de dĂ©marches volontaires, codes de bonne conduite, certifications, Ă©coÂŹĂ©tiquetage. L’Organisation mondiale du tourisme propose un Code mondial d’éthique du tourisme depuis 1999 OMT, 2001. Elle dispose Ă©galement de critĂšres d’évaluation de durabilitĂ© qui sont utilisĂ©s progressivement mais qui en sont encore largement au stade expĂ©rimental. 340Ces initiatives se dĂ©veloppent mais il y a lieu de s’interroger sur leur portĂ©e et leurs limites CRIDEAU, 2001. L’existence d’intĂ©rĂȘts divergents, le manque de sĂ©rieux de certains labels et certificats de bonne conduite servant d’arguments commerciaux, dont les rĂ©sultats concrets attendus restent par ailleurs extrĂȘmement flous, la diversitĂ© des situations en matiĂšre d’environnement naturel et social, mettent en question l’ensemble de la pratique du tourisme. L’amĂ©nagement du systĂšme d’exploitation est rendu nĂ©cessaire pour assurer la survie des pays qui sont des destinations touristiques, tant en ce qui concerne l’activitĂ© autochtone que le comportement des touristes. Un comportement pionnier l’écotourisme 341L’écotourisme constitue une proposition innovante, qui se dĂ©veloppe depuis une dizaine d’annĂ©es. L’objectif est de concilier la dĂ©marche Ă©cologique et les activitĂ©s purement touristiques, en privilĂ©giant le contact avec la nature. Cette approche conduit Ă  modifier de façon importante tant la crĂ©ation des infrastructures, qui doivent respecter et protĂ©ger le patrimoine naturel et culturel, que la relation touriste-autochtone, qui doit Ă©voluer dans un sens plus Ă©quitable ». 342L’écotourisme reprĂ©sente un crĂ©neau modeste mais en progression rapide. Il inclut un fort volet pĂ©dagogique sur les Ă©cosystĂšmes, les cultures et les questions touchant Ă  la durabilitĂ© des sites visitĂ©s, et cherche Ă  limiter les consĂ©quences nĂ©gatives sur l’environnement naturel et socioculturel. 343Le respect de l’environnement est garanti notamment par la pratique de droits d’entrĂ©e dans les zones naturelles protĂ©gĂ©es, les ressources ainsi obtenues Ă©tant consacrĂ©es, du moins en partie, Ă  la conservation des sites. La fragilitĂ© des sites et des relations interpersonnelles requiert en effet tant une planification pour limiter la pression Ă©cologique qu’un numerus clausus pour garantir la qualitĂ© des relations. Ces contraintes sont inhĂ©rentes au concept, mais elles pĂšsent sur la rentabilitĂ© du secteur et tĂ©moignent de la cassure avec le tourisme de masse. En revanche, on peut penser qu’un tourisme raisonnĂ© » pourrait bĂ©nĂ©ficier de ces concepts pour rĂ©orienter certaines pratiques parmi les plus contestables du point de vue du respect de l’écologie, et les intĂ©grer dans une pratique moins exigeante mais non dĂ©nuĂ©e d’efficacitĂ©. L’image de la Martinique 344L’image des Antilles françaises a Ă©tĂ© analysĂ©e Ă  partir de la crĂ©ation d’un nouveau produit Ă  base de canne Ă  sucre CRISALIDE, 1999. 345Cette analyse a fait ressortir, pour les produits Ă  base de fruits locaux, une tendance Ă  l’exploitation des attributs d’un passĂ© rĂ©cent. Par ailleurs, les grandes marques de boissons Ă  base de fruits exotiques ont recours au mythe du paradis terrestre, autant qu’à l’évocation d’une faune rappelant la mythologie de Walt Disney et faisant donc paradoxalement rĂ©fĂ©rence Ă  la modernitĂ©. Il n’y a donc rien qui, d’une façon ou d’une autre, rappellerait un passĂ© lointain authentique idĂ©alisĂ©, comme l’époque prĂ©colombienne, par exemple. 346La rĂ©fĂ©rence des boissons plus locales renvoie donc aux trois derniers siĂšcles, certains produits se voulant emblĂ©matiques de l’époque coloniale dont sont gommĂ©s les aspects les plus malheureux comme l’esclavagisme le cĂŽtĂ© aventureux de cette Ă©poque est soulignĂ© dans une imagerie qui intĂšgre dans le mythe les victimes au cĂŽtĂ© du pirate, tous habitants d’un site radieux et ensoleillĂ©, vĂȘtus d’habits seyants, consommateurs de produits exceptionnels comme le rhum particuliĂšrement emblĂ©matique de l’histoire de la piraterie, usagers d’outils pittoresques et Ă©vocateurs, comme le tonneau, la charrette, le sac de jute
 347Tous ces Ă©lĂ©ments sont en fait constitutifs d’un dĂ©cor plein de promesses d’un exotisme aventureux et exubĂ©rant, propre Ă  un dĂ©veloppement touristique commercialisable, mais peu compatible avec les valeurs de tourisme Ă©thique, et donc respectueux de l’authenticitĂ© du patrimoine culturel et de l’environnement. La situation du tourisme en Martinique Quelques donnĂ©es quantitatives 348En 2001, la Martinique a accueilli 750 000 touristes. Bien que ce chiffre soit infĂ©rieur de 20 % par rapport Ă  2000, la Martinique reste cependant la premiĂšre destination des Antilles. L’activitĂ© touristique y gĂ©nĂšre 2300 emplois directs. 349La Martinique dispose d’un parc d’hĂŽtels de tourisme, le plus souvent situĂ©s en front de mer et qui accueille annuellement plus d’un million de touristes Para et al., 2004 de diffĂ©rentes nationalitĂ©s, mais principalement français de mĂ©tropole, pour des sĂ©jours allant d’une Ă  plusieurs semaines. L’activitĂ© portuaire consĂ©cutive aux escales des voyageurs par bateaux est Ă©galement importante restauration, commerce
. Les aspects qualitatifs 350Le tourisme est une source de revenus importante pour la Martinique. Il s’agit cependant pour l’essentiel d’un tourisme drainant une clientĂšle peu soucieuse de sortir des espaces spĂ©cialement dĂ©diĂ©s hĂŽtels, plages
 et peu encline Ă  des dĂ©penses hors forfait si ce n’est pour l’acquisition de rhum et de produits textiles exotiques ». Cela n’exclut pas, malgrĂ© tout, pour une fraction d’entre eux, un certain intĂ©rĂȘt pour des concepts ou des expĂ©riences nouvelles, parmi lesquelles peuvent se situer l’écologie et la recherche de l’authenticitĂ©. 12 Interview du directeur de la CCIM de la Martinique, dĂ©cembre 2002. 351Ce type de tourisme de masse est aujourd’hui menacĂ© par la concurrence des pays voisins qui bĂ©nĂ©ficient des mĂȘmes conditions climatiques, mais aussi d’un coĂ»t de main-d’Ɠuvre nettement infĂ©rieur. En effet, le positionnement bas/milieu de gamme » qui a Ă©tĂ© choisi pour le tourisme Ă  la Martinique a conduit Ă  dĂ©finir des services Ă  la clientĂšle de qualitĂ© standard, et peu raffinĂ©s, ce qui fait que l’expĂ©rience et l’apprentissage des employĂ©s d’hĂŽtellerie ne permettent pas d’aborder la concurrence dans de bonnes conditions selon la Chambre de commerce et d’industrie de la Martinique CCIM12, la chute de motivation du personnel est manifestement le rĂ©sultat de cette politique de facilitĂ©, dont le du groupe Accord qui s’accommodait pourtant fort bien de cette situation avant l’apparition des possibilitĂ©s de concurrence rĂ©gionales s’est fait rĂ©cemment l’écho dans les mĂ©dias ». 352Pourtant, le DOCUP Conseil gĂ©nĂ©ral de la Martinique, 2000, document officiel qui recense l’ensemble des performances du secteur touristique, signalait dĂšs 1998 des menaces dĂ©jĂ  perceptibles sur un tourisme en voie de dĂ©qualification. L’écotourisme en Martinique 353L’écotourisme est un secteur en pleine expansion. Cette dĂ©marche Ă©cologique s’appuie en particulier sur le dĂ©veloppement des gĂźtes ruraux. 354DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1990, les autoritĂ©s martiniquaises ont soutenu le dĂ©veloppement d’un parc immobilier spĂ©cifique ; celui-ci comportait 348 gĂźtes en 1999 pour plus de 15 000 touristes hĂ©bergĂ©s contre 8000 sept ans plus tĂŽt Para et al., 2004. Ces hĂ©bergements en gĂźte rural visent Ă  faire partager aux touristes les modes de vie des autochtones. La constitution du rĂ©seau Accueil paysan martiniquais » avait comme ambition de faire partager la vie des travailleurs de la terre. Le jardin de Balata ou encore les Ăźlets Sainte-Anne, oĂč se cĂŽtoient des espĂšces d’oiseaux rares, sont intĂ©grĂ©s Ă  de nombreuses activitĂ©s touristiques. 355Compte tenu des capacitĂ©s d’hĂ©bergement et des niveaux de frĂ©quentation totaux de la Martinique, le phĂ©nomĂšne apparaĂźt encore marginal ; de fait, il ne concerne que 3 Ă  4 % de la frĂ©quentation touristique de l’üle alors que, selon l’Office mondial du tourisme, 20 % de la clientĂšle touristique serait concernĂ©e par l’écotourisme. Il croĂźt cependant rapidement entre 1990 et 98, la frĂ©quentation des gĂźtes ruraux a Ă©tĂ© multipliĂ©e par deux. 356On peut certainement en attendre un effet d’entraĂźnement en faisant apparaĂźtre des perspectives de dĂ©veloppement et surtout en dĂ©veloppant un modĂšle susceptible de faire Ă©voluer l’image et la politique touristique de l’üle. 357De fait Le taux de croissance Ă©levĂ© est lui-mĂȘme le reflet d’une tendance lourde du tourisme international. Des actions Ă©co-touristiques » peuvent prendre place dans des programmes de tourisme classiques randonnĂ©es, restauration Ă  la ferme
 Il s’agit d’un objectif Ă  moyen terme de promotion de l’image de l’üle, tout autant que d’un objectif commercial Ă  court terme. Les perspectives actuelles de la relation entre le secteur du tourisme et celui de l’agriculture biologique 358Dans la situation actuelle, les conditions de sĂ©jour et d’alimentation des touristes sont le plus souvent prĂ©-nĂ©gociĂ©es. La consommation de produits Bio issus de l’üle ne pourrait donc ĂȘtre que trĂšs limitĂ©e dans l’immĂ©diat, ne concernant que certains crĂ©neaux bien particuliers complĂ©ment par rapport Ă  l’alimentation dispensĂ©e dans les hĂŽtels et Ă  la rigueur dans les restaurants proches de la cĂŽte, dĂ©couverte de la production locale, bien qu’avec un impact limitĂ© par la nĂ©cessitĂ© de transporter des produits souvent fragiles. Elle serait par ailleurs dĂ©pendante des choix des hĂŽteliers et restaurateurs locaux. 13 Interview du directeur de la CCIM, dĂ©cembre 2002. 359Cependant, une nouvelle politique du tourisme martiniquais, s’appuyant sur une image renouvelĂ©e, semble pouvoir ĂȘtre mise en place. Elle viserait, selon la CCI13, une clientĂšle intĂ©ressĂ©e par la dĂ©couverte de la nature tropicale et favoriserait la valorisation du patrimoine antillais et plus spĂ©cifiquement martiniquais par les touristes. Elle pourrait s’appuyer sur les atouts naturels, comme la montagne PelĂ©e qui offre des possibilitĂ©s nombreuses et variĂ©es diversitĂ© entre autres du paysage, de la flore et de la faune, randonnĂ©es Ă  pied ou mĂ©canisĂ©es ; sa situation, Ă  l’écart du port et de la zone hĂŽteliĂšre, favorise en outre la mise en place d’un itinĂ©raire de dĂ©couverte. 360Dans cet esprit, les circuits et randonnĂ©es de dĂ©couverte qui donnent lieu Ă  des haltes sur des sites peuvent devenir la vitrine de l’identitĂ© comme des produits de l’üle, Ă  condition que leur mise en valeur soit accompagnĂ©e par la constitution d’un ensemble de services et de produits appropriĂ©s et emblĂ©matiques de l’üle et de la production Bio. La nĂ©cessitĂ© de prĂ©voir des transformations de produits, des expĂ©ditions et livraisons de produits fragiles, pĂ©rissables et encombrants, peut aussi gĂ©nĂ©rer une certaine activitĂ© Ă©conomique de complĂ©ment. Les Ă©lĂ©ments d’un redĂ©ploiement touristique Une volontĂ© professionnelle d’amĂ©lioration 361L’objectif affichĂ© de la CCIM n’est pas l’augmentation du nombre de touristes, mais un nouveau positionnement s’appuyant sur et permettant d’amĂ©liorer l’image de l’üle, en vue d’obtenir de meilleures performances financiĂšres. Dans cette perspective, il s’agit, d’une part, que l’écotourisme soit encore plus vivement encouragĂ© et, d’autre part, que le repositionnement du commerce de masse se fasse en synergie avec l’écotourisme. Couplage de deux activitĂ©s pionniĂšres l’agriculture biologique et l’écotourisme 362L’écotourisme bĂ©nĂ©ficie d’une image et d’une dynamique analogue Ă  l’agriculture biologique. La relation peut donc ĂȘtre resserrĂ©e entre ces projets, et l’AB peut servir de vecteur principal pour la construction d’une image de l’écotourisme et pour la rĂ©appropriation par les habitants de leur patrimoine et de leur identitĂ©. Un observatoire des prĂ©fĂ©rences qualitatives des touristes » permettrait de mieux connaĂźtre les goĂ»ts et prĂ©fĂ©rences des touristes organisation de dĂ©gustations de certains produits, recueil d’avis
 afin d’orienter les productions Bio vers les produits les plus favorables. Un observatoire des produits Bio » permettrait d’optimiser la composition de gammes analyses des ventes et tests de produits sur les points de dĂ©gustation et de vente, lors des circuits et randonnĂ©es. DĂ©veloppement durable et tourisme de masse 363La requalification du tourisme de masse suppose que plusieurs conditions soient rĂ©unies la cessation, ou la meilleure gestion de pratiques agricoles telles que l’épandage de pesticides ; une formation ambitieuse du personnel d’hĂŽtellerie ; la dĂ©finition d’actions de promotion en phase avec l’image Bio de l’üle ; des actions de communication d’un type nouveau, bien articulĂ©es avec les structures prĂ©existantes. 14 Interview du directeur de la CCIM, dĂ©cembre 2002. 364Le tourisme de masse reprĂ©sente des volumes importants touristes rĂ©sidents et escales. La CCIM14 se dĂ©clare prĂȘte Ă  soutenir une meilleure sĂ©lection » de la clientĂšle par une amĂ©lioration des services et une rĂ©vision des activitĂ©s touristiques, non prĂ©datrices de la culture et de l’économie locales, ainsi que par la formation d’un personnel qualifiĂ© et motivĂ©. Cette stratĂ©gie nouvelle de tourisme de masse raisonnĂ© » pourrait favoriser de nouveaux dĂ©bouchĂ©s pour la production Bio martiniquaise, notamment Ă  l’occasion des circuits et randonnĂ©es organisĂ©s Ă  partir des hĂŽtels et des bateaux dĂ©gustations sur place, achats de produits transformĂ©s bien conçus peu volumineux et de haute valeur, en synergie avec d’autres catĂ©gories de produits, vente associĂ©e Ă  un service de livraison ou d’expĂ©dition. À l’inverse, le dĂ©veloppement d’une production Bio locale contribuera clairement au repositionnement de l’image touristique de l’üle. Les retombĂ©es Ă©conomiques potentielles ne sont pas nĂ©gligeables en effet, on estime CRISALIDE, 1998 entre 30 Ă  40 euros le montant moyen des achats effectuĂ©s par un couple de touristes sur un site prĂ©sentant une offre constituĂ©e, emblĂ©matique du site et bien mise en valeur. Il y a lĂ  un marchĂ© thĂ©orique impressionnant, puisque 100 000 achats rapporteraient environ 3,5 millions d’euros par an. 365Dans le contexte Martinique Ăźle bio », l’écotourisme apporte un complĂ©ment d’image incontournable pour les professionnels du tourisme vert, qui peut ĂȘtre rĂ©percutĂ© et mis Ă  profit dans le commerce de masse. L’écotourisme se voit ainsi attribuĂ© Ă  son tour un rĂŽle de fer de lance pour la requalification touristique de l’üle. 366De son cĂŽtĂ©, le tourisme de masse requalifiĂ© peut ĂȘtre une caisse de rĂ©sonance, une source d’information et une source de dĂ©bouchĂ©s significatifs, sous rĂ©serve que la performance Ă©conomique retrouvĂ©e favorise la reconquĂȘte de l’image de la Martinique. Conclusions du chapitre 7 DĂ©velopper progressivement les marchĂ©s Ă  partir du secteur productif actuel 367C’est Ă  partir du secteur actuel des produits biologiques que l’on peut penser aborder les marchĂ©s, que ce soit pour le marchĂ© local ou pour l’exportation. 368L’agriculture biologique certifiĂ©e ne repose encore en Martinique que sur douze producteurs et un peu plus de 42 hectares de SAU certifiĂ©e. Le potentiel que les agriculteurs rĂ©alisent dĂ©jĂ  aujourd’hui en AB est d’abord dĂ» aux initiatives de vente directe, de proximitĂ©, Ă  la ferme ou sur les marchĂ©s, pour des cultures vivriĂšres, du maraĂźchage, arboriculture fruitiĂšre et petit Ă©levage. En complĂ©ment, l’exploitation de niches de marchĂ© particuliĂšres Ă  chaque exploitation constitue un foisonnement d’initiatives variĂ©es cultures florales, plantes mĂ©dicinales, plantes et fruits rares
 369De nombreux producteurs se sentent proches » de l’agriculture biologique sans s’inscrire dans une dĂ©marche de certification officielle. Ils se dĂ©clarent bio » au Recensement agricole et/ou rejoignent l’association OrgapĂ©yi ». Sans prĂ©juger du recouvrement total ou partiel des pratiques agricoles de ces agriculteurs avec le cahier des charges de l’AB, ils constituent une base sur laquelle pourrait s’appuyer une politique de dĂ©veloppement de l’agriculture biologique ou de l’agriculture agroĂ©cologique » en Martinique. 370En consĂ©quence, le dĂ©veloppement de l’agriculture biologique et des marchĂ©s se fera selon une dĂ©marche progressive, aboutissant Ă  terme Ă  une forme de certification pour les exploitations pratiquant l’AB ou l’AE, mais commençant par le dialogue avec les agriculteurs susceptibles de s’impliquer dans le dĂ©veloppement de la production. Des modes de certification adaptĂ©s aux spĂ©cificitĂ©s de la Martinique pour diffĂ©rencier les produits Bio ou AE sur les marchĂ©s 371Il ne fait pas de doute que le dĂ©veloppement des marchĂ©s de l’agriculture biologique et/ou de l’agriculture agroĂ©cologique ne peut reposer que sur une forme de certification rigoureuse et transparente. La certification est Ă  la fois une protection pour les producteurs lutte contre les fraudes, une justification des coĂ»ts de production et donc des prix pour le consommateur, et un facteur de diffĂ©renciation sur les marchĂ©s. Dans un contexte oĂč plus de la moitiĂ© des exploitations de Martinique vendent directement leurs produits, avec une image terroir » produit local » qui recouvre en partie celle des produits biologiques, cette diffĂ©renciation est indispensable pour les producteurs. 372Mais le dĂ©calage important en Martinique entre le nombre des agriculteurs sympathisants » de l’agriculture biologique et ceux qui sont rĂ©ellement certifiĂ©s officiellement selon le rĂ©fĂ©rentiel AB par un organisme certificateur europĂ©en AB-co suggĂšre qu’une rĂ©flexion sur les spĂ©cificitĂ©s de la Martinique en matiĂšre de certification devrait ĂȘtre engagĂ©e. 373La certification officielle par organisme certificateur europĂ©en pose beaucoup de difficultĂ©s et occasionne des coĂ»ts importants dans cette zone ultrapĂ©riphĂ©rique. 374Dans ce contexte, la puissance publique pourrait encourager la certification par groupes, telle que promue par l’IFOAM, et/ou des dĂ©marches de certification participatives voir chapitre premier. Dans un premier temps, il s’agirait d’impulser, par exemple avec des travaux de recherche-action, une rĂ©flexion sur ces sujets, avec les producteurs, les organisations de consommateurs, les acteurs des filiĂšres
 375De mĂȘme, la Martinique pourrait participer aux groupes de rĂ©flexion organisĂ©s par l’IFOAM sur les spĂ©cificitĂ©s rĂ©gionales », et faire valoir ses particularitĂ©s climatiques au sein de l’UE. Engager un dialogue avec le ministĂšre de l’Agriculture pourrait faciliter l’obtention de dĂ©rogations ou d’amĂ©nagements Ă  la rĂ©glementation pour tenir compte des spĂ©cificitĂ©s de l’agriculture biologique en zone tropicale. Cela permettrait d’utiliser la dĂ©marche de certification officielle » pour une plus grande gamme de produits, facteur favorable pour le dĂ©veloppement des marchĂ©s. À l’exportation se dĂ©marquer des produits Bio standards et valoriser la complĂ©mentaritĂ© avec le marchĂ© local 376L’expĂ©rience de trente annĂ©es de diversification en Martinique montre que les potentialitĂ©s et contraintes de la production martiniquaise Ă  l’exportation concernent tous les produits. En consĂ©quence La Martinique prĂ©sente de bons atouts pour exporter des produits Bio de haut de gamme, ou sur des marchĂ©s de niche, mais se positionnera difficilement sur les marchĂ©s des produits biologiques tout-venant sucre ou banane. Les coĂ»ts de production Ă©levĂ©s imposent de proposer des produits sur des crĂ©neaux pionniers » que la concurrence des pays voisins force Ă  abandonner lorsque l’innovation se diffuse variĂ©tĂ©s rares, produits transformĂ©s de haute qualitĂ©, ou valorisant l’origine Martinique, partenariat avec des circuits de distribution
. Il est nĂ©cessaire de mobiliser les ressources de la recherche au service du dĂ©veloppement et d’anticiper pour prĂ©parer le crĂ©neau suivant lorsque l’attaque de la concurrence est prĂ©visible. Dans le cas de la production biologique, l’inertie des systĂšmes temps de reconversion, modification des systĂšmes de production
 est une contrainte. La capacitĂ© d’absorption des marchĂ©s locaux en complĂ©ment de l’exportation est alors dĂ©terminante pour assurer la viabilitĂ© des filiĂšres et stabiliser le systĂšme commercial. Pour certains produits, entre la population de l’üle et les touristes, ce sont des quantitĂ©s significatives qui peuvent ĂȘtre Ă©coulĂ©es. Le marchĂ© local en produits frais ou transformĂ©s contribue Ă  valoriser des qualitĂ©s non exportables, surproductions passagĂšres, difficultĂ©s ponctuelles sur les marchĂ©s d’export, phases de modification des systĂšmes de production
. L’évaluation de la demande des marchĂ©s locaux ou d’exportation en la traduisant en contrats, engagements ou actions avec l’aval des filiĂšres unitĂ©s de transformation, distribution
 permet de dimensionner a priori la production en fonction des marchĂ©s. Au minimum, cela se traduit par une Ă©tude de marchĂ©, voire par la recherche d’engagements contractuels avec l’aval des filiĂšres en prĂ©alable ou en parallĂšle au dĂ©veloppement de la production. DĂ©velopper en prioritĂ© la production pour le marchĂ© local 377Le marchĂ© local martiniquais est le plus proche et le plus facile Ă  atteindre pour les producteurs. C’est le premier marchĂ© Ă  exploiter dans une perspective de dĂ©veloppement territorial. 378Il n’y a pas de doute que les attentes d’une partie des consommateurs Ă  la recherche de produits sains et naturels », de produits de terroir issus de la Martinique, voire d’équitĂ© sociale, puissent coĂŻncider avec les fondements de l’agriculture biologique. Mais d’autre produits que les produits biologiques peuvent rĂ©pondre Ă©galement Ă  ces attentes des consommateurs, au moins pour une partie d’entre elles, et, en particulier, les produits vendus en vente directe, mĂȘme s’ils ne sont pas biologiques, les produits fermiers, les produits des filiĂšres locales de viande notamment. 379Dans ce contexte, un dĂ©veloppement des marchĂ©s pour les produits biologiques suppose une diffĂ©renciation claire pour le consommateur. Le signe de qualitĂ© AB Ă©tant bien connu, dans un contexte de surabondance de logos, marques et signes de qualitĂ© officiels ou privĂ©s, son utilisation est pertinente chaque fois que possible et en particulier pour les circuits longs de commercialisation. Mais compte tenu de la situation actuelle du secteur de la production biologique ou agroĂ©cologique, la mise en place d’une rĂ©flexion avec des formes de certification plus souples, mais transparentes et rigoureuses, semble ĂȘtre une Ă©tape nĂ©cessaire. 380Il est certain que le marchĂ© des produits Bio existe en Martinique, les indicateurs recueillis sur le marchĂ© actuel le prouvent. Mais s’il s’agit de dĂ©velopper significativement la production, il faut souligner l’absence de donnĂ©es de marchĂ© il n’existe pas d’étude du marchĂ© des produits biologiques en Martinique susceptible d’orienter le dĂ©veloppement futur des filiĂšres. Il est nĂ©cessaire qu’un tel travail soit rĂ©alisĂ©. La question du prix se pose en particulier avec acuitĂ© et devrait ĂȘtre Ă©tudiĂ©e sensibilitĂ© au prix. En effet, le coĂ»t de la production biologique, souvent plus Ă©levĂ© que celui des produits traditionnels, la part importante du revenu dĂ©jĂ  consacrĂ© Ă  l’alimentation par les habitants, occasionnent des tensions dĂ©jĂ  observĂ©es par les producteurs sur les prix des produits. Il arrive que les produits biologiques ne soient pas commercialisĂ©s plus cher que les produits conventionnels Ă©quivalents. 381La plus grande part du potentiel de marchĂ© concerne la population locale de l’üle qui reprĂ©sente 90 % du marchĂ© alimentaire de la Martinique contre 10 % pour les touristes. 382Sous rĂ©serve de compatibilitĂ© entre coĂ»ts de production et prix de vente, Ă  vĂ©rifier Ă  la fois par des expĂ©rimentations techniques et une Ă©tude de marchĂ©, les produits le plus susceptibles de se dĂ©velopper sont d’abord les fruits et lĂ©gumes, traditionnels et cultures maraĂźchĂšres. 383Compte tenu des prix dĂ©jĂ  Ă©levĂ©s de la viande locale parce que les consommateurs l’apprĂ©cient beaucoup, des coĂ»ts Ă©levĂ©s d’importation d’alimentation animale biologique, le dĂ©veloppement des produits d’élevage biologique est Ă  privilĂ©gier dans une dynamique d’association avec la production vĂ©gĂ©tale polycultureÂŹĂ©levage. Les animaux sont alors Ă©levĂ©s pour leur apport en fertilisant et pour leur viande, mais leur valorisation comme produit Bio par un supplĂ©ment de prix risque d’ĂȘtre difficile. 384Les filiĂšres de vente directe marchĂ©s, vente Ă  la ferme
 sont celles qui permettent de conserver une plus grande part de valeur ajoutĂ©e au niveau du producteur, et elles sont donc Ă  privilĂ©gier pour les producteurs disposant de temps, ayant peu de produit Ă  commercialiser. Du point de vue du consommateur, l’organisation de marchĂ©s rĂ©guliers, avec une offre suffisamment large, est un facteur de fidĂ©lisation important et suppose des associations entre producteurs. Les producteurs dĂ©veloppent dĂ©jĂ  des marchĂ©s Bio sur ce modĂšle. 385Des niches de marchĂ© sont Ă©galement susceptibles de prĂ©senter des voies de dĂ©veloppement pour certaines exploitations. Dans une dĂ©marche de diagnostic de territoire et d’exploitation, ce sont des opportunitĂ©s Ă  prospecter par chaque exploitant ou groupe d’exploitants agrotourisme en association avec de l’agriculture biologique association avec des prestations culturelles de dĂ©couverte de l’environnement et des cultures, restauration Ă  la ferme, hĂ©bergement
 ; agriculture biologique associĂ©e Ă  un restaurant biologique, agriculture biologique associĂ©e Ă  une boutique de revente de produits biologiques, fourniture de produits biologiques Ă  certains opĂ©rateurs touristiques, Ă©ventuellement accompagnĂ©es de prestations culturelles animation de confĂ©rences ou soirĂ©es, dĂ©couverte de l’exploitation pour les hĂŽtels, croisiĂšres, fourniture de produits pour la sociĂ©tĂ© de catering de l’aĂ©roport
. DĂ©velopper la production et les marchĂ©s par le renforcement des dynamiques existantes 386Les contraintes techniques de la production agrobiologique limitent les quantitĂ©s produites et fixent, pour partie, les produits obtenus, indĂ©pendamment de la demande des consommateurs. La problĂ©matique du marchĂ© ne se pose pas seule, mais en association avec les contraintes de la production. Il s’agit Ă  la fois de produire ce qui se vend autant que possible et en mĂȘme temps de valoriser ce qui est produit pour des nĂ©cessitĂ©s techniques de production. Produire en agriculture biologique suppose le plus souvent une variĂ©tĂ© de produits production vĂ©gĂ©tale, alors que les consommateurs ont tendance Ă  prĂ©fĂ©rer certains produits particuliers achetĂ©s en grande quantitĂ© comme la triade tomates-salades-concombres. 387Par ailleurs, les marchĂ©s accessibles aux producteurs dĂ©pendent des performances de leur organisation pour la mise en marchĂ©. Dans ce contexte, la stratĂ©gie de dĂ©veloppement des marchĂ©s devrait se baser sur le renforcement des dynamiques existantes, prenant en compte dans le mĂȘme temps l’appui Ă  la production agricole et Ă  la mise en marchĂ© augmentation du nombre des producteurs, soutien technique aux producteurs intĂ©ressĂ©s par une conversion, recherche technique, appui Ă  la promotion des produits, organisation de foires, appui Ă  des formes de certification adaptĂ©es
. Politique publique et soutien au dĂ©veloppement du marchĂ© local 388Les forces du marchĂ©, Ă  elles seules, ne donnent pas les moyens Ă  l’agriculture biologique d’offrir la totalitĂ© de son potentiel au service de l’environnement et de la sociĂ©tĂ© voir Lampkin, chapitre Une politique publique de soutien au dĂ©veloppement est nĂ©cessaire. 389Le soutien aux marchĂ©s dans le cadre de commandes publiques, notamment pour la restauration collective scolaire, est dĂ©jĂ  en place dans de nombreuses villes europĂ©ennes et françaises, et a fait la preuve de son efficacitĂ© au service du dĂ©veloppement de la production agricole biologique. Elle pourrait ĂȘtre mise en Ɠuvre progressivement en Martinique, et concerner les produits en AB, en AE, mais aussi les produits locaux, fermiers, dans une perspective de dĂ©veloppement territorial. 390Une initiative publique forte sur le dĂ©veloppement de la canne Ă  sucre biologique et/ou agroĂ©cologique pourrait avoir un intĂ©rĂȘt majeur. Culture pivot des rotations voir chapitres 4 et 5, une culture de canne Ă  sucre biologique est aussi une trĂšs bonne source d’intrants Bio. La transformation de la canne en sucre par la sucrerie du Galion bĂ©nĂ©ficie dĂ©jĂ  de subventions, et l’initiative publique sur l’outil de transformation est envisageable. Par ailleurs, le sucre est un produit emblĂ©matique, porteur d’une partie de l’histoire de la Martinique et de son patrimoine culturel. C’est enfin, avec le punch, un produit bien visible pour les touristes, susceptible d’ĂȘtre un vecteur pertinent d’une communication renouvelĂ©e, portant sur le caractĂšre Ă©cologique » du dĂ©veloppement Ă  la Martinique. Pour ces raisons, tant l’éventualitĂ© de la conversion de la sole canniĂšre de la sucrerie du Galion en production agrobiologique et la conversion de la sucrerie sont Ă  envisager. La premiĂšre Ă©tape consisterait Ă  rĂ©aliser Ă  ce sujet une Ă©tude de faisabilitĂ© technico-Ă©conomique. CALENDRIER QUELS SONT LES FRUITS ET LÉGUMES DE PRINTEMPS ? SĂ©lectionnez un mois du printemps et dĂ©couvrez les fruits et lĂ©gumes de saison produits en France ! MANGER DE SAISON C’EST AUSSI MANGER DE BONS NUTRIMENTS À FAIBLE CALORIE ! Quels sont les fruits et lĂ©gumes du printemps ? Le printemps fait son retour pour notre plus grand bonheur ! Et qui dit nouvelle saison, dit nouveaux fruits et lĂ©gumes. Des nouvelles couleurs et des odeurs fraĂźches envahissent les Ă©tals des marchĂ©s. Vous y trouverez une grande variĂ©tĂ© de fruits et de lĂ©gumes qui vous apporteront de nombreux bienfaits. Le printemps, c’est la saison idĂ©ale pour reprendre de bonnes habitudes alimentaires et ainsi de rééquilibrer sa balance Ă©nergĂ©tique ! Plus d'information ... La transition va s’opĂ©rer doucement entre l’hiver et le printemps qui arrive le 20 du mois. Il faudra encore patienter un peu pour les fruits de printemps. CĂŽtĂ© lĂ©gumes, les asperges, les Ă©pinards ainsi que les radis feront leur apparition fin mars voire dĂ©but avril. Vous l’aurez compris les fruits et lĂ©gumes de saison sont encore d’hiver ! Mais profitez-en car ils sont gorgĂ©s de vitamines et de minĂ©raux. Ils sont aussi hypocaloriques ! 
 Voir tous les fruits et lĂ©gumes de mars ! Plus d'information ... Au mois d’avril, le ciel s’éclaircit et la lumiĂšre qui nous manquait cruellement cet hiver rayonne Ă  nouveau. Les jours sont longs et les vĂ©gĂ©taux en profitent pour donner de nouvelles couleurs Ă  nos assiettes. On apprĂ©ciera notamment les radis hyper vitaminĂ©s, les asperges mais aussi les pommes de terre nouvelles. CĂŽtĂ© fruits, on profite des pamplemousses, citrons et pommes pour se prĂ©parer des bons jus de fruits vitaminĂ©s, ainsi que de la rhubarbe pour Ă©laborer de dĂ©licieuses tartes
 Voir tous les fruits et lĂ©gumes d’avril ! Plus d'information ... La chaleur nous fait changer de garde-robe avec pour certaines, une envie pressante de voir disparaĂźtre les petits kilos d’hiver ! Cela tombe bien car le mois de mai, nous offre un vaste choix de fruits et lĂ©gumes, qui seront de vrais alliĂ©s minceur pour ĂȘtre au top en maillot dĂšs que l’étĂ© pointera son nez ! Au mois de mai, les lĂ©gumes nouveaux » sortent de terre et la fraise fait son apparition sur les Ă©tals pour le plus grand bonheur de nos papilles gustatives ! 
 Voir tous les fruits et lĂ©gumes de mai ! LES SAISONS & PÉRIODES DE RÉCOLTE OU DE CONSERVATION AUTOMNE, HIVER, PRINTEMPS ET ÉTÉ ! Auteur DerniĂšre mise Ă  jour de la page 26-01-2022

calendrier des fruits et légumes en martinique